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La guerre a commencé en Irak

Encore limitées, les frappes sur Bagdad ont commencé à l'aube. Keystone

Trois séries de raids ont secoué Bagdad jeudi à l'aube marquant le début d'une guerre lancée par les Etats-Unis pour renverser Saddam Hussein.

Les premières attaques auraient visé la tête du régime, alors qu’au sol les troupes restent immobilisées.

Des avions de combat ont survolé la capitale, les batteries de DCA irakiennes ont ouvert le feu et les sirènes d’alerte aérienne ont retenti vers 05h30 (03h30 suisses), une heure et demie après l’expiration de l’ultimatum américain à Saddam Hussein. Le président irakien avait jusqu’à 02h00 pour choisir entre l’exil ou la guerre.

A la Maison Blanche, le président George W. Bush s’est adressé à la télévision pour annoncer que «les premières étapes de ce qui sera une campagne large et concertée» avaient commencé. «Sur mon ordre, les forces de la coalition ont commencé à frapper des objectifs ciblés pour leur importance militaire.»

Force décisive

Dans une allocution depuis le bureau ovale de la Maison Blanche, qui a duré quatre minutes, M. Bush a affirmé que le dirigeant irakien Saddam Hussein avait placé des troupes et du matériel militaire dans des zones civiles afin de se servir de la population comme de boucliers humains.

La seule façon de gagner le conflit est d’utiliser «une force décisive», a souligné le président américain, qui a déployé plus de 255 000 militaires armés de centaines d’avions, de chars, d’hélicoptères et de navires autour de l’Irak, dans la région du Golfe et en Méditerranée.

«Maintenant que le conflit a commencé (…), je vous assure que ce ne sera pas une campagne de demi-mesures», a-t-il dit. Il a promis aux «Américains et au reste du monde» que «les forces de la coalition feront tout leur possible pour épargner les civils».

George W. Bush a ajouté qu’une «campagne sur le difficile terrain d’une nation aussi vaste que la Californie pourrait être plus longue et plus difficile que certains ne le prédisent».

Décapiter le régime

Selon des chaînes de télévision américaines, citant des sources militaires anonymes, la guerre a débuté par plusieurs séries de bombardements de précision visant des installations du pouvoir irakien.

Ces bombardements, déclenchés parce qu’une «opportunité» s’est présentée, avaient pour objectif de «décapiter» le régime de Saddam Hussein avec des missiles de croisière, selon la chaîne CNN. Des tirs ont concerné Bagdad et le sud de la capitale, où des dirigeants du régime pouvaient se trouver, a-t-on précisé de même source.

Selon NBC, qui cite des sources militaires américaines, Saddam Hussein était la cible de cette première vague de bombardements. Ces bombardements ont été accompagnés d’opérations clandestines de sabotage et ont été le fait d’avions bombardiers furtifs F-117, de bombardiers stratégiques B-52 et de missiles de croisière lancés de navires croisant dans la région.

«Un crime honteux»

Trois heures après les premières frappes, le président Saddam Hussein est apparu à la télévision irakienne pour dénoncer «un crime honteux contre l’Irak et l’humanité» perpétré par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.

Revêtu de son uniforme militaire, le leader irakien a appelé chacun à «sortir l’épée pour défendre la nation.»

«Au nom du peuple irakien, nous promettons aux nations arabes et à nos amis que nous combattrons l’occupant jusqu’à ce qu’il perde patience», a déclaré Saddam, convaincu que l’Irak serait victorieux.

Préparer le terrain

Ces premières frappes ont été de nature limitée en prélude à des opérations militaires plus intenses, a indiqué un haut responsable du Pentagone. «C’est quelque chose de limité. Ce n’est pas le ‘jour A’», c’est-à-dire le début d’une campagne aérienne massive, a déclaré ce responsable à l’Agence France Presse.

«Nous en sommes à une phase critique et nous sommes manifestement en train de préparer le champ de bataille», a-t-il ajouté.

Déclaration confirmée à Londres, où une source du gouvernement britannique déclare jeudi matin, sous couvert d’anonymat: «ce n’est pas le début de la grande campagne, c’est un exemple de ce que peut faire la technologie militaire moderne lorsqu’on a une cible que l’on estime opportun d’attaquer».

Pas encore d’attaque au sol

Près de 175 000 soldats américains et britanniques se trouvent dans le nord du Koweït, attendant l’ordre de déclenchement d’une invasion.

Toutefois, ces forces «n’ont pas encore reçu ordre de lancer une invasion terrestre de l’Irak mais elles sont prêtes», a déclaré un porte-parole militaire britannique, le colonel Chris Vernon, jeudi matin à l’agence Reuters.

Un porte-parole de l’armée américaine, le commandant David Andersen, a indiqué pour sa part qu’il n’était pas en mesure de confirmer un quelconque mouvement de troupes pour le moment.

Un journaliste de l’agence Reuters sur place a toutefois constaté que les troupes d’infanterie ont fait mouvement jeudi matin pour se rapprocher de la frontière irakienne.

Mercredi, des soldats américains et britanniques étaient entrés dans la zone démilitarisée entre le Koweït et l’Irak, évacuée en début de semaine par les observateurs de l’ONU.

En Afghanistan aussi

Plus tôt dans la journée, le président Bush a déclaré au Congrès que ces frappes faisaient partie de la guerre mondiale contre le terrorisme et que les forces américaines lançaient parallèlement une opération en Afghanistan.

Quelque 1000 soldats de la 82ème division aéroportée sont en train de se déployer dans une zone située au sud-est de Kandahar, le fief des talibans.

Les Etats-Unis recherchent des partisans du régime islamiste des talibans et des membres d’Al-Qaïda qui seraient cachés dans le sud de l’Afghanistan.

Appel au respect du droit humanitaire

Peu après les premières frappes sur l’Irak, le Comité international de la Croix Rouge (CICR) a diffusé un communiqué appelant au respect du droit international humanitaire. Il exhorte les parties au conflit à prendre toutes les précautions pour limiter le nombre de victimes civiles.

Le CICR rappelle en particulier que les attaques dirigées contre les civils sont interdites, de même que les attaques qui ne font pas de distinction entre les objectifs militaires et les civils ou leurs biens.

Les armes frappant aveuglément ou causant des maux superflus sont interdites par le droit international humanitaire, de même que les armes chimiques et biologiques, insiste l’organisation. Le CICR exhorte également les parties au conflit à ne pas faire usage des armes nucléaires.

Le CICR a maintenu sur place dix expatriés, à Bagdad et dans le Kurdistan. Le CICR dispose en outre de 360 employés locaux.

Les partis politiques suisses consternés

En Suisse, les partis gouvernementaux ont réagi jeudi avec tristesse et consternation aux premières frappes américaines sur l’Irak.

Interrogée par la radio alémanique DRS, la présidente du parti radical (centre droit) Christiane Langenberger a dit regretter le début de la guerre, même si elle était prévisible depuis longtemps. Cette attaque américaine est à condamner, a-t-elle souligné.

Pour le président du Parti démocrate-chrétien Philipp Stähelin, Berne doit suspendre dès maintenant toute livraison de matériel de guerre aux belligérants.

Le président de l’UDC (droite nationaliste) Ueli Maurer insiste sur un strict respect de la neutralité. La Suisse doit en effet se préparer à accueillir une conférence internationale, à offrir ses bons offices et à être active sur le plan humanitaire.

Le parti socialiste demande lui aussi que l’on renonce à tout soutien, «même minime», aux pays belligérants, souligne le porte- parole Jean-Philippe Jeannerat. Le gouvernement doit geler immédiatement toute collaboration avec ces pays au niveau de l’armement, selon lui.


swissinfo et les agences

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