Un «oui» se dessine pour l’e-ID alors que le sort de la valeur locative reste incertain
À deux semaines de la votation sur l’identité électronique (e-ID) et l’abolition de la valeur locative, le deuxième sondage de la SSR révèle que si le premier objet devrait passer la rampe, rien n’est encore joué pour le deuxième.
Cela devrait être un soulagement pour une large majorité des Suisses de l’étranger: l’e-ID semble en bonne voie. «Nous pensons qu’il y a de fortes chances qu’elle soit acceptée», estime le politologue Lukas Golder, de gfs.bern. L’institut a mené un deuxième sondage pour le compte de la SSR, maison-mère de SWI swissinfo.ch.
L’introduction d’une identité électronique est une revendication de longue date de l’Organisation des Suisses de l’étranger, qui y voit une chance de simplifier les relations entre les membres de la Cinquième Suisse et les autorités helvétiques, ou encore dans le domaine bancaire.
C’est pourquoi la relative «réticence» de cet électorat à l’égard de ce projet de loi lors de la première vague de sondages avait surpris. Mais la tendance a depuis évolué: les intentions de vote favorable sont passées de 52% à 60%, tandis que le taux de rejet a diminué.
La diaspora suisse s’aligne ainsi sur le schéma attendu. On ne peut que spéculer sur les raisons de cette adhésion renforcée, mais le sujet a été discuté dans les groupes Facebook concernés et les membres du Conseil des Suisses de l’étranger se sont engagés pour attirer l’attention sur ce scrutin.
La Cinquième Suisse soutient donc l’e-ID un peu plus fortement que l’ensemble du corps électoral.
Dans l’ensemble, l’adhésion atteint 59%. Les sondeurs parlent d’un soutien consolidé.
E-ID: «Une question de confiance»
L’évolution de l’opinion entre les deux vagues d’enquête fait apparaître des tendances claires. Les critiques envers l’e-ID se sont accentuées dans les zones rurales, parmi les électeurs et électrices qui se méfient des institutions, ainsi que chez les partisans et partisanes de l’UDC, et les personnes qui ne soutiennent aucun parti.
«En fin de compte, c’est une question de confiance dans les institutions, explique Lukas Golder, de gfs.bern. Ceux qui ont peu de méfiance voteront très probablement pour.»
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Il est également frappant de constater que les hommes soutiennent clairement ce projet des autorités, tandis que les femmes se montrent plus critiques. Cela correspond à un schéma bien connu en science politique, qui se répète régulièrement sur des objets liés à l’armée, la politique environnementale ou la technologie.
Pour ce deuxième sondage sur les votations fédérales du 28 septembre 2025, l’institut gfs.bern a interrogé 14’461 personnes entre le 3 et le 11 septembre. La marge d’erreur statistique est de +/- 2,8 points de pourcentage.
Enfin, le débat autour de l’e-ID est dominé par deux arguments principaux. Dans le camp du «oui», on affirme que «l’e-ID est nécessaire pour que la Suisse puisse suivre le rythme de la numérisation.» Du côté du «non», on réplique que «l’e-ID n’est pas sûre et ne protège pas suffisamment la vie privée.» Le débat reste à ce jour «relativement peu animé», estime le politologue Lukas Golder, qui se base sur une analyse de la couverture médiatique.
La valeur locative perd du terrain
La situation est bien moins claire concernant le projet sur «l’impôt immobilier cantonal sur les résidences secondaires», mieux connu sous le nom d’abolition de la valeur locative. Le soutien est en baisse et s’élève désormais à 51% («clairement pour» et «plutôt pour»), soit 7 points de pourcentage de moins que lors de la première édition du sondage en août. Chez les Suisses de l’étranger, il tombe à 49%.
«Le refus progresse, tandis que l’adhésion recule, observe la politologue Martina Mousson, de gfs.bern. C’est pourquoi nous parlons d’une tendance au non, même si la majorité reste encore favorable.»
Cela ne signifie pas pour autant que l’institut de sondage s’attend à un rejet, car les arguments du camp du «oui» ont davantage d’impact. «Nous constatons un soutien accru pour les arguments en faveur du oui, ainsi qu’un impact plus fort de ceux-ci», explique Martina Mousson. Cela plaide pour une acceptation, «c’est pourquoi nous ne pouvons pas trancher», ajoute-t-elle.
Dans le même temps, les arguments en faveur du «oui» ont perdu du terrain, tandis que les arguments opposés ont progressé. La campagne des opposants semble donc déjà avoir marqué des points à l’approche de la phase finale de mobilisation.
Locataires contre propriétaires
L’argument phare des opposants est que «l’abolition de la valeur locative profite surtout aux riches.» Côté partisans, l’idée que «l’accès à la propriété sera accru» convainc le plus les personnes sondées.
Le fait que ces deux arguments arrivent en tête correspond à une autre constatation de l’institut de sondage: le principal clivage sur ce projet oppose les locataires et les propriétaires. Les premiers rejettent massivement la réforme (62%), les seconds l’approuvent dans la même proportion.
Sur le plan politique, le clivage s’inscrit dans un schéma gauche-droite: les Verts constituent l’électorat le plus fermement opposé, tandis que les sympathisants de l’UDC y sont les plus favorables.
Un «Röstigraben» marqué
La division linguistique est nette: la Suisse romande est opposée au projet, tandis que la Suisse alémanique y est favorable. Même si les données du sondage réalisé par gfs.bern ne se prêtent pas parfaitement à une analyse par canton, la tendance actuelle montre qu’une majorité des cantons tend à soutenir l’objet. 15 cantons ont tendance à être pour, cinq – principalement en Suisse romande – sont contre, et six autres sont indécis. «Cela pourrait suffire pour obtenir la majorité des cantons», concluent les sondeurs.
Un objet propice aux «votes erronés»
La complexité du projet complique toute prévision, relève Martina Mousson. Son collègue Lukas Golder estime en outre qu’une partie des électeurs et électrices pourrait mal interpréter l’objet, notamment parce que les bulletins de vote ne mentionnent pas explicitement la «suppression de la valeur locative». Certains pourraient aussi croire qu’il s’agit d’«introduire un impôt», alors même qu’il est question d’en supprimer un.
Les politologues parlent, dans ce type de situations, de «votes erronés»: des bulletins déposés qui vont à l’encontre des valeurs de l’électeur ou de l’électrice en raison d’un malentendu. Selon Lukas Golder, il existe des exemples de scrutins comptant jusqu’à 20% de «votes erronés». Le politologue n’y voit toutefois pas un problème démocratique. En effet, «les votes erronés des deux camps peuvent se neutraliser», explique-t-il.
Texte relu et vérifié par Samuel Jaberg, traduit de l’allemand à l’aide d’un traducteur automatique/dbu
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