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Une enquête sur al-Qaïda accouche d’une souris

Riyad, 12 mai 2003. Un des immeubles touchés par les attentats. Keystone

L'instruction sur des soutiens présumés au réseau d'Oussama Ben Laden est close. Seuls deux suspects seront déférés devant le Tribunal pénal fédéral.

Dix Yéménites avaient été arrêtés en janvier 2004 en Suisse, huit mois après le triple attentat de Riyad qui avait fait de nombreuses victimes, dont des Suisses.

La justice suisse croyait trouver des terroristes, elle a surtout mis à jour un réseau d’immigration clandestine qui trafiquait de faux papiers pour des Yéménites venus demander l’asile en Suisse sous une fausse nationalité somalienne.

Sur les dix hommes arrêtés en janvier 2004 dans le cadre de l’opération «al-Saud» – et qui ont passé de longs mois en détention préventive avant d’être libérés au compte-gouttes -, huit n’ont rien à voir avec al-Qaïda.

En fait, ces derniers n’ont violé «que» la Loi fédérale sur le séjour et l’établissement des étrangers.

Par contre, les deux autres auraient bel et bien eu des contacts avec Abdullah al-Rimi, membre présumé de l’organisation d’Oussama Ben Laden.

Ainsi, comme le révèle le quotidien fribourgeois La Liberté dans son édition de jeudi, les conclusions du juge d’instruction fédéral Paul Perraudin réduisent quasiment à néant les soupçons du Ministère public de la Confédération (MPC).

Opérations coup de poing

L’enquête à démarré quelques jours après les attentats du 12 mai 2003 à Riyad (Arabie Saoudite), qui avaient fait 35 morts (dont un Suisse) et près de 200 blessés (dont trois Suisses).

A l’époque, la «Task force terrorisme» de la Police judiciaire fédérale croit savoir que plusieurs dirigeant d’al-Qaïda entretiennent des rapports étroits avec la Suisse.

Le MPC ordonne alors plusieurs opérations coup de poing qui aboutissent à l’arrestation des dix hommes, dans les cantons de Berne, de Vaud et de Genève.

Coups de téléphone et SMS

Au final donc, le juge Perraudin ne confirme les vues du Ministère public de la Confédération que pour deux des dix Yéménites arrêtés en 2004.

Considéré comme l’agent de liaison des auteurs des attentats de Riyad, Abdullah al-Rimiles a contacté ces deux suspects à plusieurs reprises par téléphone et par SMS.

A l’époque, il cherchait à acquérir un passeport et à utiliser la filière d’immigration basée en Suisse pour se réfugier en Europe.

Il n’a toutefois jamais reçu son faux passeport, car il a été rapidement arrêté et condamné au Yémen. Le mois dernier, il s’est d’ailleurs évadé de la prison de Sanaa avec une douzaine de ses compagnons.

Ainsi, les deux Yéménites arrêtés en Suisse pourraient avoir à répondre de soutien à une organisation criminelle et/ou d’entrave à l’action pénale.

Une affaire «gonflée»

Sur la base du rapport du juge Perraudin, il appartient maintenant au MPC de déférer les deux Yéménutes toujours suspects au Tribunal pénal fédéral de Bellinzone.

Avocat de l’un des deux accusé, Ralph Wiedler Friedmann conteste vivement les accusations qui son portées contre son client.

Selon lui, cette affaire a été complètement «gonflée» par les enquêteurs fédéraux, qui n’ont présenté aucune preuve claire.

Certes l’avocat zurichois admet les contacts téléphoniques entre al-Rimi et son client, mais il affirme que ce dernier n’est même pas entré en matière sur la demande du passeport.

swissinfo et les agences

– Depuis les attentats du 11 septembre 2001, la Suisse a mené plusieurs enquêtes sur son territoire pour y traquer d’éventuels soutiens au réseau terroriste al-Qaïda.

– En mai 2003, un triple attentat à Riyad tue un ressortissant suisse et en blesse trois autres, parmi de nombreuses victimes.

– En janvier 2004, l’opération «al-Saud» débouche sur l’arrestation de dix Yéménites en Suisse, tous soupçonnés de liens avec le terrorisme.

– Après des mois d’enquête, il s’avère aujourd’hui que huit suspects étaient en réalité de faux requérants d’asile ou des pourvoyeurs de faux papiers.

– Les deux autres suspects seront déférés au Tribunal pénal fédéral à Bellinzone, pour avoir eu des contacts avec Abdullah al-Rimi, membre présumé d’al-Qaïda qui s’est évadé le mois dernier de la prison de Sanaa, au Yémen.

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