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Les Suisses contre la construction de nouveaux minarets

Les Suisses se sont rendus aux urnes dans une proportion inhabituellement élevée pour dire non aux minarets. Keystone

Les citoyens helvétiques ont accepté par 57,5% des suffrages une initiative populaire exigeant l'interdiction de construire de nouveaux minarets en Suisse. Ils ont en revanche rejeté l'interdiction d'exporter du matériel de guerre par 68,2% des voix.

Les musulmans de Suisse ne pourront plus construire de minarets. Soutenue par l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) et l’Union démocratique fédérale (UDF / droite chrétienne) mais combattue par le gouvernement et par tous les autres partis, l’initiative en ce sens a malgré tout clairement séduit les Suisses, qui se sont rendus aux urnes en nombre (53% de participation).

Contrairement à ce qu’indiquait le dernier sondage à ce propos (37% de oui), les citoyens ont accepté le texte par 57,5% des voix. Nécessaire s’agissant d’une inscription dans la Constitution, la double majorité a été obtenue puisque tous les cantons sauf quatre ont également accepté cette initiative.

Avec un taux d’approbation dépassant les 70%, Appenzell Rhodes-intérieures (71,5%) se pose en champion du oui à l’initiative, talonné par Glaris (68,8%), le Tessin (68,1%) et St-Gall (65,9%). Onze autres cantons alémaniques ont accepté le texte à plus de 60%.

En Suisse romande, le Valais, le Jura et Fribourg figurent aussi dans le camp des anti-minarets, bien qu’avec des scores plus modestes (respectivement 58%, 51,2% et 55,9%).

En fait, seuls quatre cantons – dont trois des six romands – ont dit non. A commencer par Genève, qui a refusé le texte à 59,7% des voix. L’initiative a également été rejetée par 53,1% des suffrages dans le canton de Vaud, ainsi que de justesse dans le canton de Neuchâtel (50,9% de non).

En Suisse alémanique, le demi-canton de Bâle-Ville, qui compte la plus forte communauté musulmane de Suisse, a refusé l’initiative à 51,6%. Mais, fait surprenant, de grands cantons tels que Zurich (51,8%), et plus nettement Berne (60,7%), l’ont par contre acceptée.

Un non sur les exportations d’armes

La Suisse continuera par contre d’exporter du matériel de guerre. L’initiative populaire du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA), qui réclamait l’arrêt de telles ventes, a en effet été rejetée par 68,2% des votants. Aucun canton ne l’a acceptée.

En pleine crise économique, la menace de pertes d’emplois – plus de 10’000 selon l’industrie de l’armement – l’a finalement emporté sur les considérations humanitaires et morales liées aux multiples affaires de reventes d’armes à des pays en guerre. Les mesures de compensation proposées par l’initiative pour atténuer le choc économique dans les régions concernées n’ont finalement pas convaincu.

Le refus le plus net face à cette initiative déposée en septembre 2007 avec 109’000 signatures a été enregistré dans le canton de Nidwald (88% de non), qui abrite l’entreprise Pilatus. Il a atteint 70% ou plus dans 17 cantons.

Le résultat est le plus serré dans les cantons de Genève (51,8%) et Bâle-Ville
(53,1%). Il est en revanche plus clair dans les autres cantons romands: Vaud (59,5%), Jura (61,1%), Neuchâtel (62,8%), Valais (70,8%) et Fribourg (71,0%) ont tous rejeté la proposition du GsSA.

Celle-ci aurait frappé l’exportation et le transit de matériel de guerre mais aussi de biens militaires spécifiques – comme les avions d’entraînement ou les simulateurs. Les armes de chasse et de sport, les appareils servant au déminage humanitaire et les biens exportés temporairement n’auraient pas été concernés.

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Initiative populaire

Ce contenu a été publié sur L’initiative populaire permet à des citoyens de proposer une modification de la Constitution. Pour être valable, elle doit être signée par 100’000 citoyens dans un délai de 18 mois. Le Parlement peut directement accepter l’initiative. Il peut aussi la refuser ou lui opposer un contre-projet. Dans tous les cas, un vote populaire a lieu. L’adoption…

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Un oui sur le financement aérien

Enfin, troisième objet soumis au peuple, le financement spécial du trafic aérien a été accepté par 65% des voix. Aucun canton ne s’est opposé à la nouvelle affectation des 40 millions tirés de l’impôt sur le kérosène. Ces recettes serviront donc à l’avenir à financer l’aviation et non plus la circulation routière, comme c’était le cas jusqu’ici.

Peu contestée lors de la campagne, cette modification de la Constitution a été acceptée par près de 1,61 million de Suisses. Seuls les Verts, le Parti évangélique et le Parti chrétien-social prônaient le refus.

Les champions du oui ont été les Genevois, qui, forts de leur aéroport de Cointrin, ont plébiscité le transfert d’argent en faveur de l’aviation par 72,5%. Ils sont suivis des Zurichois (69,2%) et des Nidwaldiens (69,1%).

Les autres cantons romands se sont montrés un peu moins enthousiastes: Fribourg a dit oui à 64,3%, Vaud à 64,2% et Neuchâtel à 60,8%. Le Valais clôt la marche avec 55,5% de votes favorables, juste devant Schwyz (57,5%) et le Jura (58,1%).

swissinfo.ch et les agences

Le 29 novembre, les Suisses se sont prononcés sur trois objets.

Enjeu le plus discuté jusqu’ici dans les médias, l’initiative «anti-minarets» demande que l’interdiction de construire de nouveaux minarets sur sol suisse soit inscrite dans la Constitution.

Elle a été lancée suite à plusieurs demandes de permis de construire de minarets en Suisse alémanique. Les habitants avaient lancé des pétitions pour s’y opposer.

Autre initiative soumise au scrutin populaire, celle qui demande l’interdiction pour la Suisse d’exporter du matériel de guerre.

Le texte prévoit notamment une aide fédérale de dix ans en faveur des régions qui seraient touchées économiquement par cette interdiction.

Enfin, le troisième objet, le moins discuté, est une modification constitutionnelle qui vise à attribuer au financement du transport aérien les recettes de l’impôt sur le kérosène.

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