
L’ancienne star du Credit Suisse devant ses juges

Ouverture, lundi à New York, du procès de Frank Quattrone, l’ex-responsable des valeurs technologiques du Credit Suisse First Boston (CSFB).
La star de la finance est accusée d’avoir ordonné à ses collaborateurs de détruire des courriers électroniques compromettants.
Du temps de la splendeur de la nouvelle économie, l’homme fort du CSFB, la banque d’investissement du Credit Suisse Group (CSG), était porté aux nues.
Mais depuis lundi, Frank Quattrone est jugé à Manhattan pour obstruction à la justice.
L’ex-banquier, dont le CSFB s’est séparé en début d’année, est accusé d’avoir ordonné à plusieurs collaborateurs de détruire certains courriers électroniques alors que la banque, et la cellule technologique du CSFB en particulier, étaient l’objet d’une enquête de la Securities and Exchange Commission (SEC).
A cette période, l’autorité de surveillance financière américaine était à la recherche d’éventuelles irrégularités ayant été commises dans le cadre de la mise en bourse de sociétés technologiques.
Une question de timing
Les deux entités s’interrogeaient sur l’efficacité des mesures décrétées par le CSFB pour éviter les conflits d’intérêts entre les analystes et les banquiers d’affaires.
Un différend qui s’est, depuis, réglé à l’amiable. Le CSFB, qui n’a jamais reconnu avoir mal agi, a néanmoins payé 100 millions de dollars pour faire cesser les poursuites.
Frank Quattrone, qui a reçu plus de 200 millions de dollars de salaire entre 1998 et 2001, risque aujourd’hui une peine de deux ans de prison s’il est reconnu coupable des charges qui pèsent sur lui.
Toute la question repose principalement sur un seul courrier électronique, rédigé par quelqu’un d’autre, que l’ancienne star de Wall Street aurait envoyé à tout son département en demandant à ses collaborateurs de «mettre de l’ordre» dans leurs dossiers.
Au cœur du problème, une question de timing. Le message a été envoyé quelques jours seulement après le début d’une enquête menée conjointement par la SEC et l’Association américaine des courtiers en bourse (NASD) sur les pratiques de la banque en matière d’IPO.
N’en déplaise aux apôtres de la transparence et de l’amélioration des pratiques bancaires après les excès de la fin des années 90, le procès qui s’ouvre aujourd’hui n’abordera pas ces questions.
Obstruction ou rien
Le tribunal ne se penchera que sur une seule question: Frank Quattrone a-t-il oui ou non voulu soustraire des preuves à la justice?
A charge pour les avocats de l’ancienne star du CSFB de prouver que l’envoi du courriel en question n’est pas directement lié aux enquêtes de la SEC et de la NASD.
Compte tenu de l’hostilité de l’opinion publique à l’encontre des excès perpétrés à Wall Street durant les années 90, les avocats de Frank Quattrone devront convaincre le jury de ne pas faire payer au banquier les comportements délictueux qui animaient l’ensemble de l’industrie de la finance.
swissinfo, Jacob Greber à Zurich
(Adaptation: Jean-Didier Revoin)

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