Interview: Mondial 2006, la vérité selon Sepp Blatter

Sepp Blatter: "certains ont délibérément voulu me nuire et salir le football". Keystone

Le président de la FIFA, Sepp Blatter, a perdu une bataille mais pas son combat pour une Coupe du Monde en Afrique. Une semaine après l'attribution contestée de l'organisation du Mondial 2006 à l'Allemagne, le Suisse se confie à swissinfo et se justifie.

«Si le 24e membre du comité exécutif de la FIFA (Fédération internationale de football Association), le Néo-Zélandais Charles Demsey, était allé se présenter au 3e tour de scrutin et qu’il avait déposé un bulletin blanc – ce qui était son droit absolu -, et s’il n’avait rien dit avant et surtout après n’avoir pas voté, personne n’aurait crié au scandale».

«En tous les cas, M. Demsey ne nous a rien fait savoir officiellement jusqu’à ce jour. Il devrait réapparaître, à Zurich, dans trois semaines, au sein du comité exécutif de la FIFA. Nous discuterons alors des pressions qu’il prétend avoir subies de la part de l’UEFA (Union européenne de football Association)».

«Maintenant, si l’on considère le président de la FIFA, il est clair que je ne sors pas vainqueur de ce vote, car tous savaient que je souhaitais voir l’Afrique du Sud (ou le Maroc) organiser le Mondial 2006. D’ailleurs, la qualité de sa candidature était telle qu’elle n’a perdu devant l’Allemagne que par un seul petit point d’écart au 3e tour».

«Même si l’Afrique a été pour beaucoup dans ma nomination à la tête de la FIFA en 1998, je ne pouvais pas lui promettre fermement un Mondial. Cependant, je continuerai à lutter pour que l’Afrique ait un jour une phase finale de Coupe du Monde de football».

«D’ailleurs, la FIFA comme l’UEFA sont aujourd’hui d’accord pour envisager une rotation obligatoire du Mondial sur chacune des six confédérations. Cette perspective sera à l’ordre du jour de la séance du comité exécutif du 3 août prochain. A partir de là, nous serons probablement en mesure de présenter une proposition concrète le 5 août déjà, au congrès de la FIFA».

«Cela dit, je répète que ce vote s’est déroulé de manière démocratique. En accord avec les statuts de la FIFA. Et selon la loi suisse sur les associations à laquelle la FIFA est soumise. Il n’y a donc aucune raison de remettre ce scrutin en question».

«Sur un plan économique, la principale manne de la FIFA a été fixée avant le vote. Donc avant la désignation de la puissante Allemagne. Il s’agit des 1,5 milliard de francs suisses des droits de télévision».

«En tant que président de la FIFA, je suis satisfait de savoir que la phase finale de la Coupe du Monde 2006 sera organisée par l’Allemagne, dont chacun connaît les qualités d’organisation».

«L’hypothèse selon laquelle les quatre délégués asiatiques auraient décidé de voter en faveur de l’Allemagne pour contrarier mes plans présidentiels – faute d’avoir obtenu une demi-place qualificative supplémentaire pour le Mondial 2002 – est un véritable conte de fées. Je ne les ai pas rencontré la nuit précédant le scrutin, contrairement à ce qui a été avancé. Là aussi, c’est le comité exécutif de la FIFA qui a, initialement, refusé d’accéder à leur requête».

«En conséquence, et même si certains ont délibérément voulu me nuire, et salir le football, je puis vous assurer que je me représenterai en 2002 pour un nouveau mandat présidentiel. Car, quatre ans, c’est trop peu pour réaliser mes projets au sein de la grande famille du football planétaire.»

Propos recueillis par Emmanuel Manzi