Le chef de l’ONU « très inquiet » de la crise avec la Corée du Nord

(Keystone-ATS) La crise avec la Corée du Nord, qui multiplie les essais nucléaires et de missiles balistiques, est « la plus grave que nous ayons eu à traiter depuis des années », estime le secrétaire général de l’ONU António Guterres. Il se dit « très inquiet ».
« La question centrale est bien sûr d’obtenir de la Corée du Nord qu’elle arrête son programme nucléaire et balistique et qu’elle respecte les résolutions votées par le Conseil de sécurité », déclare M. Guterres dans une interview au Journal du dimanche (JDD) à paraître le 10 septembre.
« Mais il faut aussi garder à tout prix l’unité du Conseil de sécurité, car il s’agit du seul instrument qui puisse conduire à une initiative diplomatique avec des chances de succès ».
Réunion lundi
« Nous avions eu jusqu’à présent des guerres qui se sont déclenchées au terme d’une décision mûrement réfléchie », a-t-il ajouté. « Mais nous savons aussi que d’autres conflits ont démarré par une escalade provoquée par des somnambules. Il faut espérer que la gravité de ce qui nous menace nous amène à la voie de la raison avant qu’il ne soit trop tard ».
Les Etats-Unis ont demandé la réunion lundi du Conseil de sécurité afin de proposer au vote une résolution imposant des sanctions supplémentaires à la Corée du Nord.
Le régime nord-coréen a mené il y a une semaine son sixième essai nucléaire. Il a déclaré qu’il s’agissait d’une bombe à hydrogène ou bombe H miniaturisée, apte à être placée sur un missile balistique intercontinental (ICBM). En juillet, il a aussi effectué deux tirs d’ICBM. Ces activités nucléaires et balistiques contreviennent aux résolutions de l’ONU, qui a déjà infligé sept trains de sanctions à Pyongyang.
Sanctions contournées
Or plus les sanctions internationales sont imposées à la Corée du Nord pour lui faire arrêter ses programmes d’armement nucléaire et conventionnel et plus Pyongyang tenterait de les contourner, affirme un rapport d’experts de l’ONU publié ce week-end.
La période d’étude s’étend de février à août. Au cours de celle-ci, « la Corée du Nord a fait des progrès significatifs en matière d’armes de destruction massive en dépit du régime le plus complet de sanctions ciblées jamais réalisé dans l’histoire des Nations unies », note le document. Et ce rapport a été finalisé avant le tir de missile à moyenne portée au-dessus du Japon à la mi-août et l’essai nucléaire de début septembre.
« La Corée du Nord continue de violer les sanctions financières avec des agents à l’étranger qui procèdent à des transactions financières au nom d’entités nationales », précisé le document. Des enquêtes sont en cours sur plusieurs dossiers impliquant la Syrie et des pays africains, ajoutent les experts.
En contradiction avec les résolutions de l’ONU, Pyongyang continue également d’exporter pratiquement tous les produits visés par les résolutions de l’ONU, ce qui lui a rapporté au moins 270 millions de dollars sur la période étudiée, toujours selon ce rapport.
Après des mesures prises en 2017 par la Chine pour interrompre des importations de charbon, Pyongyang a réexpédié des cargaisons vers d’autres Etats membres de l’ONU, incluant la Malaisie et le Vietnam et utilisé d’autres pays tiers pour d’autres livraisons, affirme aussi le document.