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Recycler ou payer, les consommateurs ont le choix

La campagne de recyclage de bouteilles en PET. PET-Recycling Schweiz

L’entreprise chargée de récupérer les bouteilles en PET vides a lancé une ferme mise en garde aux consommateurs suisses.

S’ils ne recyclent pas plus de bouteilles, ils pourraient avoir à payer une consigne obligatoire.

PET Recycling Suisse a lancé une campagne nationale d’incitation au recyclage des bouteilles vides.

Si le taux de recyclage n’augmente pas, comme le demandent les autorités fédérales, celles-ci pourraient imposer une consigne sur toutes les bouteilles en PET.

La loi suisse exige en effet que les trois-quarts des bouteilles en PET (polyéthylène téréphthalate) soient récupérés et recyclés – un quota inégalé en Europe.

Mais l’année dernière, le taux de recyclage est retombé à 71%, ce qui a signifié un manque de 1,84 tonnes pour PET Recycling Suisse, soit quelque 50 millions de bouteilles.

L’avertissement pourrait surprendre bien des Suisses, qui se targuent d’être des modèles en matière de recyclage. Selon les statistiques, en effet, les ménages helvétiques sont les champions de la récupération des grandes bouteilles en PET, avec un taux de recyclage estimé à 90%.

Petite bouteille, gros problème

Mais les ennuis commencent avec les bouteilles d’un demi-litre et de 3,3 décis. La moitié d’entre elles finissent à la poubelle et sont incinérées ou, pire, jonchent le pays.

PET Recycling Suisse est en train de sensibiliser les gens avec un message clair: «Chaque bouteille compte!» «Une bouteille d’un demi-litre sur deux n’arrive pas dans la chaîne de recyclage», indique Jean-Claude Würmli, chef du marketing de l’entreprise.

«La difficulté vient du fait que le consommateur pense que sa bouteille ne compte pas vraiment. C’est une grave erreur», ajoute-t-il.

«Si chaque semaine, chaque Suisse jetait une seule bouteille en PET au lieu de la récupérer, ce seraient plus de 300’000’000 bouteilles qui seraient perdues.»

Une menace sérieuse

Jean-Claude Würmli ajoute que les gens ne devraient pas prendre la menace à la légère, car l’éventualité d’une consigne est bien réelle. «Elle est très sérieuse, dit-il, l’Office fédéral de l’environnement s’est montré très clair sur ce point.»

«Nous pensons que l’office introduirait une consigne obligatoire sur les petites bouteilles en PET, dans le meilleur des cas. Mais il est possible qu’il le fasse sur toutes les bouteilles.»

«Ce serait grave, car il ne faut pas oublier que 90% des grandes bouteilles en PET sont récupérées et recyclées», ajoute-t-il. L’introduction d’une consigne signifierait des coûts additionnels de quelque 120 millions de francs par an.

Points de recyclages insuffisants

PET Recycling Suisse, qui taxe les limonadiers de 4 centimes par bouteille pour couvrir ses coûts annuels de 43 millions de francs, s’est battu pour répondre aux demandes des consommateurs, qui se plaignaient que les points de recyclages sont insuffisants.

Actuellement, ils y a 21’000 points et 40’000 bennes dans le pays. «Nous y travaillons dur. C’est le plus vaste réseau de ramassage au monde par habitant et il s’y ajoute 50 nouveaux points de récupération chaque semaine», explique Jean-Claude Würmli.

L’entreprise a créé 1500 points pour la seule année 2004, en mettant la priorité sur les stations service, les kiosques et autres détaillants.

Mais Jean-Claude Würmli admet qu’il n’y aura jamais assez de conteneurs à portée de main pour tous les consommateurs: «Nous estimons qu’il en faudrait près de 300’000 pour toute la Suisse, mais c’est impossible», dit-il encore.

Conteneurs ou poubelles?

Un autre problème est créé par la situation des conteneurs de récupération, puisqu’en règle générale ils sont placés dans des endroits discrets, ce qui incite certains à y jeter des déchets.

«On trouve souvent des couches de bébé ou même des animaux morts. Entre 10 et 20% du contenu des bennes ne peut pas être recyclé», précise Jean-Claude Würmli.

«Cela représente 3000 tonnes de déchets que nous devons transporter nous-mêmes dans les stations d’incinération, qui nous font payer notre dû comme n’importe qui.»

Malgré ces différents problèmes, PET Recycling Suisse estime que le taux de recyclage minimum de 75% stipulé par la législation suisse est atteignable. Mais la barre est placée très haut par rapport au reste de l’Europe.

«Le taux minimum de récupération dans l’Union européenne est de 22,5%, ce qui signifie qu’en Suisse, nous en faisons trois fois plus», conclut Jean-Claude Würmli.

swissinfo, Robert Brookes à Zurich
(Traduction: Isabelle Eichenberger)

Il y a environ 1,2 milliards de bouteilles en PET en circulation en Suisse.
Le taux de recyclage a atteint 72% en 2002, mais est retombé à 71% en 2003.
Le budget annuel de PET Recycling de 43 millions de fr. vient d’une taxe de 4 centimes par bouteille, payés par les vendeurs et les limonadiers.
Il y a 21’000 points de récupération en Suisse.

– PET Recycling Suisse lance une campagne pour augmenter le taux de recyclage.

– Les autorités fédérales menacent d’imposer une consigne sur les bouteilles en PET si les 75% d’entre elles ne sont pas recyclés.

– Cette mesure impliquerait un surcoût de 120 millions de francs, qui seraient immanquablement reportés sur les consommateurs.

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