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L’exception tessinoise

Patrizia Pesenti juge la décision de ses collègues comme intimidatoire et très violente. Keystone

La mise à l’écart de la socialiste Patrizia Pesenti par ses 4 collègues du gouvernement tessinois provoque des réactions contrastées.

La décision de retirer une partie de ses tâches à la ministre des affaires sociales crée un climat irrespirable.

La décision de la majorité de droite du gouvernement du canton du Tessin de retirer à leur collègue socialiste la conduite de tâches importantes de son département de la santé et des affaires sociale suscite des réactions très contrastées.

Le Parti socialiste (PS) a été le premier à monter aux barricades, condamnant un «coup de force inadmissible contre une ministre qui défend les budgets sociaux».

«La majorité bourgeoise du Conseil d’Etat tessinois montre qu’elle est prête à bafouer la démocratie pour faire passer par la force des réductions brutales de prestations vitales pour la population», ajoute le deuxième parti politique de Suisse.

Celui-ci estime encore que le fait que Patrizia Pesenti ait refusé d’approuver les restrictions budgétaires grevant son département n’est qu’une excuse de la droite pour «démanteler l’Etat social».

Rejet brutal

Le ton est différent chez les présidents des autres partis membres du gouvernement de la Suisse italienne. Radicaux, démocrates-chrétiens ou Lega, ils interprètent la décision comme un signal de la part du gouvernement qu’il ne tolérera aucune obstruction à son travail.

De son côté, selon qu’elle soit de droite ou de gauche, la presse tessinoise du week-end se montre très contrastée dans ses commentaires, comme il fallait s’y attendre.

En Suisse romande, «trop surpris par cette exception tessinoise» à l’italienne, Le Temps s’étonne: «Jamais un magistrat n’a été exposé à un rejet aussi brutal pour avoir exprimé sa différence politique».

Et le quotidien regrette que, justement «dans ce canton bousculé par tant d’affaires politico-financières», son Conseil d’Etat, jusqu’ici «resté au-dessus de cette mêlée» s’emporter tout soudain alors qu’il aurait «supporté sans dommages une rupture de collégialité».

La lutte va se durcir partout

De son côté, à Zurich, le Tages Anzeiger lance cet avertissement à tout le pays: «La bagarre pour se répartir de l’argent qui rentre de plus en plus mal dans les caisses va se durcir un peu partout».

La Neue Zürcher Zeitung juge que la décision des magistrats tessinois est en contradiction avec les droits des électeurs, lesquels ont élu les membres du gouvernement pour qu’ils gèrent un porte-feuille «complet» et non amputé.

Le quotidien zurichois conservateur estime encore que cette affaire est bien malencontreuse à la veille des élections fédérales.

Enfin à Berne comme à Bâle, le Bund et la Basler Zeitung taxent le gouvernement tessinois d’arrogance politique.

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