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Les pays alpins renforcent leur collaboration policière

Ruth Metzler (Archives Keystone) expliquera la position de la Suisse à Constance. Keystone / Edi Engeler

La conseillère fédérale Ruth Metzler participe à la rencontre des ministres de l'Intérieur des six pays alpins, mardi, à Constance. A l'ordre du jour: le renforcement de la lutte contre la criminalité transfrontalière et l'extrémisme de droite.

Face à la montée du néonazisme, les polices ont une marge de manoeuvre très restreinte sur le plan légal. Les mouvements néonazis savent en jouer habilement, d’autant qu’ils tissent des liens de plus en plus étroits par-delà les frontières.

En Suisse, fédéralisme oblige, les choses sont encore plus compliquées et les mouvements néonazis et autres skinheads se font fort de se jouer des frontières cantonales.

Couronnant une série d’incidents croissants en nombre et en violence, le chahut organisé par une centaine de skinheads lors du discours du 1er Août du conseiller fédéral Kaspar Villiger au Grütli a décidé le gouvernement à réagir officiellement.

Ruth Metzler a lancé un véritable appel au peuple et le Conseil fédéral a décidé d’accélérer le réexamen des instruments de prévention et de répression. Et aussi, selon sa propre expression, «d’empêcher que des partis d’extrême droite allemands n’étendent leur rayon d’action à la Suisse».

Concrètement, un groupe de travail a été constitué sous la présidence d’Urs von Daeniken, chef de la Police fédérale. Il doit rendre compte de ses conclusions le 15 septembre, dans l’objectif d’affiner la collaboration entre polices cantonales et fédérale.

Mais la marge de manoeuvre de celles-ci est très étroite, car le droit pénal suisse comporte deux lacunes importantes, selon Marcel Niggli, professeur de droit pénal à l’Université de Fribourg et expert du groupe de travail.

Le professeur Niggli relève que «le port de symboles tels que la croix gammée n’est pas illégal en soit, parce que cela relève de la liberté d’opinion. En revanche, il est punissable si c’est de la propagande destinée au public. D’autre part, le code ne fait pas clairement la distinction entre une réunion privée et un meeting public».

La Suisse s’achemine donc peut-être vers une modification du Code pénal, moins sévère qu’en Autriche et en Allemagne, la France étant la plus sévère en matière de répression du discours raciste.

Mais, en Suisse comme dans les pays voisins, certaines voix déplorent qu’en matière de lutte contre l’extrême droite, le réflexe policier l’emporte sur la réflexion politique.

Isabelle Eichenberger

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