Procès du «Mengele de l’apartheid» : la Suisse est concernée
Ouverture, ce lundi, en Afrique du Sud, du procès de Wouter Basson (photo d'archive). L’ancien chef du programme sud-africain de recherches en matière d'armes chimiques et biologiques est accusé de meurtres et de détournements de fonds.
Ouverture, ce lundi, en Afrique du Sud, du procès de Wouter Basson. L’ancien chef du programme sud-africain de recherches en matière d’armes chimiques et biologiques est accusé de meurtres et de détournements de fonds. Son affaire concerne la Suisse à plusieurs titres.
Le Docteur Basson aurait tué 16 personnes et aurait tenté d’en assassiner 13 autres à l’aide de l’un des nombreux poisons qu’il a contribué à mettre au point à l’époque de l’apartheid. Par ailleurs, toujours à la même époque, celui que l’on surnomme «Doctor Death» (Docteur La Mort) aurait détourné des fonds publics par l’entremise de sociétés financières établies notamment aux Etats-Unis, au Luxembourg et en Suisse.
C’est par ce biais que la Suisse est concernée. Mais elle l’est aussi à d’autres titres. Il semble, en effet, établi que le Docteur Basson a rencontré à l’époque en Suisse, et au moins à deux reprises, l’ancien chef des services suisses de renseignements Peter Regli. Wouter Basson avait, d’ailleurs, été brièvement arrêté en Suisse en 1993 en rapport avec une escroquerie.
Le Laboratoire militaire suisse en matière d’armes chimiques a, pour sa part, reconnu que des hauts fonctionnaires du Ministère suisse de la défense avaient rencontré en 1988 le Docteur Basson et un général de la police sud-africaine. Il n’aurait cependant pas été question d’une éventuelle collaboration entre les deux pays en matière d’armes chimiques mais uniquement d’un échange d’informations sur la détention de telles armes par les contingents cubains et est-allemands stationnés à l’époque en Afrique, notamment en Angola. Le Laboratoire suisse a, par ailleurs, démenti avoir livré au Docteur Basson pour 2 millions et demi de dollars une installation chimique connue sous le nom de synthétiseur. Il semble que les documents découverts à cet égard en Afrique du Sud pourraient être des faux que Wouter Basson aurait utilisés à l’époque pour escroquer l’Etat sud-africain. Les services du procureur fédéral suisse ont, en tout cas, ouvert une enquête et ils disent vouloir suivre de très près le procès de Pretoria.
Rappelons qu’en mars dernier, un journaliste suisse a été retenu pendant trois jours par la police sud-africaine. Il enquêtait justement sur la collaboration entre les services de renseignements suisse et sud-africain à l’époque de l’apartheid.
Michel Walter
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