
Nancy: procès d’un ancien PDG du fabricant de jouets Smoby
(Keystone-ATS) Un ancien PDG du fabricant de jouets Smoby, Jean-Christophe Breuil, est jugé depuis lundi à Nancy avec six autres personnes pour abus de biens sociaux et blanchiment en bande organisée. Le montant de la malversation est évalué à près de 10 millions d’euros (10,8 millions de francs).
Petit-fils du fondateur de la marque, Jean-Christophe Breuil, 49 ans, qui vit désormais à Hong-Kong, s’est présenté comme un « agent commercial » et s’est engagé à répondre aux questions du tribunal correctionnel de la Juridiction interrégionale (Jirs) de Nancy.
Il lui est reproché en tout 16 infractions dont « abus des biens ou du crédit d’une société par actions d’un dirigeant à des fins personnelles », « recel de biens provenant d’un délit », « blanchiment aggravé » et « usage de faux en écriture », commises de 1999 à 2008 entre Lavans-les-Saint-Claude (Jura), siège du groupe, la Suisse et Hong-Kong.
L’enquête de la Jirs avait débuté en 2007, quelques mois après la diffusion d’un tract syndical dénonçant des surfacturations de 6% au profit d’une société basée à Hong-Kong et liée à la famille Breuil.
Vaste campagne d’acquisition
Jean-Christophe Breuil, tout juste diplômé d’une école de commerce et âgé de 25 ans, a rejoint la marque de jouets, « une entreprise à l’esprit très familial, paternaliste, jurassien dans le bon sens du terme » en 1995 après le décès de son père, deux ans plus tôt, a-t-il expliqué à la barre.
Il avait lancé une vaste campagne d’acquisition de sociétés du secteur, souvent en difficulté, permettant au groupe Smoby de devenir, en 2007, le premier fabricant de jouets en France et parmi les leaders en Europe. Cette année-là, Smoby comptait 2830 salariés dont 1730 en France et affichait un chiffre d’affaires de 350 millions d’euros.
Pour soutenir une stratégie d’acquisition active, un système frauduleux prévoyant un endettement du groupe Smoby, des marges commerciales prélevées sur les achats du groupe en Asie et la facturation de prestations fictives, avait été mis en place, selon l’accusation. Le fabricant de jouets jurassien avait alors rencontré des difficultés financières conduisant à sa liquidation judiciaire en 2008.
Jusqu’au 11 octobre
Aux côtés de M. Breuil comparaissent six autres personnes: un cadre historique de Smoby chargé de la gestion, de la trésorerie et des ressources humaines, deux commissaires aux comptes et trois anciens dirigeants de filiale et de sociétés du groupe. Un huitième prévenu, l’avocat historique du groupe, Bernard Jacquet, est décédé début 2019.
Des fabricants de jouets, un actionnaire, un liquidateur judiciaire et la CGT se sont constitués partie civile. Le procès doit durer jusqu’au 11 octobre.