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Essai de blé transgénique en Suisse

Centre de recherche sur le blé transgénique à l'Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich. Keystone

L'Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage autorise – sous conditions - l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich à disséminer de manière expérimentale du blé transgénique.

Le risque pour l’homme et l’environnement a été jugé acceptable.

L’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP) a pris cette décision jeudi, après avoir examiné une nouvelle demande de l’Ecole polytechnique fédéral de Zurich (EPFZ). Il a toutefois assorti son autorisation de conditions de sécurité «très strictes».

Ainsi, l’EPFZ devra obligatoirement couvrir les plantes transgéniques de tentes perméables au pollen pendant la floraison et elle ne pourra pas produire de semences de blé, de seigle ou de triticale à moins de 60 mètres.

Elle devra encore protéger la parcelle contre l’intrusion d’oiseaux et de rongeurs et veiller à ce que les gènes introduits ne se propagent pas en analysant le sol et le semis de couverture.

L’Ecole polytechnique devra enfin rendre compte régulièrement du déroulement de l’essai à un groupe d’accompagnement composé de représentants de l’OFEFP, du canton de Zurich, de la commune de Lindau et d’experts en écologie et agronomie.

Au terme de l’expérience, il lui faudra éliminer le matériel végétal génétiquement modifié en le brûlant et réaliser un traitement thermique du sol.

Les buts de cette expérience

A Lindau, l’EPFZ désire étudier deux blés d’été génétiquement modifiés sur une parcelle de huit mètres carrés. Les plantes expérimentales contiennent un gène kp4 qui détermine la formation de la protéine KP4.

La «protéine tueuse» KP4 a un effet antifongique et est censée empêcher l’infestation du blé par la carie du blé.

L’essai a pour objectif de vérifier si l’effet constaté en serre est le même dans des conditions naturelles. Les plantes contiennent non seulement des gènes KP4, mais aussi des gènes de tolérance aux herbicides et de résistance aux antibiotiques.

Le peuple tranchera

L’Office fédéral de l’environnement justifie sa décision par des «conditions générales qui ont évolué depuis novembre 2001».

Il fait surtout référence à la nouvelle loi sur le génie génétique qui autorise, jusqu’à fin 2008, les disséminations expérimentales de gènes de résistance aux antibiotiques à des fins scientifiques.

Cette loi, adoptée par le Parlement en mars 2003, va entrer en vigueur en janvier 2004.

Mais rien n’est encore définitivement joué. Ainsi l’initiative «Stop OGM» lancée par des organisations écologistes a abouti récemment.

Elles demandent un moratoire de cinq ans sur l’utilisation d’organismes génétiquement modifiés. Les Suisses devront donc se prononcer sur cette question.

30 jours pour faire recours

Cela dit, l’OFEFP ne cache pas son scepticisme sur sa propre décision d’autoriser l’EPFZ à procéder à cet essai. Il le trouve en effet «prématuré» et «peu utile».

D’une part, parce que la caractérisation incomplète du blé KP4 et le manque de méthode d’analyse réduisent le profit qui pourra en être tiré. Et d’autre part, les résultats des essais en serre et en halle de végétation n’étaient pas convaincants.

Les blés KP4 n’avaient montré aucune résistance accrue aux champignons. Au contraire, ils étaient même légèrement plus atteints que les plantes initiales – non modifiées génétiquement.

Cette autorisation peut faire l’objet d’un recours dans les trente jours
auprès du Département fédéral de l’environnement, des transports,
de l’énergie et de la communication (DETEC).

Une voie que va suivre Greenpeace, qui a déjà annoncé son intention de faire recours contre l’expérimentation «irresponsable» de blé transgénique.

L’organisation écologiste accuse l’Office fédéral de l’environnement d’avoir cédé aux pressions de la recherche et de l’industrie.

swissinfo avec les agences

– L’OFEFP a autorisé, jeudi, l’EPFZ à disséminer de manière expérimentale du blé transgénique.

– En mars 2003, le Parlement suisse avait adopté une loi sur le génie génétique non humain qui a pour but de réglementer strictement la dissémination et la mise en circulation d’organismes génétiquement modifiés (OGM).

– Le peuple suisse sera amené à se prononcer sur un moratoire de cinq ans sur l’utilisation d’OGM dans l’agriculture car l’initiative populaire «Stop OGM» a formellement abouti (120’824 signatures) durant le mois d’octobre.

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