
La Suisse doit tirer les leçons de Lothar

Lothar n'a pas été le désastre écologique ou économique annoncé. Mais, pour mieux résister, il faut que nos forêts retrouvent leur état naturel.
Cinq ans après la tempête, l’Office fédéral de l’environnement (OFEFP) tire les enseignements de cette catastrophe. Et livre ses recommandations.
Le 26 décembre 1999, l’ouragan du siècle ravageait la Suisse et les pays voisins, laissant derrière lui 13,8 millions de mètres cube de bois à terre. Il fallait réparer les dégâts afin que les forêts conservent leur fonction protectrice contre les tempêtes.
Le parlement a donc mandaté l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP), lequel a rendu publique ce mardi à Berne les résultats de son étude.
Conclusion: malgré les dégâts, Lothar n’a pas été la catastrophe naturelle que l’on avait d’abord craint, que ce soit pour les forêts ou l’économie.
Mais l’OFEFP propose néanmoins une «stratégie de gestion des tempêtes» entre confédération, cantons et propriétaires fonciers.
Une stratégie qui permette de rendre les forêts proches de l’état naturel car elles résistent mieux aux tempêtes. En cas de nouvel ouragan, l’accent doit être mis sur le maintien de la fonction protectrice de la couverture boisée.
La régénération des forêts
Mais il y a cinq ans, l’ouragan d’une violence inouïe avait ouvert de véritables tranchées dans le paysage au nord des Alpes, qui en portent toujours les cicatrices.
Depuis lors, Confédération et cantons ont débloqué des crédits pour évacuer le bois couché par crainte d’attaques du bostryche. Sur les 509,5 millions de francs à disposition jusqu’à fin 2003, 309 millions ont été dépensés, note l’OFEFP.
Mais si Lothar n’a pas été la catastrophe écologique ou économique annoncée, c’est parce que les tempêtes favorisent la régénération des forêts et favorisent la diversité des espèces, souligne l’OFEFP.
Qui ajoute que les forêts protectrices pourront continuer d’exercer leur fonction pendant des années et dans bien des cas, il n’est pas nécessaire d’évacuer le bois.
Quant aux effets économiques et sociaux, ils sont restés «supportables», selon l’OFEFP. Il rappelle cependant que 16 personnes ont perdu la vie au cours des travaux d’évacuation et que l’événement a anéanti les investissements et les efforts de certains propriétaires pendant des décennies.
Bonne affaire pour le chauffage au bois
Conséquence positive de l’ouragan: les contributions débloquées ont dopé le chauffage au bois en Suisse. Les nouvelles installations subventionnées consomment chaque année 87’000 m³ de bois et économisent 60’000 tonnes de CO2 par rapport à l’énergie fossile.
Lothar ayant abattu d’un coup plus du double du volume exploité en Suisse en une année, le parlement a décidé d’en tirer parti. Il a voté un crédit de 45 millions, dans le cadre des programmes Energie 2000 et SuisseEnergie.
C’est ce qu’a rappelé ce mardi également l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) dans son rapport final sur le programme Lothar.
Entre août 2000 et décembre 2003, le programme qui visait à soutenir l’utilisation rapide et judicieuse du bois abattu et à encourager l’exploitation durable du bois d’énergie a appuyé 3719 projets.
La demande a été si forte qu’il a fallu refuser les nouvelles requêtes après quelques mois seulement et quelque 1700 projets sont restés sur le carreau.
Le bois couvre actuellement 2,3% de la consommation d’énergie suisse et 5% des besoins de chauffage. Les promoteurs de cette énergie estiment possible de doubler cette proportion d’ici à 2010.
swissinfo et les agences
Confédération et cantons ont débloqué 509,5 millions de francs jusqu’à fin 2003 pour évacuer le bois et éviter des attaques du bostryche. 309 millions ont été dépensés.
L’ouragan a couché 13,8 millions de m3 de bois, soit 3 à 4 % du volume sur pied.
Un cinquième des bois couchés ont été laissés sur place, le reste (11 millions de m³) vendu.
– Le 26 décembre 1999, l’ouragan Lothar ravageait la Suisse et les pays voisins, causant de gros dégâts aux infrastructures, bâtiments et forêts.
– 16 personnes ont perdu la vie au cours des travaux d’évacuation.

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