L’affaire Raoul provoque un psychodrame en Suisse
La décision de la justice du Colorado de juger le petit Raoul pour inceste aggravé suscite l'indignation des médias et d'une partie de la population suisses.
La décision de la justice du Colorado de juger le petit Raoul pour inceste aggravé suscite l’indignation des médias et d’une partie de la population suisses.
Dans les heures qui ont suivi la décision de la juge Marylin Leonard, le ministère suisse des Affaires étrangères a reçu une centaine d’appels téléphoniques, de fax et de e-mails : une réaction totalement inhabituelle, selon le ministère.
Certain de ces messages appelaient même à la rupture des relations diplomatiques entre Berne et Washington. Mais la plupart soulignaient la disproportion qui existe entre les faits reprochés au petit garçon et les mesures prises par l’appareil judiciaire du Colorado.
De fait, cette affaire a de quoi surprendre. Selon le psychiatre genevois Georges Abraham, l’attitude du petit Raoul relève plus de la découverte de la sexualité que d’une quelconque pathologie. Et même si les faits révélaient des actes plus graves, Raoul aurait alors besoin d’un traitement psychothérapeutique plutôt que de mesures de justice qui risquent de provoquer un traumatisme chez l’accusé et sa demi-soeur âgée de cinq ans.
Le comportement des autorités judiciaires et policières du Colorado est également décrié par la section suisse d’Amnesty international. D’ailleurs, les avocats de l’accusé ont déposé plainte contre la magistrate en charge de l’instruction du dossier et contre les policiers qui ont arrêté le petit Raoul.
L’indignation manifestée en Suisse est donc légitime. Mais les proportions prises par l’affaire surprennent tout de même.
Certes, le fait que l’accusé soit, en l’occurrence, un enfant âgé de onze ans et qu’il ait la double nationalité suisse et américaine jouent un rôle important. Mais, au-delà, les réactions des Suisses sonnent comme un ras-le-bol vis-à-vis de l’Amérique. Un pays adulé par les Helvètes, jusqu’à l’affaire des fonds en déshérence.
Frédéric Burnand
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