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L’affaire Cuomo éclabousse le Tessin

Carla Del Ponte. Keystone

Carla Del Ponte a livré en 1996 à l'Italie des enregistrements de conversations du trafiquant de cigarettes Gerardo Cuomo. La Tessinoise, aujourd'hui procureure du TPI à La Haye, était alors à la tête du Ministère public de la Confédération.

La Suisse a remis onze cassettes, a indiqué dimanche le Département fédéral de justice et police confirmant un article de la «SonntagsZeitung». Carla Del Ponte l’a fait en précisant que seules les informations tombant sous le coup de l’entraide judiciaire devaient être utilisées.

De fait, l’affaire Cuomo secoue le Tessin au point que l’on parle déjà d’un véritable «ticinogate». Deux hauts magistrats du canton, le procureur général et le président du tribunal pénal, ont renoncé provisoirement à leurs fonctions la semaine dernière. Ils sont sous enquête pour infractions aux devoirs de fonctions.

Ces dernières semaines, l’hebdomadaire dominical «Il Caffè» avait commencé à poser des questions embarrassantes: comment le roi de la cigarette Gerardo Cuomo, arrêté le 10 mai dernier dans une clinique zurichoise après une longue enquête de la police fédérale, avait-il pu s’établir au Tessin il y a une dizaine d’années, alors qu’il avait été condamné en Italie pour trafic de cigarettes?

Jusqu’ici, la justice italienne ne pouvait rien entreprendre en Suisse, car, le trafic de cigarettes constituant un délit exclusivement lié au fisc, il n’existe aucune aide juridique internationale. Mais il semble que le trafic de cigarettes se soit élargi à d’autres activités nettement plus dangereuses. C’est alors que, apparemment, la police fédérale a entrepris de collaborer.

De son côté, le «SonntagsBlick» a également mené ses investigations: «Au Tessin, les juges ne sont pas les seuls à trembler. Parmi les importants amis suisses du chef de la contrebande comptent des avocats, des banquiers, des agents de change et des gens haut placés dans l’administration.»

Après avoir tenté d’étouffer l’affaire, les médias et les autorités tessinoises ont donc entrepris de faire le ménage. Il s’agit d’abord d’expliquer comment Cuomo, interdit de séjour chez lui, a pu obtenir un permis d’établissement. Mais d’autres questions se posent, et, mardi prochain, le conseil fédéral devra répondre à une interpellation parlementaire sur le sujet.

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