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Les ‘garçons’ étonnent, les ‘filles’ détonnent

Sonja Nef (gauche) après une chute et Bruno Kernen lors de sa troisième place au Lauberhorn. Keystone

A moins de deux semaines du début des Championnats du Monde de ski alpin de Saint-Moritz, la cote de l'équipe masculine suisse est à la hausse.

En revanche, l’équipe féminine est en déroute. Elle se cherche un nouveau souffle.

Groggy après sa déconfiture enregistrée à Salt Lake City, le ski suisse s’était donné quatre mois pour remonter la pente et se refaire une santé.

Les efforts consentis, du côté des hommes, semblent donner de bons résultats. Depuis le début de la saison à Sölden, l’équipe masculine a enchaîné les bons résultats et les podiums dans presque toutes les disciplines de Coupe du monde, slalom spécial mis à part.

Pour elle, la déroute des Jeux olympiques semble donc ne plus être qu’un mauvais souvenir. La preuve encore le week-end dernier à Wengen, où Bruno Kernen a remporté la mythique descente du Lauberhorn.

Mais, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. L’équipe féminine manque de réussite. On a pu le constater à Cortina d’Ampezzo, elle a bu le calice jusqu’à la lie.

A la peine depuis le début de la saison (Sonja Nef mise à part), les Suissesses n’ont jamais réussi à rivaliser avec les meilleures sur les pistes italiennes.

Pire, elles ont été reléguées à chaque fois au-delà des dix premières places. A la veille des Mondiaux, ce constat, ne manque pas d’inquiéter les entraîneurs et les pontes de la Fédération suisse de ski.

«En quelques jours, elles ont complètement perdu confiance et leur moral est au plus bas», reconnaît Jean-Daniel Mudry, le directeur de Swiss-ski.

Aveu d’impuissance



«Nous avons accumulé les problèmes depuis le début de la saison et nous nous retrouvons aujourd’hui dans une situation peu enviable», analyse, amer, Angelo Maina.

Et l’entraîneur des Suissesses avoue son impuissance: «Lorsque les choses ne vont pas en ski, il est toujours difficile de trouver des explications et des solutions. Les entraîneurs peuvent donner des conseils mais c’est aux filles de réagir».

Visiblement, le malaise n’épargne personne. Ainsi Sonja Nef ne domine plus sa discipline du géant avec la même aisance que l’an dernier. Corinne Rey-Bellet, blessée au genou droit, n’arrive pas à retrouver son meilleur niveau.

Pour leur part, Sylvianne Berthod, Catherine Borghi et Marlies Oester se «contentent» de classements parmi les quinze premières. Et Fränzi Aufdenblatten, elle, peine à confirmer pleinement ses bonnes dispositions de l’an dernier.

Enfin, comble de malchance, la Jeune Zougoise Tamara Müller qui a manqué d’un rien le premier podium de sa carrière mercredi dernier s’est cassée la clavicule.

Retour gagnant de «Karl de Fer»

Heureusement, l’équipe masculine ne connaît pas les mêmes problèmes. Michaël von Grünigen survole toujours la discipline du slalom géant.

Didier Défago a fêté sa première victoire en Super-G une semaine après le succès de Didier Cuche. Enfin en descente, Bruno Kernen a mis fin à cinq ans de disette en remportant le Lauberhorn.

Ce bon début de saison s’explique en partie par le retour aux commandes de Karl Freshner. Surnommé «Karl de Fer» dans le milieu du Cirque blanc, l’entraîneur Autrichien aux méthodes musclées a déjà connu la gloire à la tête de l’équipe de Suisse.

C’est en effet à lui que l’on attribuait, il a y peu, les réussites de coureurs tels que Peter Mueller, Pirmin Zurbriggen ou encore Franz Heinzer.

Aujourd’hui, son retour en tant qu’entraîneur principal des hommes a, certes, coïncidé certes avec quelques licenciements intempestifs de cadres. Mais, il est surtout synonyme de nouveaux succès.

Fidèle à son habitude, Karl Freshner ne s’emballe pas. «Il ne faut pas se faire d’illusions, ne cesse-t-il de marteler depuis sa prise de pouvoir. Nous sommes trop peu pour être toujours au top.»

C’est là sa façon de conjurer le sort et d’évacuer la pression à quelques jours du grand rendez-vous grison. Il pourrait bien revêtir son manteau de «sauveur de la nation».

swissinfo, Mathias Froidevaux

Les Championnats du monde de ski 2003 de Saint-Moritz se dérouleront dans la station grisonne du 2 au 16 février.

Il y a douze ans à Cran-Montana, lors de la derniers Mondiaux sur sol helvétique, les Suisses avaient placé la barre très haut en remportant 14 médailles, dont huit titres sur dix.

Aujourd’hui, Didier Cuche, Michaël von Grünigen, Bruno Kernen, Sonja Nef ou Corinne Rey-Bellet savent déjà qu’ils ne pourront pas imiter leurs illustres prédécesseurs d’alors (Pirmin Zurbriggen, Maria Walliser, Vreni Schneider, Erica Hess ou Peter Müller).

Pour ces Mondiaux de Saint-Moritz, Swiss-ski ne se risque à aucun pronostique concernant d’éventuelles médailles.

-En remportant une médaille de bronze lors de la dernière épreuve de ski alpin du slalom géant des Jeux olympiques Sonja Nef avait évité aux Suisses de rentrer bredouille de Salt Lake City.

-En plein doute, le ski suisse s’était donné quatre mois pour remonter la pente avant les Mondiaux de Saint-Moritz.

-Le bon début de saison des hommes laisse penser que pour ces derniers – et malgré le pessimisme de Karl Freshner – le pari est en passe d’être réussi.

-Les Suissesses par contre sont toujours à la recherche de leur forme. Il ne leur reste que les épreuves de Maribor pour espérer se rassurer avant le début des Mondiaux de Saint-Moritz.

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