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Pasionaria de la gauche suisse, Jenny Humbert-Droz tire sa révérence. A 108 ans

Figure marquante de la gauche européenne, Jenny Humbert-Droz est décédée à 108 ans. De la Chaux-de-Fonds à Moscou, elle a mené aux côtés de son mari, Jules Humbert-Droz, un long combat au nom d’un idéal de justice.

Figure marquante de la gauche européenne, Jenny Humbert-Droz est décédée à 108 ans. De la Chaux-de-Fonds à Moscou, elle a mené aux côtés de son mari, Jules Humbert-Droz, un long combat au nom d’un idéal de justice. Pour soutenir le communisme puis le socialisme.

Près de 30 ans après la mort de Jules, son mari, Jenny Humbert-Droz vient de rejoindre celui pour qui elle éprouvait un amour fou. Fou à l’image du siècle qu’ils ont traversé, main dans la main au nom d’un même idéal de justice. Les dernières années de sa vie, Jenny Humbert-Droz les a passées dans une maison de retraite à Malvilliers, dans le canton de Neuchâtel. Elle y est décédée mardi à l’âge de 108 ans.

Cette femme hors du commun était l’un des derniers témoins directs des débuts du communisme. Dans les années vingt, Jenny et Jules Humbert-Droz s’installent à Moscou. Membre fondateur du Parti communiste suisse en 1921, Jules est nommé par Lénine secrétaire de la IIIe Internationale. Jenny, elle, fait des traductions pour le Komintern. Mais quand Staline prend le pouvoir, c’est la rupture. Le couple connaît alors la disgrâce, à partir de 1927. Brimés pour «déviationnisme», menacés par le régime de Staline, Jules et Jenny rentrent en Suisse où ils poursuivent leur combat pour les droits des plus faibles.

Durant l’entre-deux-guerres, Jenny s’engage pour la cause féministe. Elle est membre fondatrice de l’Association pour les Droits de la femme et de la Fédération romande des consommatrices (FRC). Son mari dirige le parti communiste avant son interdiction. La répression s’abat, une nouvelle fois, sur Jenny et Jules Humbert-Droz. Avec à la clef, une série de perquisitions et parfois même la prison. Le couple rejoint ensuite les rangs socialistes. En 1946, Jules devient le secrétaire central du Parti socialiste suisse. Et Jenny concrétise son engagement féministe, en devenant présidente de la première section suisse des femmes socialistes, fondée à Zurich.

Après la mort de son époux, en 1971, Jenny Humbert-Droz se consacre à l’évocation de sa vie mouvementée. Les Editions de La Baconnière, à Neuchâtel, ont publié, notamment en 1976, un ouvrage intitulé: «Une pensée, une conscience, un combat – La carrière politique de Jules Humbert-Droz, retracée par sa femme».

Interrogée par la presse neuchâteloise sur son secret de longévité, à l’occasion de son 105e anniversaire, elle avait répondu: «Peut-être d’avoir toujours eu mes idées à moi et de m’être intéressée au monde.»

Jugurtha Aït-Ahmed avec les agences

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