
Les chasseurs concentrent leurs tirs sur les cerfs

Il y a trop de cerfs! Pour la première fois de son histoire, le Valais permet de les chasser dans des réserves.
Une méthode de régulation dans des lieux de reproduction que n’applique pas le Tessin. Il préfère prolonger les tirs en fin de saison.
Depuis 1986, la réglementation fédérale sur la chasse stipule en effet que «la faune doit être contrôlée afin qu’elle reste diversifiée et qu’elle ne cause pas de dégâts à l’environnement et aux éleveurs».
Et sur le terrain, les cantons règlent toujours les détails en élaborant des plans quinquennaux et des avenants annuels. Ils ont donc la responsabilité de faire respecter la loi fédérale.
Et les sociétés cantonales de chasseurs sont au cœur du dispositif. La régulation du cheptel de gibiers constitue un principe fondamental à leurs activités.
Pour cette saison 2003, le Valais a trouvé une solution inédite pour arriver à contrôler son quota de 5000 cerfs. Il est en effet largement dépassé aujourd’hui.
Pour la première fois, les nemrods peuvent sortir leur fusil dans certaines réserves. Ce qui, en temps normal, est évidemment strictement interdit.
Dégâts aux forêts
Alors pourquoi autoriser le tir dans des districts francs (réserves) qui permettent aux différents gibiers de pouvoir se reproduire en toute quiétude?
«Il est vital que la population de cerfs ne dépassent pas les 5000 têtes», répond Yvon Crettenand, biologiste au service cantonal de la chasse.
Or c’est le cas depuis quelques années où les cerfs sont moins tirés, et provoquent des dégâts aux forêts.
«Certaines régions sont plus touchées que d’autres», précise le biologiste. Car en s’attaquant aux arbres, «le cerf met en danger le rajeunissement des forêts et le rôle protecteur qu’elles remplissent pour les villages qui sont en dessous».
L’instinct de survie
Et, instinct de survie oblige, le cerf connaît les endroits où il est à l’abri des tirs ennemis durant la période de chasse. Soit une centaine de réserves qui représentent la moitié des forêts du canton.
«C’est pour cette raison, précise Yvon Crettenand, que 27 de ces districts francs sont accessibles cette année aux chasseurs, car une grande majorité des cerfs s’y cachent».
Cette année, les chasseurs ont l’autorisation de tuer environ 1200 cerfs. Les années précédentes, ils ont tiré moins de 900 têtes durant les douze jours de chasse haute.
Cela dit, cette mesure n’est pas définitive. Selon le biologiste, elle s’inscrit dans un concept élaboré avec tous les partenaires de la chasse.
Et surtout, précise Yvon Crettenand, elle est mise en œuvre «à la lumière des connaissances biologiques de la faune et en tenant compte des contraintes imposées par l’éthique de la chasse».
Toutefois, si cette méthode de régulation s’avère efficace, il se peut que le canton introduise chaque année un tournus d’ouverture de quelques réserves. Entre une et six environ.
Sécheresse en cause
Il faut dire que la sécheresse de cet été n’a pas arrangé la situation.
«Avec cette chaleur, précise le biologiste, les cerfs ont cherché à se réfugier dans des combes froides d’altitude. Le problème, c’est qu’elles abritent en général des pâturages entretenus par des agriculteurs pour faire du foin. Ceux ci ont été saccagés».
Mais, certains milieux écologistes estiment que les dégâts occasionnés par les cerfs sont exagérés par les services cantonaux.
«Nous ne parlons pas de gros dégâts et nous n’exagérons rien», répond le biologiste cantonal.
Il est impératif, selon lui, que «la population de cervidés soit contrôlée afin que ces dégâts n’augmentent pas de façon catastrophique.»
«Cela relève du devoir des services cantonaux de la chasse que de pratiquer une politique de prévention», note encore Yvon Crettenand.
Quoiqu’il en soit, si la méthode constitue une première pour les chasseurs, elle ne l’est pas pour les gardes-chasse.
Des tirs de régulations sont effectués régulièrement dans les districts francs qu’ils soient cantonaux ou fédéraux comme les parcs nationaux.
Ils sont en général opérés par des employés cantonaux à la fin des saisons de chasse.
Cette façon de procéder est nécessaire, même dans des parcs nationaux comme celui des Grisons qui doit subir régulièrement des tirs de régulations sur les cerfs, les bouquetins et les chamois.
Méthode différente au Tessin
Cela dit, d’autres régions concernées par la chasse haute, comme le Tessin doivent également contrôler leurs cheptels. Mais pas question de confier cette tâche aux chasseurs dans les réserves.
«Au Tessin, nous régulons d’une manière différente», explique Marco Salvioni, responsable du service de la chasse.
Le canton, compte en effet une population de 3200 cerfs. Or, en l’an 2002, seules 660 bêtes ont été tirées, contre 900 en 2001 et 1040 en l’an 2000.
«Ces trois dernières années, ajoute Marco Salvioni, face au peu de tirs sur ces cervidés, nous avons rouvert la chasse à la fin de l’automne pour quelques jours. Mais la chasse dans les districts francs n’est pas envisagée».
Cette prolongation peut s’étendre jusqu’au début du mois de décembre.
swissinfo, Jean-Louis Thomas

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