Maurice Papon a quitté la Suisse
Arrêté dans la station touristique de Gstaad jeudi, l'ancien haut fonctionnaire du régime de Vichy a été expulsé vers la France vendredi. Le gouvernement suisse a opté pour cette procédure de renvoi sans voie de recours, invoquant les intérêts de l'Etat.
Arrêté dans la station touristique de Gstaad jeudi en fin de soirée, l’ancien haut fonctionnaire du régime de Vichy a été expulsé vers la France vendredi en fin d’après-midi. Le gouvernement suisse a opté pour cette procédure de renvoi sans voie de recours, invoquant les intérêts de l’Etat.
La Suisse, par cette procédure très rarement appliquée, entend mettre clairement en évidence sa volonté de participer pleinement et activement à la poursuite des crimes contre l’humanité. A ce propos, d’ailleurs, la ministre suisse de la justice, Mme Ruth Metzler, a indiqué que la création d’une disposition pénale sur les crimes contre l’humanité était en préparation à Berne. Et elle a rappelé la contribution déterminante de la Suisse à l’aboutissement de délicates négociations, l’an passé à Rome, pour la création d’une Cour pénale internationale, qui est l’illustration même de cette volonté de la communauté internationale de disposer des moyens de poursuivre efficacement à l’avenir les crimes contre l’humanité.
Berne a choisi, dans le cas de Maurice Papon, la voie la plus rapide. En invoquant la sécurité et les intérêts de l’Etat, le gouvernement suisse évitait tout retard dû à de possibles procédures de recours.
Les autorités suisses avaient promulgué une interdiction d’entrée à l’endroit de Maurice Papon le 14 octobre dernier. Mais à ce moment-là, ce dernier était déjà en Suisse depuis trois jours. Fait piquant, il aurait même mangé à quelques mètres du ministre suisse de l’économie, Pascal Couchepin, dans un restaurant de Martigny, en Valais.
C’est toutefois dans un hôtel de la station de vacances de Gstaad, dans l’Oberland bernois, que Maurice Papon, qui s’était inscrit sous le nom de Roger de La Rochefoucault, a été repéré et arrêté, jeudi soir, par la police. Victime d’une tachycardie au moment de son arrestation, il avait été transféré à la station cellulaire de l’hôpital universitaire de Berne.
Pierre-André Tschanz
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