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Les recettes de chercheurs suisses pour diminuer le CO2

Les énergies renouvelables sont l'un des trois piliers de la stratégie concotée par les chercheurs de l'EPFZ. Keystone

Pour lutter contre le changement climatique, des chercheurs de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) estiment que chaque citoyen du monde ne devrait pas produire plus d'une tonne de C02 par an.

Aujourd’hui, un Suisse émet 9 tonnes de CO2 par an, alors que la moyenne mondiale se monte à près de 4,5 tonnes. L’EPFZ estime néanmoins qu’il est possible d’atteindre cet objectif ambitieux.

Dans le prolongement du cri d’alarme lancé l’an dernier par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), des scientifiques suisses ont proposé lundi à Zurich leurs recettes pour réduire les émissions mondiales de CO2.

Actuellement, chaque citoyen du monde produit environ 4,5 tonnes de gaz à effet de serre par an. En Suisse, cette moyenne annuelle grimpe à 9 tonnes. Or les chercheurs de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), estiment réaliste l’objectif d’une tonne de CO2 par année et par habitant à l’échelle planétaire, ceci d’ici la fin du siècle.

Car, le GIEC l’avait indiqué début 2007 dans son 4ème rapport, le réchauffement du système climatique est «sans équivoque». Les spécialistes de 113 pays y affirmaient aussi que l’activité humaine était «très probablement» à l’origine de l’augmentation des températures depuis le milieu du XXe siècle.

Pour les scientifiques de l’«Energy Science Centre» (ESC) de l’EPFZ – qui ont tenu compte des projections qui annoncent 10 milliards d’être humains d’ici la fin du siècle -, la limite d’une tonne de CO2 émise par année et par habitant de la planète constitue un seuil si l’on veut freiner «sensiblement» les changements climatiques.

Miser sur trois piliers

«Le but fondamental est de réduire les émissions de CO2. Il est possible de le faire à l’aide des énergies renouvelables. Ce qui est important, ce n’est pas la consommation énergétique en elle-même, mais plutôt l’utilisation d’énergies propres», a souligné le président de l’ESC Ralph Eichler.

Dans ce but, les chercheurs de l’ESC ont développé une stratégie énergétique fondée sur trois piliers. Présentée à la presse à Zurich, celle-ci prévoit en premier lieu d’accroître l’efficience technique des appareils à toutes les étapes de la consommation d’énergie.

Les chercheurs préconisent également d’introduire des instruments fiscaux susceptibles d’orienter le choix des consommateurs lors de l’achat d’un véhicule ou d’un système de chauffage et surtout de développer davantage les énergies renouvelables.

«Les énergies renouvelables ne sont pas très fiables car il est encore difficile de les stocker. Mais l’espoir est qu’elles deviennent dominantes dans la seconde moitié du siècle. D’ici là, les énergies fossiles et le nucléaire devront probablement faire le lien», a expliqué à swissinfo le professeur Konstantinos Boulouchos.

L’électricité en attendant

A ce propos, l’ESC propose donc de recourir davantage à l’électricité dans le système énergétique global comme troisième pilier de sa stratégie. «L’énergie électrique implique une production de CO2 moindre. Elle constitue la colonne vertébrale d’un système énergétique durable», font remarquer les chercheurs cités dans un communiqué.

Et d’estimer que l’électricité prendra une place toujours plus importante, non seulement dans le secteur du bâtiment, mais aussi dans les transports.

«Comme le passage d’un système énergétique à un autre prendra plusieurs décennies, il est important de commencer aujourd’hui. Autrement dit, il s’agit de construire une infrastructure adéquate également dans le pays en développement», ajoutent encore les chercheurs soucieux de la dimension planétaire de la problématique climatique.

Le rôle des politiciens

Réunissant 40 groupes de recherche, l’ESC est un centre de compétences interdisciplinaire qui s’occupe avant tout de la problématique du CO2. Sous sa houlette, plusieurs entités de l’EPFZ et de l’Université effectuent des recherches qui visent l’amélioration de l’efficience énergétique, par exemple dans le domaine des véhicules hybrides ou de la géothermie.

«Réaliste ou non, le but [d’une tonne de C02 par habitant et par année] doit être atteint. Il pourrait l’être à la fin du siècle», a souligné Ralph Eichler. Mais pour lui, les politiciens doivent prendre leurs responsabilités et ne pas laisser les citoyens seuls face à de tels défis.

«Cet objectif devra être imposé. Quant à nous, il nous faudra développer des techniques avantageuses économiquement afin que la population soit prête à les accepter.»

swissinfo, Scott Capper
(Traduction et adaptation de l’anglais: Carole Wälti)

En Suisse, le CO2 représente 80% des émissions de gaz à effet de serre.

Pour respecter les engagements du Protocole de Kyoto, Berne a fixé dans la loi un objectif de réduction de 10% par rapport au niveau de 1990, à atteindre d’ici 2010.

Constatant que les mesures volontaires n’y suffiront pas, le gouvernement a opté pour diverses mesures.

Un centime climatique sur les carburants est volontairement consenti par les milieux privés. La Confédération n’exerce aucune influence ni sur le degré de majoration des prix, ni sur les recettes. Celles-ci sont gérées par une fondation qui finance des mesures de réduction du CO2 en Suisse et à l’étranger.

Depuis 2008, une taxe obligatoire sur le CO2 grève uniquement les combustibles fossiles (huile de chauffage et gaz). Le gouvernement a par ailleurs annoncé la semaine dernière qu’il renonçait, pour le moment, à introduire une taxe sur les carburants (essence et diesel).

Enfin, un pays peut acquérir des certificats d’émission – une sorte de «droit de polluer – auprès de pays qui ont, eux, réussi à atteindre leurs objectifs de réduction.

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