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Une mission d’experts pour le Darfour

Le Conseil a su parler d'une voix: celle du compromis. Keystone

Réuni en session extraordinaire à Genève, le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies a accepté d'envoyer une mission au Darfour.

Satisfaction du côté suisse, où l’on souligne que pour la première fois, le nouveau Conseil a montré qu’il pouvait parler d’une même voix.

Selon le texte adopté par acclamation des 47 pays membres, la mission «de haut niveau» sera formée de cinq personnes «hautement qualifiées», désignées par le président du Conseil après consultations avec les membres, ainsi que de la rapporteuse spéciale de l’ONU pour les droits de l’homme au Soudan.

Les difficiles conciliabules de mardi et mercredi sur la composition de la mission ont cependant mis en évidence une nouvelle fois la division du Conseil entre une minorité de pays occidentaux et un bloc majoritaire composé des non-alignés, réunis derrière l’Organisation de la conférence islamique.

L’Afrique aussi

Jusqu’ici, le nouveau Conseil a tenu trois sessions extraordinaires, toutes consacrées au Proche-Orient.

A chaque fois, il a décidé de l’envoi d’une mission, mais deux d’entre elles n’ont pas été autorisées par Israël à se rendre à Gaza et, si la troisième a pu se rendre au Liban, son rapport a ignoré les attaques du Hezbollah et ses recommandations n’ont pas eu d’effet.

«D’autres situations que le Proche-Orient méritent votre attention», lançait le mois dernier le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan au Conseil. D’où la tenue de la présente session, demandée par l’Union européenne (UE).

La mission Darfour devra faire rapport à la quatrième session ordinaire du Conseil, prévue du 12 mars au 6 avril.

Le texte finalement adopté ne condamne pas les violations des droits humains au Darfour, mais «exprime sa préoccupation devant la gravité de la situation» et demande à toutes les parties de signer et de respecter l’accord de paix.

«Crédibilité politique»

Malgré ces compromis diplomatiques, l’ambassadeur suisse Blaise Godet, également vice-président du Conseil, estime que «la mission aura une crédibilité politique», et qu’en décidant de son envoi, le Conseil «a fourni la preuve qu’il est en mesure de donner un signal d’une seule voix».

«Je suis soulagé, car si le Conseil n’avait pas été capable d’envoyer ce signal sur une des crises humanitaires les plus graves, l’institution n’en serait pas sortie grandie», ajoute Blaise Godet.

L’ONU estime que depuis 2003, plus de 200’000 personnes sont mortes au Darfour, où les violences continuent. Deux millions de personnes ont été déplacées et quatre millions y ont besoin d’aide.

«La Suisse a oeuvré pour faciliter la discussion afin de faire émerger un consensus, explique encore l’ambassadeur. Mais le compromis a été obtenu grâce aux efforts concertés du groupe africain et de l’Union européenne».

«Mieux que rien»

Les ONG de défense des droits de l’homme restent pour l’instant prudentes, estimant, comme les diplomates, qu’il est trop tôt pour énoncer un jugement définitif.

Dans les couloirs, un représentant d’Amnesty International confie: «si nous affirmons que le Conseil n’est pas meilleur que l’ancienne Commission, nous contribuons à discréditer le nouvel organe. Le Conseil vaut mieux que rien pour défendre les victimes».

Chacun admet qu’il aurait été naïf de croire qu’un organe de l’ONU, composé d’Etats, échappe à la politisation et à la sélectivité dénoncées au sein de la Commission, dissoute en mars après 60 ans d’existence.

swissinfo et les agences

Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU se réunit au moins trois fois par an pour un minimum de dix semaines. Il peut convoquer des sessions extraordinaires en cas de crise.
La Suisse a été élue au conseil le 9 mai pour un mandat de trois ans.
Un pays doit avoir l’appui d’au moins 16 pays membres pour convoquer une session extraordinaire.

Le Conseil des droits de l’homme, qui a son siège à Genève, remplace la Commission des droits de l’homme, largement discréditée.

Jusqu’ici, le Conseil des droits de l’homme a traité majoritairement du conflit israélo-palestinien.

La session consacrée au Darfour est la quatrième session spéciale. Les deux premières ont abordé la question des territoires palestiniens, la troisième celle du Liban.

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