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La criminalité économique concerne surtout les managers

Les managers sont attirés par l'argent facile. Ex-press

Plus d'un tiers des entreprises suisses sont concernées par la criminalité économique, constate dans une étude le cabinet de conseil PriceWaterhouseCoopers.

Selon cette étude – la quatrième du genre -, entre 2005 et 2007, près de la moitié des fraudes consistaient en des détournements de biens et elles ont été commises par des cadres. Les mobiles principaux du passage à l’acte sont la cupidité et le désir de mener grand train.

«Depuis la dernière enquête (2003-2005), le nombre de délits n’a malheureusement pas diminué, en dépit des améliorations en matière de procédures de contrôle et de surveillance», a relevé mardi à Zurich John Wilkinson, associé chez PriceWaterhouseCoopers (PwC).

Ce dernier a confirmé sa surprise à swissinfo. Mais pour lui, «Il y a un paradoxe concernant les contrôles car plus vous contrôlez et plus vous trouvez de cas.»

Il n’en reste pas moins que les entreprises suisses gèrent ces délits beaucoup plus ouvertement qu’auparavant. Dans le cadre de son étude «Economic Crime Survey 2007», le cabinet de conseil a interrogé des responsables de 5400 entreprises, dont 84 en Suisse.

Détournements et contrefaçons

Parmi les principaux délits rapportés figurent le détournement de biens dans 22% des cas, la contrefaçons dans 15% des cas, le blanchiment d’argent (8%), la corruption (5%) et la falsification de biens (4%).

En ce qui concerne le niveau hiérarchique des criminels en col blanc en Suisse, il s’agit dans 50% des cas de cadres supérieurs. Selon PwC, les dirigeants sont en effet mieux placés pour user de leur autorité et contourner les contrôles destinés à se prémunir de la fraude. PwC recommande donc aux conseils d’administration d’examiner de manière plus approfondie les activités des dirigeants.

De manière «surprenante», l’étude a aussi révélé que les employés intérimaires représentent 27% des criminels en cols blancs. Ce groupe passe souvent inaperçu, car ces collaborateurs ne sont pas directement intégrés dans les affaires quotidiennes. De plus, ils ont souvent quitté l’entreprise depuis longtemps lorsque le délit est découvert, indique PwC.

«En huit ans de recherches, nous avons pu remarquer que la meilleure manière de détecter, et donc de prévenir les fraudes, est de bénéficier d’un système qui permet à des personnes de rapporter les cas où les soupçons sont confirmés tout en leur garantissant la sécurité de leur emploi», estime d’ailleurs John Wilkinson.

Des mobiles divers

Parmi les mobiles figurent très souvent la cupidité, les motivations financières, le désir de mener grand train. Parfois, le passage à l’acte peut être motivé par une faible résistance à la tentation, la frustration et la déception au travail.

Selon l’étude, une grande partie des auteurs n’ont d’ailleurs pas conscience d’avoir commis un délit.

De ce fait, les entreprises doivent faire œuvre de prévention en édictant des directives éthiques et un code de comportement strict. L’existence d’une culture d’entreprise pleinement vécue par la direction représente le moyen de lutte le plus efficace.

La découverte de fraudes n’entraîne souvent aucune sanction juridique pour leurs auteurs. Un tel comportement s’explique notamment par le fait que les entreprises veulent éviter une mauvaise publicité ou qu’elles redoutent des frais importants.

La plupart du temps, les compagnies affichent une plus grande retenue en termes de sanctions avec leurs cadres qu’avec d’autres employés. Les premiers sont plus difficiles à remplacer que les seconds.

Les entreprises ne savent pas tout

En Europe occidentale, la part des compagnies victimes de délits économiques est passé de 42 à 38% en deux ans et de 45 à 42% sur l’ensemble de la planète. Mais «les entreprises ne nous ont pas tout dit et ne savent pas tout», a nuancé M. Wilkinson.

Côté dommages, les firmes d’Europe de l’Ouest cibles d’actes frauduleux ont perdu en moyenne 2,7 millions de francs.

Un montant dépassant de 200’000 francs celui rapporté au niveau global. A cela s’ajoutent des dommages collatéraux, tels que les effets sur la réputation, la perception de la marque et la motivation des employés.

swissinfo et les agences

Le profil des fraudeurs en Suisse (en %):

Propriétaires, CEO et directeurs: 14%
Direction étendue: 36%
Aides et employés intérimaires: 27%
Autres collaborateurs: 23%

PricewaterhouseCoopers (PwC) – active dans plus de 150 pays dans le secteur du conseil d’entreprise et de révision comptable – a réalisé pour la quatrième fois une étude sur le thème de la criminalité économique.

Pour son enquête, le cabinet de conseils a interrogé 5400 entreprises dans le monde dont 84 en Suisse.

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