Le Pen boudé par les Français de Suisse

En Suisse, le leader du Front national n’obtient que 8% des suffrages. swissinfo.ch

Le chef du Front national n'arrive qu'en 5e position au premier tour du scrutin présidentiel. Loin derrière Jacques Chirac et Lionel Jospin.

Il n’y a pas eu de surprise en Suisse, mis à part un taux d’abstention particulièrement élevé. En 1995, aux dernières élections présidentielles, les Français de Suisse s’étaient déplacés à 68 %. Dimanche, un peu moins de 42 % d’entre eux ont glissé un bulletin dans l’isoloir.

Certes, la Suisse alémanique est en vacances. Mais ce n’est pas la seule explication. «J’espère une plus forte participation au deuxième tour», affirme simplement Claudine Schmid, déléguée au Conseil supérieur des Français de l’étranger.

Cette adhérente du RPR se montre satisfaite du score de Jacques Chirac: il arrive en tête avec 22,6 % des suffrages. En 1955, il avait obtenu 21,28 %. Toutefois, l’autre candidat gaulliste, Edouard Balladur, caracolait en tête avec 34,9 %.

Lionel Jospin en deuxième position

Lionel Jospin, quant à lui, arrive en deuxième position en Suisse, avec un résultat (17,8 %) légèrement meilleur que celui obtenu dans l’Hexagone (15,9 %). Jean-Pierre Capelli, également membre du Conseil supérieur des Français de l’étranger, qui a parrainé la candidature du dirigeant socialiste, ne cache pas sa déception.

«Lionel Jospin était l’un des meilleurs Premiers ministres de la Cinquième République. Beaucoup de gens ont la gueule de bois», constate cet adhérent du Parti socialiste. Il espère que les gens de gauche iront voter pour Jacques Chirac au second tour, afin que Jean-Marie Le Pen obtienne le score le plus bas possible.

En Suisse, le leader du Front national n’a pas véritablement décollé. Il n’obtient que 8 % des voix, presque à égalité avec le libéral Alain Madelin et le centriste François Bayrou . Ce qui est un peu mieux qu’en 1995 où Jean-Marie Le Pen avait obtenu 6,3 % des voix.

Les écologistes ont le vent en poupe

Autre surprise locale de ce premier tour, l’excellent score des écologistes. Noël Mamère arrive en troisième position, avec 10,2 %, soit le double du pourcentage obtenu en France, et Corinne Lepage, l’autre candidate écologiste, réunit 3,8 % (contre 1,8 % dans l’Hexagone).

S’il ne revendique pas d’étiquette politique, Claude Capeau de Lausanne, président de l’Association des rapatriés d’Afrique du Nord, et des Anciens combattants d’Algérie française, ne semble pas trop mécontent du résultat de dimanche. «C’était inévitable. Il règne en France un laisser-aller inadmissible. J’espère que Jacques Chirac va en tenir compte», commente-t-il.

A Genève, le bouillant Pierre Oliviero, de l’UDF, qui défendait la candidature de François Bayrou, est un peu déçu. Les Français de Suisse n’ont pas voté comme les Suisses l’auraient fait.

Contrairement à ses prévisions, le candidat centriste ne fait qu’un peu mieux qu’en France, 7,9 % des voix contre 6,8 %. «Malheureusement, les professions de foi de François Bayrou ne sont pas arrivées en Suisse», avance Pierre Oliviero.

swissinfo/Ian Hamel