Handicapés: la campagne qui dérange
«Arrêtons de payer pour les handicapés», le slogan a de quoi choquer. L'Assurance invalidité (AI) assume pourtant totalement le côté provocateur de sa nouvelle campagne, qui fleurit sur les murs du pays.
«Les handicapés sont inutiles». La campagne se déclinant différemment dans les trois grandes langues nationales, c’est certainement en italien que l’on trouve l’affirmation la plus provocante.
Mais ces slogans sont basés sur le principe du «teasing» (une première phase destinée à interpeller les passants, suivie dans un deuxième temps d’une phase d’explication). Au premier slogan s’ajoute donc désormais celui-ci: «parce que nous ne leur permettons pas de travailler».
En français, on aura vu par exemple «Arrêtons de payer pour les handicapés – et rémunérons-les pour leurs compétences professionnelles». Ou en allemand, «Les handicapés sont des malades de longue durée – et pourtant demain, ils seront les premiers au bureau».
De telles phrases visent à s’attaquer aux préjugés auxquels sont confrontés au quotidien les personnes atteinte dans leur santé, le but final étant de faciliter l’intégration des personnes handicapées dans le monde du travail, comme voulu par la 5e révision de l’AI. A partir de la semaine prochaine, la campagne passera également à la télévision.
Déjà les affiches n’ont pas manqué de faire réagir une série d’organisations de défense des handicapés, qui craignent une instrumentalisation et des effets contreproductifs.
«La société doit être sensibilisée», a répliqué jeudi Alex Oberholzer, qui travaille au département communication de l’AI et souffre lui-même d’un handicap. Les réticences des employeurs à engager des handicapés, surtout en temps de crise et la pression sur les coûts obligent l’AI à agir, y compris par une campagne de ce genre.
La démarche a aussi reçu le soutien du représentant du Centre pour la vie autonome. Peter Wehrli s’est dit agréablement surpris: «Pour une fois, je dois féliciter l’AI d’avoir le courage de prendre le taureau par les cornes.» A ses yeux, il n’y a pas d’autres moyens pour confronter les gens aux clichés sur les handicapés.
swissinfo.ch et les agences

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