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Gouvernement suisse: nouveau test pour la formule magique

C'est de ces urnes que sortiront les noms des ministres le 12 décembre prochain. Keystone

Les élections fédérales d'octobre pourraient créer de nouveaux équilibres au Parlement. Le déplacement des forces entre les quatre principaux partis relancerait la discussion sur la répartition des sept sièges gouvernementaux.

La nouvelle menace à la formule magique vient également des Verts qui, pour la première fois, pourraient dépasser la barre des 10% d’électeurs.

En 2003, après de grands débats, le Parlement avait modifié la «formule magique» qui réglait depuis 1959 la répartition des sept sièges gouvernementaux entre les quatre principaux partis politiques du pays.

Grâce au succès enregistré lors des élections fédérales d’il y a quatre ans, l’Union démocratique du centre (UDC / droite nationaliste) avait réussi à obtenir un second siège à l’exécutif au détriment du Parti démocrate-chrétien (PDC / centre-droit).

Actuellement, l’UDC, le Parti radical-démocratique (PRD / droite) et le Parti socialiste disposent donc de deux sièges chacun, alors que le PDC n’est plus représenté que par un seul ministre.

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Formule magique

Ce contenu a été publié sur La formule magique répartit les sept sièges gouvernementaux entre les quatre principaux partis politique du pays d’après leur force électorale. La formule magique est un usage; elle ne repose donc sur aucune loi. Utilisée pour la première fois en 1959, elle accordait deux sièges au Parti socialiste, deux au Parti radical (PRD / droite), deux…

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Possible déplacement des forces

Les élections fédérales du 21 octobre pourraient à nouveau changer les équilibres au Parlement, ce qui relancerait les discussions sur une autre modification de la composition du gouvernement. En décembre, durant la session d’hiver, les parlementaires sont en effet appelés à réélire les membres de l’exécutif pour la prochaine législature.

Selon les derniers sondages, l’UDC et le PS devraient se maintenir respectivement au 1er et au 2e rang des principaux partis. Les jeux semblent en revanche plus ouverts en ce qui concerne les deux autres partis gouvernementaux.

Le PDC pourrait relever légèrement l’échine et dépasser le PRD qui figure actuellement en 3e position. Dans un tel cas, les démocrates-chrétiens auraient la possibilité de retrouver leur second siège aux dépends des radicaux.

Les Verts en embuscade

Pour la première fois, une cinquième force politique pourrait brouiller les cartes. Les sondages annoncent en effet que le Parti écologique suisse (les Verts) pourrait dépasser la limite symbolique des 10% d’électeurs en octobre prochain.

D’un point de vue purement arithmétique, les Verts auraient ainsi pratiquement droit à un siège gouvernemental. Il suffit en effet de se rappeler qu’avec seulement 16% des électeurs, le PRD en détient actuellement deux.

«Le scénario de changement de plus probable est justement d’un point de vue arithmétique: les Verts pourraient ravir cet automne un siège gouvernemental aux radicaux», déclare Claude Longchamp, politologue et directeur de l’Institut gfs.bern.

Le PDC sur la balance

Un tel changement renforcerait la composante rose-verte au gouvernement et affaiblirait donc le bloc de droite formé par l’UDC et le PRD.

«Avec ce scénario, la scène politique suisse deviendrait plus intéressante, déclare Claude Longchamp. Le PDC se retrouverait entre les deux blocs qui comptent chacun 3 ministres. L’unique représentant démocrate-chrétien pourrait assumer le rôle de poids sur la balance pour chaque décision gouvernementale.»

Les Verts ont d’ores et déjà annoncé être disposés à assumer un mandat au gouvernement, mais seulement à condition que le ministre de la Justice et Police Christoph Blocher, le chef charismatique de l’UDC, soit évincé du gouvernement. Avec une telle demande, les chances des Verts d’entrer à l’exécutif sont donc proche de zéro.

«Leur demande est tellement illusoire qu’elle peut être interprétée en ce sens: en réalité, les Verts ne veulent pas entrer au gouvernement», juge Claude Longchamp.

Déficit de concordance

Cet avis est catégoriquement rejeté par la députée Ruth Genner. «Ce n’est absolument pas vrai, déclare la présidente des Verts. Mais nous ne pouvons pas entrer dans un système de concordance tel que le gouvernement, alors qu’il ne suit en réalité pas une politique de concordance.»

A son avis, sur les questions fondamentales, les différents membres du gouvernement suisse ont actuellement des positions contraires, pratiquement inconciliables.

Pour Ruth Genner, son parti est «mûr» pour le gouvernement. «Toutefois, nous ne pouvons pas encore dire quand nous franchirons le pas», dit-elle. Par ailleurs, pour l’heure, l’objectif prioritaire des Verts reste de conquérir un premier siège à la Chambre haute du Parlement.

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Concordance

Ce contenu a été publié sur Par concordance, on entend la recherche continuelle d’un équilibre ou d’un compromis entre les partis ainsi qu’entre les différentes communautés culturelles, linguistiques, sociales et politiques qui composent la Suisse. L’un des aspects les plus visibles de ce système de concordance est la répartition des sept sièges du gouvernement proportionnellement à la force électorale des partis…

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Nouvelle chancelière

Pour Claude Longchamp, la composition de l’exécutif fédéral ne subira probablement pas de nouveaux changements. «Je ne serais pas surpris si, en fin de comptes, les sièges restaient occupés par les mêmes partis et les mêmes personnes, prévoit-il. Mais le PDC pourrait ressortir renforcé des ces élections fédérales s’il réussissait à obtenir le poste de chancelier de la Confédération.»

Or cette hypothèse est hautement probable. L’actuelle chancelière Annemarie Huber-Hotz (PRD) a donné sa démission pour la fin de l’année. Parmi les papables, il y a surtout la Grisonne Corina Casanova qui milite dans les rangs du PDC.

swissinfo, Christian Raaflaub
(Traduction de l’allemand: Olivier Pauchard)

Tous les quatre ans, après les élections fédérales, les deux Chambres du Parlement élisent les membres du gouvernement pour la nouvelle législature. Le renouvellement intégral du gouvernement est prévu pour le 12 décembre 2007.

En Suisse, il n’existe pas de poste de Premier ministre. L’exécutif est formé de sept ministres qui gouvernent le pays sur le principe de la concordance.

Les sièges gouvernementaux sont attribués aux principaux partis politiques du pays en tenant compte de leur force électorale respective. La répartition se fait également en fonction de l’appartenance linguistique.

Deux UDC: Samuel Schmid (défense et sport) et Christoph Blocher (justice et police)
Deux socialistes: Moritz Leuenberger (énergie, transports et communications) et Micheline Calmy-Rey (affaires étrangères)
Deux radicaux: Pascal Couchepin (intérieur) et Rudolf Merz (finances)
Un PDC: Doris Leuthard (économie)

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