
Une pépinière suisse des droits de l’homme
Le Service international pour les droits de l'homme, qui a attribué son prix à Mary Robinson, est une ONG indispensable à la défense des droits de l'homme.
L’un de ses fondateurs et actuel directeur, le Suisse Adrien-Claude Zoller, s’explique.
swissinfo: Adrien-Claude Zoller, le Service international pour les droits de l’homme est né en 1984, avec quelles ambitions?
Adrien-Claude Zoller: Au départ, c’était une coalition de personnes travaillant dans différentes organisations de droits de l’homme, toutes actives à Genève.
Nous étions tous confrontés au même problème: plus les instruments droits de l’homme des Nations Unies se développaient, plus ceux qui venaient du terrain et de régions éloignées se trouvaient démunis.
Nous avons voulu créer quelque chose pour que ces militants, défenseurs ou victimes aient accès aux informations et puissent ensuite améliorer leur formation.
Les premières qui en ont bénéficié sont les Mères de la Place de Mai (en Argentine, pendant la dictature, elles se réunissaient en public pour réclamer la vérité sur le sort de leurs enfants disparus).
Aujourd’hui, ces ambitions sont-elles toujours les mêmes?
A-C. Z.: Nous avons toujours la même vocation, mais nous faisons davantage d’efforts pour que chaque organisation des droits de l’homme ait la capacité d’être elle-même l’avocate de ses propres préoccupations.
Chaque année nous organisons plusieurs cours de formation, le principal à Genève pendant deux mois avec une bonne trentaine de participants, et une dizaine de cours en Afrique, Asie, Amérique du Sud et Europe de l’Est.
De ce point de vue, nous n’entrons donc guère en concurrence avec d’autres organisations, ce qui ne nous empêche pas de nous joindre régulièrement à elles lorsqu’elles lancent des campagnes d’information.
Et pourquoi, malgré tout cela, vous connaît-on si mal dans le grand public?
A-C. Z.: Parce que nous ne sommes pas intéressés par une publicité pour le Service international, mais pour ceux que nous aidons à devenir plus forts, c’est cela notre philosophie.
Cette attitude peut surprendre dans le milieu des organisations, notamment à Genève, où domine «la mentalité du podium». Il est d’ailleurs bien dommage que dans ce domaine chacun essaie de tirer la couverture à soi.
Nous préférons faciliter et renforcer des coalitions de militants sur des pays et sur des thèmes où les mécanismes onusiens nous paraissent faibles, entre autres sur le terrain des droits économiques, sociaux et culturels.
Propos recueillis par Bernard Weissbrodt

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