Leica Geosystems bientôt en mains suédoises
Le suisse Leica Geosystems sera repris par le suédois Hexagon après que Danaher – autre repreneur potentiel – a retiré son offre, indique un expert.
Pour Serge Rotzer, analyste à la Banque cantonale de Zurich, les actionnaires du fabricant st-gallois d’appareils de mesure sont prêts à accepter l’offre d’Hexagon.
L’entreprise américaine Danaher a indiqué jeudi avoir vendu les 95’000 actions qu’elle détenait dans le capital de Leica Geosystems. L’identité des investisseurs ayant acquis la participation n’a pas été divulguée.
La décision ne constitue pas une surprise, dans la mesure où Danaher avait indiqué la veille qu’il n’entendait pas relever son offre publique d’achat (OPA) sur Leica Geosystems. Auparavant, son concurrent suédois avait porté son offre à 440 francs en liquide par titre, plus cinq titres B d’Hexagon, soit 573 francs.
Hexagon est confiant dans le fait que son offre totale de 1,44 milliard de francs persuadera les actionnaires de Leica Geosystems d’accepter son offre. Leica Geosystems reste toutefois prudent en déclarant que rien n’a encore été décidé, vu que l’OPA court jusqu’à la fin de l’année.
swissinfo: Est-ce que le refus de Danaher d’augmenter son offre donne un feu vert à Hexagon pour reprendre Leica Geosystems?
Serge Rotzer: Très probablement, Leica Geosystems ne peut désormais plus éviter une reprise par Hexagon. Auparavant, l’unique obstacle venait de l’OPA amicale de Danaher [son offre de fin juillet était en fait plus avantageuse que la première proposition d’Hexagon, NDLR]. Mais désormais, l’entreprise américaine semble hors course.
La direction de Leica Geosystems avait rejeté l’offre initiale d’Hexagone, car elle la jugeait peu intéressante. Mais après que l’entreprise suédoise eut procédé à un réexamen de la situation financière de Leica Geosystems, le conseil d’administration de l’entreprise suisse a adopté une attitude plus neutre.
Je m’attends à ce que les actionnaires de Leica Geosystems acceptent l’offre d’Hexagone, du moment que la somme proposée est alléchante. Mais si l’opération ne se fait pas, le titre de Leica Geosystems perdra probablement quelques points.
La seule question qui se pose est en fait de savoir combien d’actions Hexagon est en mesure d’acheter. Cela pourrait être 60 ou 70% du paquet ou peut-être même davantage.
swissinfo: Une reprise par Hexagone aurait-elle un sens au niveau stratégique?
S. R. : Hexagon œuvre dans le même secteur que Leica Geosystems et les deux entreprises partagent même quelques clients. Elles peuvent donc développer de bonnes synergies.
Airbus est par exemple un client commun. Leica Geosystems travaille sur les portes des avions pendant qu’Hexagone s’occupe des ailes.
Danaher n’est en revanche pas dans ce secteur et ne voit Leica Geosystems que comme un bon investissement.
swissinfo: Qu’est-ce qui explique la perte d’intérêt de Danaher pour Leica Geosystems?
S. R. : Après qu’Hexagon eut augmenté son offre, Danaher ne voyait pour cette reprise comme une bonne affaire.
swissinfo: D’autres entreprises pourraient-elles s’annoncer comme repreneurs?
S. R. : Leica Geosystems disait autrefois que plusieurs entreprises étaient intéressées. Mais finalement, seul Danaher est sorti du bois.
Interview swissinfo, Matthew Allen
(Traduction de l’anglais: Olivier Pauchard)
Juin 2005: Hexagon lance une OPA hostile sur Leica Geosystems en offrant 440 francs par action.
Juillet: les dirigeants de Leica Geosystems conseillent aux actionnaires d’accepter l’OPA amicale de Danaher qui propose 500 francs par action.
Août: un réexamen de la situation financière et une offre plus généreuse de Hexagone (573) convainc les dirigeants de Leica Geosystems d’adopter une attitude neutre.
– Leica Geosystems a été fondé il y a pratiquement 200 ans. L’entreprise produit des appareils de mesure de la Terre.
– Son siège se trouve à Heerbrugg, dans le canton de St-Gall.
– La société emploie environ 2400 personnes dans 23 pays (900 en Suisse).
– Lors de la dernière période fiscale, Leica Geosystems a enregistré un bénéfice net de 50,6 millions de francs pour un chiffre d’affaires de 773 millions.
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