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Victoire à l’arraché d’un trafiquant d’armes

L'histoire pourrait s'appeler «le crime peut encore payer». Le sulfureux Monzer Al Kassar a récupéré son argent bloqué en Suisse.

Depuis 1992, la justice genevoise lui séquestrait 6,2 millions de dollars. La saisie des fonds a été levée par la Chambre d’accusation.

Monzer Al Kassar, 56 ans, alias Abou Monawar, Menzer Galioun et Monzer El Khaisar, né syrien, dispose d’un passeport diplomatique du Yémen et d’un passeport argentin. Depuis des années, ce personnage est qualifié par la CIA de «terroriste, de trafiquant de drogue et d’armes le plus dangereux du monde».

En 1992, les autorités espagnoles adressent une requête d’entraide internationale à la Suisse. Monzer Al Kassar est alors domicilié à Marbella. Le Ministère public genevois ordonne l’ouverture d’une enquête préliminaire à l’encontre du Syrien pour «blanchiment d’argent, défaut de vigilance en matières d’opérations financières, et faux dans les titres».

Son crime? Un trafic illicite d’armes polonaises à destination de pays de l’ex-Yougoslavie (Croatie et Bosnie). Monzer Al Kassar prétendait transporter du café, du thé et du lait pour le Yémen, alors qu’il s’agissait de kalachnikovs et d’armes anti-chars.

Ni suisse ni domicilié en Suisse

Le 18 juin 1992, la justice suisse lui bloque 6,24 millions de dollars sur un compte qu’il détenait à la Banque Audi à Genève. Depuis, le marchand d’armes, aidé par son avocat, François Canonica, va livrer une bataille digne d’entrer dans les annales judiciaires.

D’abord, la procédure espagnole s’achève par l’acquittement de ce marchand d’armes notoire. Les Espagnols ne réclament donc plus la saisie des fonds. En revanche, la justice genevoise, volontariste dans sa lutte contre le crime organisé et le blanchiment d’argent, maintient le blocage des fonds du trafiquant syrien.

Seulement voilà, Monzer Al Kassar est peut-être un sulfureux personnage, mais il n’est pas citoyen suisse et il n’est pas domicilié dans ce pays. De plus, les armes n’ont pas transité par la Confédération… Il n’y a que l’argen , placé dans une banque suisse.

3,3 millions de dollars

L’homme, qui est soupçonné depuis les années 70 d’être un trafiquant de drogue, d’armes, et un soutien pour le terrorisme arabe, réussit à récupérer 3 millions de dollars dans le courant des années 90.

En juillet 2002, le Tribunal fédéral avait déjà jugé illégale la confiscation des 3,2 millions de dollars restants. Malgré la nouvelle enquête lancée par le procureur genevois Jean-Bernard Schmid pour «faux dans les titres», Monzer Al Kassar vient d’obtenir gain de cause devant la Chambre d’accusation de Genève.

Les ennuis ne sont peut-être pas terminés pour le marchand d’armes. «Un procureur argentin a demandé six années de prison contre lui pour avoir obtenu d’une manière illégale la nationalité argentine», rappelle le journaliste Juan Gasparini.

Cet enquêteur a détaillé en 2000 dans le livre «La delgada linea blanca» (la mince ligne blanche) les liens entre Monzer Al Kassar et l’ancien président Carlos Menem, dont les parents sont originaires de Syrie.

swissinfo, Ian Hamel

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