Antoine Schuller: «Des millions passaient sur les comptes de la grand-mère»

Didier Schuller était récemment réfugié dans cette propriété de St-Domingue, mais, selon son fils Antoine, c'est en Suisse qu'avait commencé sa cavale. Keystone

Domicilié à Genève, le fils de Didier Schuller évoque de nouveaux circuits financiers passant par la Suisse.

Le 21 janvier, Antoine Schuller (26 ans) révélait dans le quotidien Le Parisien l’adresse exacte de son père, ancien élu RPR de la région parisienne, réfugié dans l’île de Saint-Domingue.

swissinfo: Didier Schuller possédait en 1994 une société fribourgeoise, la Senegest, dont vous étiez, selon la presse, le conseiller du directeur?

Antoine Schuller: à cette époque, je venais de rater mon bac et je n’avais que 19 ans. Je n’ai jamais travaillé à la Senegest et je n’ai jamais signé un papier de cette société.

Vous en connaissiez tout de même l’existence?

A.S. Oui, très vaguement. Je m’étais rendu en Chine avec un ami de mon père, Jean-Paul Schimpf, qui avait, je crois, des intérêts dans la Senegest.

Que saviez-vous des affaires de votre père en Suisse?

A.S. J’ai appris qu’il utilisait les comptes en Suisse de ma grand-mère, donc de sa propre mère, Erna Schuller-Rosenthal, pour mener certaines de ses opérations financières. Celles-ci portaient sur des millions de francs. Je sais que ma famille a livré de nombreux documents à la justice française. Celle-ci les a-t-elle utilisés?

Il a également été révélé que votre père avait confié l’essentiel de sa fortune à Jacques H., un gestionnaire de fortune genevois, qui a fait faillite en 1997.

A.S. Jacques H. est venu rendre visite à mon père à Saint-Domingue en compagnie de sa maîtresse, quelques mois avant sa faillite. Selon les chiffres avancés par mon père, il aurait perdu environ 60 millions de francs français dans la chute de la société H. Management. Je m’étonne que mon père ait pu placer tous ses œufs dans un même panier.

Didier Schuller donnait-il une explication pour justifier cet argent placé en Suisse? Evoquait-il des commissions en faveur du RPR?

A.S. Mon père m’a toujours affirmé qu’il avait gagné cet argent alors qu’il travaillait comme haut fonctionnaire au ministère de l’Economie, au début des années quatre-vingt. Il aurait été chargé de mission au Liban.

Votre père est en cavale depuis 1995. A votre connaissance, travaillait-il aux Bahamas ou à Saint-Domingue?

A.S. La cavale de mon père a commencé par la Suisse. Non, il ne travaille pas. Mais a-t-il travaillé un jour? Quand il était conseiller général des Hauts-de-Seine, il passait quatre jours par semaine à chasser dans l’est de la France.

Comment vivez-vous actuellement?

A.S. Je n’ai pas d’argent, je suis gracieusement hébergé à Genève. Dès la semaine prochaine, je me mets à la rédaction d’un livre. Contrairement à ce que prétendent certains, je n’ai pas été payé par Lionel Jospin, Au contraire, je l’attaque. Le Premier ministre était au courant de l’endroit où se cachait mon père. Il n’a rien fait.

Propos recueillis par Ian Hamel