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Un scrutin marqué par la morosité économique

La presse unanime estime que dimanche a été une journée noire pour la gauche. RTS

Le rejet de sept initiatives et l'acceptation de deux propositions gouvernementales traduisent l'échec de la gauche et la victoire de la crise.

La presse suisse de lundi est à l’image du nombre de questions posées dimanche aux citoyens: foisonnante.

«Douche froide pour des socialos mis k.o.», «Dimanche noir pour les roses/verts», «Pas de pitié pour les initiatives», «Vote au crayon rouge», «Neuf à zéro pour le gouvernement», voici quelques-uns des titres les plus percutants de la presse suisse de lundi.

La gauche k.o.

Pour le Blick, «les initiatives comportaient tant de faiblesses que la droite ne pouvait que gagner, laissant la gauche comme un caniche mouillé».

Si «le peuple a abondamment sollicité la poubelle», relève La Liberté, c’est en raison du «poids excessif du fardeau» qui lui incombait dimanche, avec «sept initiatives comme les sept péchés capitaux, lestées d’une tare fatale par la morosité économique ambiante».

Le quotidien fribourgeois estime que le scrutin montre un pays en position fœtale et une gauche à genoux. Une gauche dont «on aime la force de proposition, moins ses propositions»…

Le Temps, explique ce «vote de raison et de crainte» par un refus de «l’aventurisme financier et une générosité au-dessus de leurs moyens».

Effectivement, la crise a pesé lourd dimanche, mais Le Matin s’étonne tout de même du non cinglant à l’initiative sur la santé. «Ce résultat montre que les Suisses exigent une amélioration du système non pas sur le dos des riches, mais avec le concours de tous les partenaires».

Le journal romand en conclut que la droite devra tenir compte de l’avertissement.

Un peuple «raisonnable»

Si le Souverain s’est montré si «raisonnable», estime de son côté la Berner Zeitung, c’est effectivement en raison du coût représenté par les initiatives, mais aussi parce qu’elles signifiaient «plus de lois et d’ordonnances» dont le pays n’a pas forcément besoin.

C’est aussi le point de vue de la Neue Zürcher Zeitung: «Le peuple n’a pas voulu se charger de nouveaux devoirs ni de nouvelles limitations. Avec une croissance économique nulle, des caisses vides, des découverts dans l’assurance vieillesse, il a montré plus de sens des réalités que le Parlement.»

24 Heures estime également que «les Suisses sont bien dans leur tête»: l’indigestion annoncée «n’a pas rendu malade un souverain remarquablement diligent».

S’ils ont plébiscité le gouvernement, ce n’est pas en schizophrènes, mais parce que chacune des sept initiatives rejetées avait quelque chose d’excessif.

Gouvernement plébiscité

Pour sa part, La Tribune de Genève rappelle qu’il est très rare que les initiatives trouvent grâce devant le peuple suisse, qui «vote dans la règle comme le gouvernement le lui suggère».

Et, en refusant les changements proposés par des minorités, il a donc accepté la modernisation de l’armée.

Le Conseil fédéral, qui n’est pas élu par le peuple, prouve qu’il jouit d’un capital de confiance non négligeable. Conclusion de la Tribune: «Non, non et non: rien que de très normal».

Le Tages Anzeiger voit plutôt dans le scrutin de dimanche («un coup dur pour la gauche, mais pas tout-à-fait inattendu») la victoire de l’individualisme. Pas question de laisser sa voiture le dimanche à la maison, d’être puni pour ne pas embaucher d’apprentis ou d’être forcé à aménager les immeubles pour les handicapés.

Le journal zurichois de gauche explique cet échec des initiant par le fait qu’ils ont eu les yeux plus grands que le ventre et de conclure que, parfois, ont obtient plus en exigeant moins.

Un test en vue des élections fédérales

Pour la Luzerner Zeitung, le «sens des réalités» dont les citoyens ont fait preuve s’explique parce qu’ils étaient surchargés. Une accumulation qui aurait favorisé le non.

L’Express, lui, choisit au contraire de se réjouir du taux de participation élevé (48,3%) qui montre que les Suisses ne se sont pas laissés intimider par les neufs objets soumis au scrutin, du jamais vu depuis des lustres.

Le journal neuchâtelois se demande au contraire si le groupage des dossiers «ne serait pas la recette pour faire monter l’intérêt pour la politique».

Et puis il se pourrait bien que le combat des idéologies soit de moins en moins porteur devant les urnes.

Parce que la gauche n’a pas su les convaincre, les citoyens l’ont renvoyée dans l’opposition. Paradoxalement, ils sont au diapason des partis bourgeois, qui peinent pourtant dans les sondages. «Un signe évident, pour Le Temps, «de la crise de confiance que traverse ce pays».

Surtout à quelques encablures des élections fédérales de cet automne.

Plus serein, le Bund conclut… à la bernoise: «Sept non, deux oui: la Suisse est comme elle est».

swissinfo, Isabelle Eichenberger

– Les réformes de l’armée et de la protection civile ont été approuvées à 76% et 80,5% des suffrages.

– Les deux initiatives antinucléaires ont été rejetées avec 66% et 58% de non.

– L’initiative du PS sur la santé a été refusée avec 73% de non.

– L’initiative «pour des loyers loyaux» a été refusée avec 67% de non.

– L’initiative sur les places d’apprentissage a été rejetée avec 68% de non.

– Les trois dimanches annuels sans voiture ont été refusés avec 62% de non.

– L’initiative en faveur des handicapés a été rejetée par 62% des votants.

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