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«On a basculé dans un autre monde», estime Micheline Calmy-Rey

Un mois après avoir annoncé qu’il signerait le Pacte sur les migrations de l’ONU, le gouvernement suisse a fait marche arrière. La fronde contre le texte émane de la droite conservatrice, la gauche regrette la décision.

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La Suisse ne signera pas pour l’instant le Pacte sur les migrations de l’ONU. Face à l’opposition émanant des commissions parlementaires, le Conseil fédéral a décidé mercredi de reporter sa décision. Il tranchera après les débats aux Chambres, qui aura lieu au Parlement au cours des trois prochaines semaines.

La Suisse ne sera pas présente à la conférence de Marrakech le 10 et 11 décembre prochain où le pacte doit être formellement adopté. Le gouvernement reste néanmoins convaincu que le texte «correspond aux intérêts de la Suisse puisqu’il vise à définir des paramètres pour une migration ordonnée, ce qui aiderait à diminuer la migration irrégulière». 

Le gouvernement avait annoncé le 10 octobre qu’il signerait le document élaboré sous la houlette de l’ambassadeur suisse auprès de l’ONU. Le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis a toutefois récemment estimé que cette étape pourrait être franchie plus tard.

Fronde internationale et suisse

Presque tous les pays ont soutenu le pacte lors de son approbation par l’assemblée générale de l’ONU en juillet. Seuls les Etats-Unis s’en étaient déjà désolidarisés. Ont suivi entretemps la Hongrie, l’Autriche, l’Australie, la Tchéquie, Israël et la Pologne. La Bulgarie pourrait s’ajouter à cette liste.

En Suisse, la fronde contre le texte a été lancée par l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice). Le parti l’accuse d’être incompatible avec une gestion indépendante de l’immigration. Selon lui, le pacte pourrait primer à terme sur le droit suisse. La polémique a ensuite rebondi au Parlement.

Les socialistes déplore la décision

L’ancienne ministre socialiste Micheline Calmy-Rey s’est montrée particulièrement préoccupée par cette situation au 19h30 de la RTS. «On a basculé dans un autre monde, ce n’est pas seulement en Suisse», a estimé la Genevoise. «Il y a un mouvement de suspicion par rapport au multilatéralisme, par rapport à la coopération internationale, envers les organisations internationales. Et on le voit en Suisse, il y a des hésitations sur la coopération internationale. C’est particulièrement malheureux sur des sujets sensibles comme l’interdiction des armes nucléaires ou le pacte mondial sur les migrations.»

Le président du Parti socialiste suisse Christian Levrat a également critiqué la décision du gouvernement, dans l’émission Forum de la Radio Télévision Suisse (RTS): «C’est d’abord une erreur de politique extérieure où l’on s’allie avec des gens qui n’ont rien de recommandable, le FPÖ en Autriche, l’Afd en Allemagne, deux partis d’extrême-droite. C’est Orban en Hongrie, Netanyahu en Israël ou Trump aux Etats-Unis. Donc la Suisse n’a pas les bons amis sur le plan international.»

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