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Aide suisse d’urgence pour des Abkhazes

Village de Anaklia, dans le district de Zugdidi, en Géorgie. (Photo Markus Baechler/DDC) Keystone

La Suisse va aider des personnes déplacées dans les zones de conflit de la Géorgie. Le directeur de la coopération était sur place le week-end passé.

Walter Fust, directeur de la coopération et de l’aide au développement suisse (DDC), a passé son dernier week-end dans les environs de la Mer Noire, là où de part et d’autre d’une rivière tampon et démilitarisée se font face les deux secteurs géorgien et abkhaze d’un conflit oublié de l’Occident.

Dans cette région vivent entre 150 000 et 200 000 personnes repoussées loin de chez elles par la guerre civile. Elles s’y étaient installées en espérant n’y rester qu’un minimum de temps.

Hélas! Une décennie plus tard, elles sont encore là, plus démoralisées que jamais et à peu près dépourvues de tout.

Accompagné de l’un de ses collaborateurs, Markus Baechler, et du chef du bureau de coordination de la DDC à Tbilissi, Walter Fust a visité quelques-uns des villages des deux districts de Zugdidi (géorgien) et Gali (abkhaze) et constaté le dénuement de ceux qui y logent malgré eux.

Des pauvres dans un décor de paradis

Certes, du côté de Zugdidi, ces personnes déplacées logent dans des maisons en dur, mais, nous raconte Markus Baechler, «les conditions d’hygiène dans lesquelles ils doivent vivre sont vraiment épouvantables».

Elles n’ont pratiquement aucun moyen de subsistance, ni revenu ni accès à la terre. Elles reçoivent chaque mois en guise d’allocation l’équivalent de six ou sept dollars mais n’ont aucun droit vu que les autorités les considèrent comme étant «de passage».

Et pourtant, poursuit notre interlocuteur, «voilà une région extrêmement fertile, une nature très riche, qui avant la guerre produisait par exemple beaucoup de fruits. Aujourd’hui, le contraste est grand entre cet environnement généreux et la pauvreté de ces gens pris comme dans un piège».

De l’autre côté, ce n’est guère mieux: la sécurité y est très précaire, le banditisme semble faire la loi sans qu’on ne sache bien d’où il vient et comment il est organisé.

Et les gens qui s’y risquent dans la journée préfèrent souvent s’en aller la nuit en espérant ne pas se faire dévaliser.

Bref, résume Markus Baechler, «on peut comprendre pourquoi ces gens se montrent à la fois démoralisés et quelque peu agressifs: ils en ont marre de tous ceux qui viennent les voir et qui repartent sans jamais rien leur donner».

Priorité à l’eau potable

En plus des quatre millions et demi de francs suisses d’aide humanitaire annuelle qu’elle consacre de manière globale à la Géorgie, à l’Arménie et à l’Azerbaïdjan, la DDC ouvre donc un nouveau crédit urgent de 600 000 francs pour les personnes déplacées victimes du conflit abkhaze.

Ces moyens supplémentaires seront en priorité utilisés pour des travaux d’assainissement des eaux, pour la réhabilitation d’hébergements délabrés, pour une aide directe à une vingtaine de familles complètement démunies, ou encore pour l’appui à l’une ou l’autre initiative locale de développement.

La DDC appuie également le travail du Comité international de la Croix-Rouge dans cette région. Fin mai, le CICR y a lancé un nouveau programme d’aide alimentaire.

Les délégués qui participaient aux distributions de vivres se disaient alors bouleversés par l’extrême misère des personnes venues demander leur aide.

Fragile cessez-le-feu

S’agissant de la Géorgie, on rappellera aussi que la mission d’observation de l’ONU, créée en 1993 et composée de quelque 400 personnes, est depuis un mois dirigée par une Suissesse, Heidi Tagliavini.

Dans une interview publiée cette semaine par l’Agence télégraphique suisse, cette ancienne ambassadrice en Bosnie ne cache pas que le cessez-le-feu conclu en 1994 entre Géorgiens et Abkhazes reste fragile.

Les séparatistes abkhazes refusent tout nouveau règlement politique. Ils arguent, précise Mme Tagliavini, «que le statut de leur province a été réglé par un accord signé en 1992».

En juillet, le Conseil de sécurité de l’ONU réaffirmait «le droit inaliénable de tous les réfugiés et déplacés (du conflit abkhaze) à retrouver leurs domiciles dans des conditions satisfaisantes de sécurité et de dignité».

Les informations en provenance de cette région et les tensions actuelles entre la Géorgie et la Russie semblent cependant prouver que les victimes de ce conflit dont plus personne ne parle auront encore longtemps besoin de l’aide humanitaire internationale.

swissinfo/Bernard Weissbrodt

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