Du Spoutnik à l’ISS en passant par E.T.

Jusqu'au 23 avril 2000, le Musée de la communication à Berne présente une exposition intitulée «Space», et sous-titrée «La communication dans l'espace». A découvrir, des documents, des maquettes et surtout, une utopie devenue réalité.

Jusqu’au 23 avril 2000, le Musée de la communication à Berne présente une exposition intitulée «Space», et sous-titrée «La communication dans l’espace». A découvrir, des documents, des maquettes et surtout, une utopie devenue réalité.

Comment communiquer plus loin, plus vite, plus efficacement? Dans les années 30, on imagina la fusée postale, chargée de livrer lettres et paquets avec une célérité incontestable, mais pas mal de dégâts à l’arrivée. A Berne, on peut voir les photos d’une expérience qui eut lieu entre le Mexique et les Etats-Unis, avec survol fulgurant du Rio Grande… Moins rapide peut-être, mais plus régulière, l’Aéropostale l’emporta.

La date fondatrice de la «communication dans l’espace», c’est le 4 octobre 1957, lorsque les Soviétiques coiffèrent au poteau les Américains en parvenant à placer sur orbite un premier «Spoutnik». Oncle Sam, vexé, parvint à ses fins le 31 janvier 1958, avec son premier «Explorer». Dès lors, l’aventure s’accéléra, et les «premières» s’additionnèrent… Dès 1962, «Telstar» facilita la communication entre les USA et l’Europe, et en 1965 s’envola «EarlyBird», premier satellite commercial conçu pour la retransmission des programmes télévisés.

L’exposition du Musée de la communication évoque cette période des «pionniers», et s’intéresse également à l’utilisation actuelle des satellites, qui a bouleversé notre vie sans que nous nous en rendions vraiment compte, soit en tant que transmetteurs de données (télévision, radio, téléphonie, GPS), soit en tant que collecteurs de données (géodésie, météo, espionnage etc.).

La communication dans l’espace est également à la source de la conquête de l’espace, et de la compréhension que nous en avons. Sans elle, il n’y aurait pas eu d’alunissage en 1969, ni de parole historique en direct, «Hubble» ne nous enverrait pas quotidiennement des images à nous couper le souffle, et le chantier actuel de l’ISS, la Station spatiale internationale dont le premier module a été placé en 1998, serait resté à l’état de rêve un peu fou.

Dans l’espace, on communique donc. Entre nous, humains. Mais on essaie aussi de communiquer avec l’autre, l’inconnu, l’alien… L’exposition de Berne évoque aussi les tentatives «sérieuses» visant à se mettre en contact avec d’éventuelles et probables intelligences extra-terrestres. Il s’agit d’expériences actives (la fameuse plaque métallique illustrée qui a accompagné les sondes spatiales Pioneer 10 et 11), ou passives (l’écoute systématique des signaux en provenance de l’espace).

Et c’est d’ailleurs là que la curiosité spatiale se mord la queue : en effet, la progression de la pollution électromagnétique rend la tâche toujours plus difficile aux chercheurs, l’intensité du trafic des données via l’espace nuisant gravement à l’écoute radioastronomique. Aujourd’hui, ce sont plus de 8800 objets de fabrication humaine qui se trouvent dans l’espace. Parmi eux, quelque 2600 satellites, 6150 débris qui gravitent autour de la Terre et 90 machines diverses qui poursuivent leur route vers l’infini. Cet engorgement spatial entraîne une pluie permanente de données, un bruissement continu qui menace d’isoler électriquement notre planète du reste de l’espace.

A Berne, on a trouvé la parade : un tableau noir et des craies permettent de s’adresser directement à E.T. et ses amis…

Bernard Léchot