Le premier citoyen du pays a la fibre sociale

Le 1er janvier, Yves Christen deviendra président du Conseil national. Radical à la fibre sociale et écologique, il veut renforcer la cohésion nationale.
Elu lundi, le Vaudois succède au perchoir à la socialiste genevoise Liliane Maury-Pasquier.
C’est à l’ouverture de la session d’hiver du Parlement que Yves Christen a été élu à la présidence de la Chambre basse. Il a recueilli 129 voix sur les 156 exprimées.
Dans son discours d’ouverture, le radical a dénoncé «les quelques saboteurs qui mettent en péril la paix sociale, tout en s’assurant qu’ils sont eux-mêmes du bon côté».
Surnommé le «chef du village» par ses amis de Vevey, l’ancien syndic de la petite ville de la Riviera vaudoise est connu pour son humanisme et surtout pour son écoute. A ses yeux, la présidence du Conseil national constitue le sommet de sa carrière.
Membre du Parti radical-démocratique (droite), Yves Christen était considéré, dans les années 1980, comme très à droite.
Mais, confie l’ancien secrétaire général du Parti radical vaudois Nicolas Imhof, il a rallié le centre à mesure qu’il avançait dans la vie, qu’il côtoyait ses concitoyens veveysans et les employés de son entreprise de construction.
«Il lit beaucoup de livres de philosophie et de politique pour se tenir au courant et se remettre en question, c’est quelqu’un de très réfléchi», ajoute Nicolas Imhof.
Yves Christen surprend souvent. Il n’hésite pas à prendre le contre-pied de son parti ou de ses proches s’il pense que c’est son devoir.
«Il a le courage de changer d’avis, confient ses amis du parti. Il nous pousse toujours à nous interroger sur notre propre position.»
Un parfait bilingue
Nicolas Imhof voit dans le prochain président du Conseil national un homme d’écoute qui est ouvert à toutes les opinions.
Originaire de Cortaillod (Neuchâtel) et de Langnau (Berne), Yves Christen est né le 13 juillet 1941 à Berne. Formé sur les bancs de l’Ecole polytechnique de Zurich, cet ingénieur civil est parfaitement bilingue. Il est marié et père de deux enfants.
Pour mémoire, le futur président a été élu au Conseil national en 1995. Et c’est le seul mandat qu’il conserve encore aujourd’hui.
Au fil de sa carrière, il est passé par le Conseil communal de Vevey (de 1978 à 1985), par le Grand Conseil vaudois (de 1982 à 1985), puis par la Municipalité (dès 1986). Il a occupé la mairie de Vevey de 1990 à 2001.
Son aura cantonale s’est particulièrement développée lorsqu’il a pris les rênes du parti radical vaudois. Il a tenté d’inculquer une vision progressiste à sa formation de 1996 à 2002.
Hélas pour lui, en mars 2002, lors des toutes dernières élections cantonales, le «grand vieux parti» a perdu 10 sièges au Grand Conseil, cédant la première place aux socialistes.
L’homme ne se voit pas accéder un jour au Conseil fédéral. «La présidence du Conseil national sera l’apogée de mon parcours politique», confiait-il y a un an.
Un sportif accompli
Le personnage est aussi un sportif accompli. Il a pratiqué le judo. Il a même été champion suisse des poids légers en 1968, avant de remporter la coupe de suisse en 1970 avec l’équipe de Lausanne.
Il était même pressenti pour participer aux Jeux olympiques de Tokyo. Mais il s’est cassé le bras juste avant.
Durant quelques années, Yves Christen a aussi présidé le club de football de sa ville, le Vevey-Sports.
Il est enfin connu pour son amour du cyclisme. Il se rend, par exemple, très régulièrement aux congrès cantonaux de son parti sur son deux-roues. Que la réunion ait lieu à Château-d’Oex ou à la Vallée de Joux.
Rattraper le retard
Le nouveau président confie à swissinfo que sa tâche prioritaire sera de rattraper le retard accumulé par le Conseil national au cours des dernières années.
«J’espère, dit-il, que de nombreuses lois qui sont restées dans les tiroirs pourront être traitées.»
Yves Christen constate par ailleurs que la Suisse reste profondément divisée en matière de politique étrangère.
«Je souhaite que le pays puisse s’unir sur un projet de politique extérieure, conclut-il. La Suisse pourrait, par exemple, faire profiter l’ancienne Yougoslavie de son expérience du fédéralisme.»
swissinfo

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