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Le CSP demande un élargissement de l’aide sociale

Selon le CSP, la crise du coronavirus a montré qu'il fallait revoir le système social en Suisse (archives). KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) La crise du coronavirus a mis en lumière plusieurs lacunes dans le système social suisse, estime le Centre social protestant (CSP). Il propose diverses mesures pour y remédier.

Il faudrait d’abord “élargir le socle de l’aide sociale”, a expliqué mardi Alain Bolle, directeur du CSP Genève, lors d’une conférence de presse à Lausanne réunissant les trois autres CSP romands (Vaud, Neuchâtel, Berne-Jura).

Pour le responsable, l’aide sociale devrait aussi protéger des personnes qui ne figurent pas parmi les ayants droit. Il a notamment mentionné les étrangers (permis B de moins d’une année, permis L ou étudiants) qui, de peur que leurs titres de séjour soient remis en cause, n’ont pas osé solliciter l’aide sociale durant la crise.

Des ménages suisses sont également restés “sur le bord du chemin”, a relevé M. Bolle. En particulier ceux qui, malgré une perte de revenu, n’étaient pas éligibles car leur revenu restait supérieur au minimum vital selon les normes de la Conférence suisse des institutions d’action sociale.

Filet humanitaire

Outre un accès élargi à l’aide sociale, M. Bolle a plaidé pour la mise en place d’un filet humanitaire, d’un véritable accès à la charité publique. “Si des institutions privées comme le CSP, Caritas ou la Croix-Rouge n’avaient pas été là, des personnes se seraient retrouvées dans un dénuement total. Ce n’est pas admissible dans un pays comme la Suisse”, a-t-il affirmé.

Une meilleure coordination avec les autorités communales et cantonales a aussi été demandée. Le CSP soutient également la création de bureaux ou guichets d’informations, afin d’aider les personnes à connaître et comprendre les offres sociales.

“Effet retard”

En 2020, les quatre CSP romands ont récolté et redistribué plus de deux millions de francs. La crise a fait “réapparaître une pauvreté absolue”, a remarqué Caroline Regamey, chargée de politique et action sociales au CSP Vaud. Elle a notamment fait mention des personnes sans-papiers, “normalement invisibles” et qui se sont retrouvées dans des “situations dramatiques” sans même pouvoir se nourrir.

Le CSP craint désormais “l’effet retard” pour les personnes qui, jusqu’ici, ont tenu le choc en ajournant leurs factures ou en empruntant. “Nous nous attendons à de nombreuses situations de surendettement”, a prévenu Mme Regamey.

Le CSP met aussi en garde contre des fossés qui se creusent en matière d’inégalités, les ménages les plus modestes ayant subi des pertes de revenus plus importantes que les ménages aisés.

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