Le sort de la Fondation Suisse solidaire en jeu
Le prochain épisode de la difficile gestation de la Fondation Suisse solidaire se joue lundi au Conseil des Etats.
La Chambre des cantons doit se pencher lundi sur la dernière divergence concernant l'attribution de l'or excédentaire de la Banque nationale suisse (BNS).
A deux reprises, elle s'est exprimée pour une répartition entre cantons (2/3) et Confédération (1/3). Alors que le Conseil national voudrait qu'au bout de 30 ans, la manne soit distribuée à parts égales entre Confédération, cantons et AVS.
Mais les politiciens sont visiblement toujours plus nombreux à douter que la fondation ait une chance de passer la rampe devant le peuple le 22 septembre comme contre-projet à l'initiative sur l'or de l'UDC, qui prévoit que le pactole aille entièrement à l'AVS.
La conseillère aux Etats radicale Vreni Spoerry pense que ce sentiment a pu être renforcé parce que le oui à l'ONU a été acquis de justesse.
Revirement radical
Mardi dernier, le groupe radical aux Chambres fédérales a décidé d'une courte tête de retirer son soutien à la Fondation Suisse solidaire.
Une petite majorité a estimé que l'initiative de l'UDC serait combattue plus efficacement sans contre-projet, avait expliqué la présidente du groupe Christine Beerli, qui à titre personnel continue de soutenir l'idée de la fondation.
Le président du Parti radical Gerold Bührer a souligné à la radio que le rejet de l'initiative de l'UDC constituait une priorité pour le PRD.
Un peu plus d'une année avant les élections fédérales, certains radicaux craindraient qu'un rejet populaire de la fondation offre une victoire aux isolationnistes.
Après l'affaire Swissair et le nouveau crédit pour l'Expo, M. Bührer estime en outre que la sensibilité politico-financière n'est plus la même qu'au moment de la naissance de l'idée de fondation, en mars 1997.
Le revirement radical a en particulier déçu son conseiller fédéral Kaspar Villiger.
PDC attendu
Les regards sont désormais tournés vers le PDC. Le groupe parlementaire éclaircira mardi sa position sur la fondation.
Dans les rangs de ce parti, qui voulait enterrer l'idée il y a déjà deux ans, le soutien semble s'effriter, comme le confiait dernièrement le conseiller national Meinrado Robbiani au Temps.
En principe, socialistes et Verts soutiennent la fondation et rejettent l'initiative sur l'or. Mais tout n'est pas si simple.
Il existe dans les milieux syndicaux des sympathies pour l'initiative sur l'or, ont reconnu la conseillère nationale socialiste Regine Aeppli et son collègue Paul Rechsteiner.
Ces milieux sont tentés par un double oui aux votations du 22 septembre: oui à l'initiative de l'UDC et oui au contre-projet de Fondation Suisse solidaire.
Cela même si une majorité des parlementaires socialistes craignent qu'une telle position affaiblisse les chances de la fondation.
Manoeuvres
M. Villiger et d'autres ont également critiqué les manoeuvres tactiques de certains politiciens qui souhaitent enterrer la fondation en douce au Parlement.
Le projet passerait en effet à la trappe si le Conseil des Etats et le Conseil national ne se mettaient pas d'accord sur la dernière divergence et s'ils ne se ralliaient pas à la proposition d'une éventuelle conférence de conciliation.
Cette tactique permettrait d'éviter de rejeter ouvertement le projet lors des votations finales des Chambres fédérales le 22 mars. Mais aussi l'écho international négatif qu'une telle décision susciterait, le jour même où la commission Bergier publiera son rapport final.
Le Conseil fédéral n'a pas caché vendredi qu'il se faisait du souci que la fondation puisse échouer en votations finale au Parlement. Il a répété qu'il faisait toujours bloc derrière la Fondation Suisse solidaire.
Pour les sept sages, la fondation est une idée généreuse et tournée vers l'avenir, dont le rayonnement dépasse les frontières du pays.
(tsr.ch avec les agences)

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