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Pascal Couchepin s’explique sur son lapsus

Pascal Couchepin donnant sa version des faits. Keystone

Le président de la Confédération Pascal Couchepin dément toute attaque ou plaisanterie de mauvais goût à l'encontre du député de l'Union démocratique du centre (UDC/droite nationaliste) zurichois Christoph Mörgeli.

Depuis mercredi, les médias font des gorges chaudes sur son lapsus lors d’une séance de commission parlementaire. Le Radical a dit «Mörgele» alors qu’il désirait parler du docteur nazi «Josef Mengele».

Le président de la Confédération dénonce la tournure prise par cette affaire. Il a tenu à s’exprimer publiquement pour éviter que la polémique «puisse donner l’impression qu’on a traité un drame historique sans pareil avec légèreté».

«Cette polémique me touche profondément, m’attriste et me choque car elle touche au noyau dur de mes convictions», a déclaré Pascal Couchepin jeudi lors d’une conférence de presse.

Et de rappeler son engagement pour le respect de la personne humaine ainsi que pour la lutte contre le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie et l’intolérance sous toutes ses formes.

Hanté par la Shoah

Pascal Couchepin a indiqué avoir tenu à évoquer le nom de Josef Mengele devant la commission pour souligner la nécessité que la législation sur la recherche sur l’être humain soit stricte et rigide. «Mais pas pour faire une comparaison avec quiconque».

Le président de la Confédération a par ailleurs confié que le drame de l’Holocauste le hante depuis sa participation lundi 28 janvier à Genève à une cérémonie en l’honneur des Justes qui ont sauvé des juifs durant la 2e guerre mondiale.

«Je pense que je n’aurais pas évoqué le docteur d’Auschwitz s’il n’y avait pas eu ce rappel quelques jours auparavant.»

Les faits

Pressé de questions sur le déroulement exact de la séance – confidentielle – de la commission, Pascal Couchepin indique avoir demandé à son voisin «comment s’appelle le monstre d’Auschwitz? Mörgele?». «Non, Mengele», lui a-t-on répondu.

Il ne s’agissait pas d’une plaisanterie. «Je doute avoir souri» à cette occasion. «J’ai vu quelqu’un sourire et j’ai dit qu’il n’y avait pas à sourire. C’est sérieux.»

Le député UDC valaisan Oskar Freysinger aurait alors demandé s’il s’agissait d’une blague. Ce à quoi Pascal Couchepin a répondu par la négative.

Pas d’excuses

Christoph Mörgeli, qui a évoqué mercredi «une injure immense» à son encontre, n’était pas présent à la séance de commission.

«S’il m’avait téléphoné pour me demander ce que j’avais dit, cela aurait été clair: je lui aurais dit qu’il n’y avait aucun rapport avec lui», commente encore Pascal Couchepin.

Et le Valaisan de préciser qu’il ne pouvait pas présenter d’excuses vu qu’il n’y avait pas eu d’attaque. Selon lui, la polémique est à ramener à des problèmes de perception entre Alémaniques et Romands.

Quant aux critiques du Parti radical schwyzois, qui a indiqué n’avoir aucune compréhension pour le lapsus et à se distancer de son conseiller fédéral, Pascal Couchepin «en prend acte» et les juge un peu imprudentes vu «qu’elles se fondent sur des indiscrétions».

swissinfo et les agences

Ce n’est pas la première fois que Pascal Couchepin est critiqué dans les médias pour ses propos.

Le 10 décembre 2003, il avait été surpris par une caméra de la Télévision suisse romande en attendant les nouveaux élus au gouvernement Christoph Blocher et Hans-Rudolf Merz et demandant «Ils sont où ces gaillards?»

Le 7 septembre 2007, soit peu avant les élections d’octobre au Parlement fédéral, il avait employé des mots très forts pour critiquer les méthodes de campagne de l’Union démocratique du centre (UDC, droite nationaliste), qui dénonçait alors un complot contre elle et son ministre Christoph Blocher.

«Il n’existe aucun complot pour renverser un ministre», avait-il dit dans une interview diffusée par la Radio suisse italienne, ajoutant que «personne, pas même le Duce» n’était indispensable au bien-être du pays.

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