Initiative anti-minarets: la tendance est au oui

Les premières tendances de l'institut gfs.bern indiquent que le oui pourrait l'emporter concernant l'initiative anti-minarets. Idem sur le financement spécial du trafic aérien. En revanche, l'autre initiative soumise au peuple sur l'interdiction d'exporter des armes serait rejetée.
Objet le plus débattu des votations fédérales du 29 novembre, l’initiative anti-minarets était soutenue par l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) et l’Union démocratique fédérale (UDF / droite chrétienne). Elle demande que l’édification de tels monuments soit désormais interdite en Suisse.
Les partisans de l’initiative considèrent en effet que les minarets ne sont pas indispensables à la pratique de l’islam, mais qu’ils constituent plutôt le symbole d’un islam conquérant.
Or, les premières tendances indicatives calculées par l’institut de sondage gfs.bern pour le compte de SSR SRG idée suisse montrent que ces arguments pourraient avoir convaincu les citoyens helvétiques et qu’un oui pourrait sortir des urnes concernant cet objet.
Le dernier sondage gfs sur la question indiquait pourtant un refus dominant (53%), contre 37% de oui et 10% d’indécis. Mais il est vrai que le oui avait progressé entre le premier et le second sondage, fait plutôt inhabituel s’agissant d’une initiative.
L’ensemble des autres partis – à gauche comme à droite – rejetaient pourtant cette initiative. Ils estiment notamment qu’une telle interdiction irait à l’encontre du principe de la liberté religieuse et qu’elle aurait pour effet de stigmatiser les quelque 4% de musulmans qui habitent en Suisse.
Le gouvernement a quant à lui fait connaître sa position inhabituellement tôt. Dès le dépôt du texte, il s’y est opposé, insistant par la suite sur le fait qu’interdire les minarets vexerait inutilement le monde musulman et que l’image de la Suisse dans le monde s’en trouverait sérieusement écornée.
Un non sur les exportations d’armes
Le second objet, également une initiative populaire, est quant à lui par contre, selon les tendances calculées par gfs, en passe d’être rejeté. Seul un tiers environ des Suisses auraient dit oui à l’interdiction d’exporter du matériel de guerre, des munitions et du savoir-faire militaire vers l’étranger.
Pour soutenir ce texte, la gauche et les chrétiens engagés avançaient principalement des arguments moraux. Ils jugeaient que la Suisse, qui est notamment dépositaire des Conventions de Genève, doit servir de modèle et ne plus se livrer au «commerce de la mort».
Les opposants de droite en revanche estimaient qu’une telle interdiction provoquerait la ruine de l’industrie d’armement suisse – avec à la clef des pertes d’emploi – et mettrait en péril la défense nationale.
Ces arguments ont apparemment fait mouche auprès des citoyens suisses dimanche. Comme ce fut déjà le cas de propositions similaires par le passé, ils ont à nouveau rejeté cette idée. Le dernier sondage à ce propos montrait déjà que 50% des personnes interrogées avaient l’intention de la refuser et que 39% seulement l’accepteraient.

Plus
Initiative populaire
Un oui sur le financement aérien
Sur le troisième et dernier objet soumis au peuple – à savoir la taxation du kérosène utilisé pour les vols aériens internes à la Suisse -, les Suisses ont manifestement suivi les recommandations du gouvernement. L’institut gfs annonce en effet une tendance estimée à 66% de oui.
Jusqu’à présent, cette taxe – environ 60 millions de francs par an – a été reversée à la caisse fédérale (un tiers) et à la circulation routière (deux tiers).
Jugeant cette situation anormale, le Parlement et le gouvernement proposaient de «rendre à César ce qui est à César» et de consacrer cette somme au financement de tâches dans le domaine de l’aviation, surtout au niveau de la sécurité. Les réticences du camp rose-vert, qui aurait préféré que cet argent serve davantage à la protection de l’environnement, n’ont donc pas été suivies.
swissinfo.ch

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