Des perspectives suisses en 10 langues

Les jeunes étrangers restent des étrangers

Pas facile de devenir suisse, même lorsqu'on y a grandi. Keystone

Les deux projets de naturalisation facilitée pour les étrangers de 2e et 3e générations ont été rejetés en votation dimanche.

L’initiative sur la poste a, elle aussi, échoué. Seule l’assurance maternité a passé la rampe. Les résultats indiquent un clivage net entre Alémaniques et Romands.

Christoph Blocher n’entend pas remettre l’ouvrage sur le métier après le rejet des deux projets sur la naturalisation. «Le gouvernement doit respecter la décision du souverain, a-t-il dit devant la presse. Il n’y a rien à ajouter.»

Interrogé sur l’impact de son attitude durant la campagne, le ministre UDC (droite dure) en charge de la justice et de la police a estimé une nouvelle fois avoir agi correctement et en avoir fait assez.

Par ailleurs, la satisfaction est «totale» du côté de Pascal Couchepin, après l’acceptation du congé maternité. Qui pourrait entrer en vigueur en juillet 2005.

Le ministre de l’intérieur a notamment souligné la progression de 15 % du oui par rapport au projet rejeté en 1999.

Double non

Pour la deuxième fois en dix ans, la Suisse refuse donc de faciliter la naturalisation pour les jeunes étrangers. 56,78% des votants s’opposent à la simplification pour la 2e génération et 51,64% à l’octroi automatique à la 3e génération.

Le 12 juin 1994, un projet analogue avait été balayé par quinze cantons, alors que plus de 52% du peuple l’avait soutenu.

Entre-temps, quatorze cantons ont introduit des procédures simplifiées pour la deuxième génération. Mais cela n’a pas empêché certains d’entre eux, comme Glaris, Argovie ou Berne, de refuser dimanche le projet fédéral.

Fossé linguistique



Comme il y a dix ans, la carte cantonale des résultats fait nettement apparaître la barrière de röstis, Bâle-Ville est le seul canton alémanique à accepter la naturalisation facilitée. L’opposition la plus forte s’est concentrée en Suisse centrale et orientale.

Parmi les cantons romands, le Valais vote néanmoins contre la procédure simplifiée pour la deuxième génération d’étrangers. Mais le résultat laisse là aussi apparaître le fossé, puisque le partie romande du canton refuse à 55%, contre 71% pour la partie alémanique.

A l’autre bout de l’échelle, les Genevois ont été 67,8% à glisser un oui dans l’urne et les Vaudois 67,4%. Neuchâtel accepte l’objet par 64,8% des voix et le Jura par 54, %. Les Fribourgeois n’ont soutenu l’idée que du bout des lèvres, à 50,6%.

La 3e génération

L’octroi automatique de la nationalité suisse à la naissance pour les enfants de la troisième génération obtient un meilleur accueil, mais ne passe pas la rampe pour autant.

Ici, les champions du non sont été les Glaronais (70,5 %), suivis des Schwytzois (70,3%) et des Appenzellois des Rhodes-intérieures (69,9%).

Les Vaudois remportent la palme des citoyens les plus favorables à l’idée, avec 72,4% de oui. Neuchâtel et Genève viennent ensuite avec 71,4% et 70,9% d’avis positifs.

Dans le Jura, le taux d’avis favorables s’inscrit à 62,4%, alors qu’il atteint 58,5% à Fribourg. Berne est le seul canton à avoir voté de manière différenciée: refus de la facilitation et acceptation de la naturalisation automatique.

Maternité: 60 ans après

La quatrième tentative a été la bonne: les Suisses acceptent enfin d’instaurer un congé maternité payé. Le modèle proposé, portant sur 14 semaines et financé par la caisse des Allocations pour perte de gain, reçoit 55,44% d’avis favorables.

La promesse, inscrite dans la constitution fédérale depuis 1945, est donc désormais concrétisée, après l’échec des projets votés en 19884, 1987 et 1999.

Contrairement à la dernière fois, la Suisse latine ne se retrouve pas seule dans le camps du oui. Les deux Bâle, Berne et Zurich l’y rejoignent.

La réglementation adoptée dimanche permettra aux femmes exerçant une activité lucrative comme salariées ou indépendantes de recevoir 80% de leur revenu pendant les 14 semaines suivant la naissance de leur enfant.

Quant aux opposants à la refonte de La Poste ils perdent la bataille de très peu. L’initiative populaire «Services postaux pour tous» est refusée par 50,23% des votants.

C’est la Suisse romande, les régions périphériques (Grisons, Uri et Tessin) et Bâle-Ville qui lui réservent le meilleur accueil.

Participation inhabituelle

Ces votations ont mobilisé un peu plus de la moitié des électeurs, soit 52,9%.

Le 16 mai déjà, la participation avait été de 50,3% le 16 mai. En règle générale, elle tourne autour des 45% à l’échelle nationale. Le record de ces dernières années reste la votation du 18 mai 2003 sur l’adhésion de la Suisse à l’ONU, avec une participation de 58%.

swissinfo et les agences

Naturalisation facilitée pour les étrangers de la 2e génération: 56,78% de non.
Acquisition automatiques de la nationalité suisse pour les étrangers de la 3e génération: 51,64% de non.
Congé maternité: 55,44% de oui.
Initiative «Services postaux pour tous»: 50,23% de non.
Participation: 52,9%.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision