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Une campagne pour lutter contre l’excision

Reuters

Toujours plus répandues, les mutilations génitales ne concernent pas seulement les pays africains. En Suisse également, de nombreuses fillettes sont excisées.

A l’occasion mercredi de la journée mondiale contre l’excision, l’UNICEF Suisse lance une campagne nationale contre cette pratique controversée.

Quelque 7000 fillettes et femmes vivant en Suisse auraient subi une excision, souligne la branche helvétique du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF).

Pour mettre fin à cette pratique, un large débat public est nécessaire, ceci également au sein des groupes de migrants, estime l’organisation d’aide aux enfants.

A l’occasion mercredi de la journée mondiale contre l’excision, elle lance donc une campagne nationale intitulée «Halte à l’excision». Celle-ci durera jusqu’au 8 mars, journée internationale de la femme.

Dans le cadre de cette campagne, des expériences menées en Afrique et en Europe pour mettre fin à l’excision seront présentées à Berne les 21 et 22 février.

Au début du mois de mars, l’écrivaine somalienne Fadumo Korn, qui a elle-même été excisée, se rendra dans des écoles pour faire part de son expérience. Dans son pays, ainsi qu’en Egypte, la plupart des femmes sont excisées.

Afrique du Nord-Est et de l’Ouest

Les mutilations génitales féminines (MGF) sont en effet pratiquées avant tout dans les pays d’Afrique du Nord-Est et de l’Ouest.

En Egypte et en Somalie, mais aussi en Guinée et au Mali, plus de 90% des femmes sont excisées. Dans d’autres pays par contre, l’excision se limite à des groupes ethniques ou à des régions précis. C’est notamment le cas dans les pays du Proche-Orient, en Inde, en Indonésie et en Malaisie.

La situation s’améliore en revanche dans certains pays d’Afrique, comme au Burkina Faso où la proportion de femmes mutilées est passée en une dizaine d’année de deux tiers à un peu moins de la moitié.

«Pour ces dernières années, les données statistiques disponibles semblent indiquer, parmi les jeunes femmes, une tendance croissante à rejeter cette pratique. En dépit de fortes résistances, la lutte contre les MGF commence à porter ses fruits dans de nombreuses communautés», note l’UNICEF dans une brochure consacrée au sujet.

Séquelles à vie

Reste que dans le monde, ce sont quelque 3 millions de filles qui sont excisées chaque année, selon l’UNICEF. Or l’organisation s’est fixé pour but de mettre fin à cette pratique en l’espace d’une génération.

Pour y parvenir, elle cherche à faire pression au niveau politique et à engager le dialogue avec les leaders religieux et familiaux. Favoriser la reconversion professionnelle des anciennes exciseuses ainsi que l’instruction des filles font également partie des mesures préconisées par l’organisation.

«Cette pratique douloureuse et dangereuse pour la santé est une entaille profonde dans le corps et l’âme des petites filles», souligne l’UNICEF, rappelant que l’excision entraîne des séquelles à vie.

Pour une norme pénale en Suisse

Pour sa part, l’UNICEF Suisse plaide pour que cette pratique soit condamnable en justice. Elle demande l’introduction dans la législation d’une norme pénale interdisant l’excision, qu’elle considère comme une violation des droits humains.

Au Parlement, une intitiative demandant l’interdiction de l’excision a déjà été acceptée par la commission compétente. L’Assemblée fédérale doit encore se prononcer.

«Il est clair que la répression est importante, mais ce n’est pas suffisant. Il faut que la population soit mieux informée, surtout celle qui est directement concernée», a souligné mercredi Alexandra Rossetti d’UNICEF Suisse lors d’une conférence de presse à Genève.

«Il faut convaincre les parents que ces mutilations causent de grandes souffrances et représentent une menace pour la santé des filles», a renchéri Elsbeth Müller, secrétaire générale d’UNICEF Suisse.

Sur le plan juridique, un procès lié à un cas de mutilation sexuelle s’ouvrira en mars ou en avril en Suisse. Une première.

swissinfo et les agences

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 100 à 140 millions de femmes et de jeunes filles ont subi des mutilations génitales.

Et selon l’UNICEF, trois millions de nouvelles jeunes filles âgées de 4 à 12 ans sont excisées chaque année.

Toujours selon les estimations de l’UNICEF, quelque 7000 femmes ou filles excisées vivraient en Suisse. La plupart sont originaires de Somalie, d’Ethiopie et d’Erythrée.

En raison de l’immigration, l’excision se pratique aujourd’hui aussi sur le continent européen. Elle est notamment interdite en Autriche, en Belgique, en France, au Danemark, en Angleterre, en Norvège, en Espagne et en Suède.

La clitoridectomie consiste en l’ablation complète ou partielle du clitoris, des grandes lèvres et des petites lèvres.

L’infibulation dite excision pharaonique consiste en l’ablation complète du clitoris et des petites lèvres. Des entailles sont ensuite pratiquées sur les grandes lèvres qui sont suturées. L’urine et le flux menstruel s’écoulent par un minuscule orifice.

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