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«Les responsables de la crise climatique doivent payer»

Faut-il taxer les successions pour financer la lutte contre le réchauffement climatique? Les deux invités de notre débat filmé Let’s Talk ont débattu de l’initiative de la Jeunesse socialiste, soumise au vote populaire le 30 novembre prochain.

En Suisse, la question de la valeur de l’héritage et de sa fiscalité est au cœur d’un débat public. Elle s’inscrit dans la campagne autour de l’initiative «Pour l’avenir», lancée par les Jeunes socialistes, sur laquelle les citoyennes et citoyens se prononceront le 30 novembreLien externe.
Le texte propose de prélever un impôt de 50% sur les héritages supérieurs à 50 millions de francs. Les recettes seraient consacrées à la transition écologique et sociale.

La Jeunesse socialiste établit ainsi un lien entre protection du climat et taxation des plus riches. «Ce n’est pas à la population générale de payer pour la crise climatique, mais aux véritables responsables: les ultra-riches, qui détruisent la planète avec leurs yachts, leurs jets privés et leurs investissements polluants», a affirmé le vice-président du parti, Julien Berthod, dans Let’s Talk.

Philippe Lörtscher, président des Jeunes libéraux-radicaux vaudois et opposé à l’initiative, n’est pas contre le principe du pollueur-payeur. Toutefois, il estime que celui-ci s’applique déjà de manière efficace au sein de la Confédération. «Nous avons réduit nos émissions de CO2 de quelque 26% par rapport à 1990. Nous sommes sur une voie encourageante pour atteindre zéro émission en 2025», évalue le politicien.

Julien Berthod précise que l’objectif n’est pas de punir les riches, mais de promouvoir une redistribution plus équitable des ressources. «Le 1% le plus riche de Suisse détient près de 45% de la fortune du pays, alors que d’autres personnes n’arrivent plus à boucler leur mois», dénonce le jeune politicien.

>> Julien Berthod explique pourquoi la Jeunesse socialiste veut faire passer les plus riches à la caisse:


De son côté, Philippe Lörtscher craint que les personnes les plus fortunées ne tournent le dos à la Suisse en cas d’acceptation du texte. Il souligne que cette catégorie de la population est particulièrement mobile. Le jeune politicien prend l’exemple de la Norvège: «Une hausse de 0,15% du taux d’imposition sur la fortune a poussé 315 citoyens norvégiens à s’installer en Suisse en 2021.»
«Il s’agit d’une menace infondée brandie par le camp bourgeois», rétorque Julien Berthod. Il rappelle que le texte prône l’introduction de mesures contre l’évitement fiscal, par exemple une taxe sur les retraits en capitale.

L’initiative ferait également peser une lourde menace sur les entreprises, déplore Philippe Lörtscher. «Certaines entreprises familiales disposent d’un capital important, non pas en argent liquide, mais en machines et en locaux. Si le texte était accepté, certains entrepreneurs pourraient avoir du mal à assurer leur succession», affirme-t-il.

Julien Berthod assure cependant que la Jeunesse socialiste ne vise pas les petites et moyennes entreprises. «Ce sont les multinationales détenues par de grands actionnaires que nous voulons taxer davantage», explique-t-il. Il cite l’exemple de MSC Croisières, propriété de la famille Aponte: «Il s’agit de l’une des dix entreprises les plus polluantes au monde, mais elle est très peu imposée.»

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Repenser l’héritage, une tendance mondiale

L’initiative de la Jeunesse socialiste s’inscrit dans un mouvement international. Un peu partout dans le monde, des voix s’élèvent pour demander une taxation plus élevée des personnes les plus fortunées. C’est notamment le cas de Marlene Englehorn, héritière de l’empire chimique BASF, qui a confié à un conseil citoyen la tâche de redistribuer 90% de son héritage.
Philippe Lörtscher souligne que ces personnes sont libres de s’installer dans un pays qui les taxe davantage. «Nous ne voulons toutefois pas d’un tel système en Suisse, car cela aura des conséquences négatives sur l’emploi, sur la fiscalité de la classe moyenne et sur la capacité de l’État à financer les services publics», argumente-t-il.

Julien Berthod considère en revanche que les riches ne sont pas assez taxés, ce qui a pour conséquences d’augmenter les inégalités sociales. «Les 300 ménages les plus riches de Suisse ont plus que doublé leur fortune au cours des 20 dernières années, alors que les plus pauvres ne possèdent toujours rien», constate-t-il.

Le camp libéral-radical estime au contraire que le système fiscal suisse fonctionne déjà bien. «Les recettes fiscales ont doublé en 20 ans, tout comme les dépenses sociales. Le consentement à l’impôt a ses limites», rappelle Philippe Lörtscher. Il souligne aussi que le niveau de vie a augmenté massivement depuis le 18e siècle.

>> Faut-il agit face à la concentration des richesses? La réponse de Philippe Lörtscher:

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