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Genève ouvre un œil sur l’infini

Le satellite européen INTEGRAL va pouvoir scruter les trous noirs qui trônent au centre de certaines galaxies. The Integral satellite is expected to shed new light on the origins of life (picture: http://root.cern.ch)

Dans six mois, le satellite INTEGRAL partira en quête des sources de lumière les plus puissantes de l'univers. Et c'est à Genève qu'il transmettra ses données.

Extérieurement, rien ne permet de deviner que cette maison de maître et sa ferme, flanquée d’une vieille grange, regorgent d’ordinateurs et d’outils high-tech. C’est pourtant dans ce magnifique domaine de la campagne genevoise, à un jet de pierre de l’Observatoire, qu’est installé l’ISDC, pour INTEGRAL Science Data Centre.

A partir du mois d’octobre, c’est ici que seront réceptionnées, traitées et redistribuées à la communauté scientifique les données transmises à la Terre par le satellite européen. Et ceci grâce à des logiciels partiellement développés au Département d’astronomie de l’Université de Genève.

Thierry Courvoisier, directeur de l’ISDC, fait partie des hommes qui furent à l’origine de la mission d’INTEGRAL. «Dès le départ, nous pensions installer ce centre à Genève, explique le professeur. Nous avons donc créé un consortium d’instituts européens, qui est rapidement devenu crédible au point que les autres pays ont préféré s’y associer plutôt que d’entrer en concurrence avec lui».

L’espace est aussi un business

La Suisse, en effet, est membre fondateur de l’Agence spatiale européenne (ESA). Pour l’année 2002, elle participe pour 125 millions à son budget global de 4 milliards de francs.

Une somme dont 80% en gros revient au pays sous forme de commandes industrielles. Ainsi, outre l’installation en Suisse de l’ISDC, la mission INTEGRAL aura donnée du travail à l’Institut Paul Scherrer de Villigen (Argovie), concepteur de l’un des capteurs de rayons embarqués à bord du satellite.

Et, une fois n’est pas coutume, ce n’est pas Ariane, mais une super-fusée russe de type Proton qui mettra au mois d’octobre les quatre tonnes d’INTEGRAL sur orbite. Ceci sous forme de contre-affaire: les Russes – qui ne sont pas membres de l’ESA – fournissent gratuitement le lanceur et en échange, ils auront accès à des temps d’observation et à l’ensemble des données récoltées par le satellite.

Une forme de super-lumière

Tourné vers les profondeurs de l’espace, INTEGRAL va s’intéresser exclusivement aux rayons gamma. Il s’agit d’une forme de lumière à longueur d’onde beaucoup plus courte que la lumière visible et qui recèle des quantités d’énergie considérables.

Ainsi, un «grain de lumière» gamma peut contenir 100 000 fois l’énergie stockée dans une des particules qui forment un beau rayon de soleil d’été. Mais ceux-ci ne parviennent jamais sur Terre, arrêtés qu’ils sont par la ceinture de radiations entourant notre planète. D’où la nécessité de les observer à partir d’un satellite.

L’énigme des trous noirs

Pour les astrophysiciens, les rayons gamma présentent l’intérêt d’être générés par certains des objets les plus mystérieux de l’univers. Ainsi, la matière qui s’engouffre dans un trou noir libère avant de disparaître des quantités énormes de rayonnement gamma.

Grâce à INTEGRAL, on compte donc bien en apprendre davantage sur ces fameux «mangeurs de matière», qui sont à l’évidence d’anciennes étoiles éteintes, d’une densité dépassant toute imagination.

En observant certaines galaxies lointaines, les scientifiques ont acquis la quasi-certitude que le centre de notre Voie Lactée est occupé par un trou noir. Mais personne n’a jamais pu le prouver à cause des nuages interstellaires qui nous masquent cette portion du ciel. Or les rayons gamma sont précisément capables de passer au travers de ces nuages.

INTEGRAL, pourra peut-être permettre de «voir» ce trou noir, si tant est que le terme soit approprié pour un tel objet.

Des cataclysmes quotidiens

Autre grand mystère, sur lequel INTEGRAL pourrait apporter quelques éclaircissements: les «sursauts gamma». Depuis les années soixante, les astronomes savent que pratiquement une fois par jour se produit en un point ou l’autre de l’univers une explosion cataclysmique, qui, en quelques secondes, vaporise dans l’infini des masses de matière équivalent à celle d’une étoile.

Là aussi, c’est par le captage des rayons gamma que les scientifiques espèrent comprendre la raison de ces phénomènes d’une violence inouïe, comme il s’en produit sans arrêt dans l’immensité du ciel.

swissinfo/Marc-André Miserez

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