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Au Conseil des Suisses de l’étranger, la nouvelle répartition des sièges cause des remous

une main levée
Au Conseil des Suisses de l'étranger, la nouvelle répartition des pays va entraîner la perte de certains sièges. Keystone / Anthony Anex

À chaque nouvelle législature, la répartition des sièges au Conseil des Suisses de l’étranger (le Parlement de la Cinquième Suisse) est revue. Celle de 2025-2029 n’échappe pas à la règle et s’accompagne aussi du mécontentement de représentants des pays qui y perdent un siège.

Alors que les élections Lien externeau Conseil des Suisses de l’étranger (CSE) battent actuellement leur plein, plusieurs délégués sont insatisfaits de la nouvelle répartition des sièges. En effet, parce qu’ils ont perdu des Suisses de l’étranger ou des clubs suisses reconnus par l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE), la nouvelle législature est synonyme pour les représentants de ces pays d’intégration dans une zone géographique plus large. Conséquence: certains vont perdre leur siège.

C’est le cas de Monaco, dont le siège est actuellement vacant, du Venezuela et du Liban (qui formait jusque-là une circonscription électorale avec la Syrie).

«C’est normal, c’est le règlement», déclare Pierino Lardi. À bientôt 80 ans, le délégué pour le Venezuela au Conseil des Suisses de l’étranger est résigné. Il en va tout autrement de son collègue Reto Derungs, délégué pour la République dominicaine: «Nous n’avons pas de point commun avec le Venezuela. Cette fusion n’a pas de sens.»

Répartition illogique

Lors de la législature 2021-2025, le Venezuela possédait un siège au CSE, de même que la République dominicaine. Les deux pays se retrouvent désormais dans une circonscription appelée Amérique du Sud et Caraïbes, et qui rassemble la plupart des îles qui se trouvent en mer des Caraïbes, ainsi que le Venezuela.

Reto Derungs
Reto Derungs, délégué pour la République dominicaine. SwissCommunity

Selon Reto Derungs, il aurait été beaucoup plus logique de créer une circonscription avec le Venezuela et la Colombie – les autres pays du continent sud-américain ayant chacun entre un et trois sièges, et de conserver les Caraïbes seules. «En plus, suffisamment de Suisses sont inscrits auprès du consulat pour que nous puissions bénéficier d’un siège».

L’OSE justifie ce changement par la baisse du nombre de Suisses au Venezuela et le fait qu’en République dominicaine, il n’y ait que deux clubs avec peu de membres. «Je ne sais pas comment l’OSE arrive à cette conclusion, dit Reto Derungs, il n’y a eu aucun changement au sein des clubs».

Pour Ariane Rustichelli, qui était directrice de l’OSE jusqu’à mi-avril et a accompagné le processus, la nouvelle répartition «fait certes perdre un siège à l’ensemble de ces pays, mais cela ouvre l’élection à un plus grand nombre qui, sans cela, n’aurait pas la possibilité d’élire une ou un délégué, faute de Suisses et de clubs».

Cette argumentation peine à convaincre Reto Derungs.

Deux élus pour la même zone

Pierino Lardi
Pierino Lardi, délégué pour le Venezuela. SwissCommunity

«Cela faisait des années que je cherchais un successeur, et nous l’avons trouvé», se réjouit Pierino Lardi au Venezuela. Le pays a tenu des élections en février et a communiqué le nom du nouveau délégué à l’OSE.

Quelques semaines plus tard, la République dominicaine a également informé l’OSE de l’élection d’une nouvelle personne – Reto Derungs ne se représentant pas pour des raisons de santé. «Et l’OSE nous a répondu que quelqu’un avait déjà été élu pour le Venezuela, alors qu’à peine plus de 800 Suisses y vivent!», s’agace-t-il.

Ariane Rustichelli admet qu’il y a eu un «couac» du côté de l’OSE, qui n’avait pas compris que l’élection ne s’était tenue qu’au Venezuela, sans coordination dans toute la zone. «Ils auraient dû organiser des élections ensemble», déclare-t-elle.

Pas de marge de manœuvre

L’OSE demande désormais au Venezuela et à la République dominicaine de s’entendre pour nommer un délégué et un suppléant.

Les deux délégués élus sont convenus de se rencontrer en amont de la séance constitutive du Conseil des Suisses de l’étranger en août et de décider sur place de la répartition des rôles. L’OSE n’est toutefois pas d’accord avec ce processus et demande aux deux pays de leur communiquer le nom du délégué et de son suppléant.

Du Liban au Bangladesh

Hermes Murrat
Hermes Murrat, délégué pour le Liban. SwissCommunity

Deux autres pays sont touchés par la fusion des circonscriptions électorales: le Liban et la Syrie. Bénéficiant jusqu’ici d’un siège, ils se trouvent désormais intégrés à la zone Asie Centrale, de l’Ouest et du Sud, qui s’étend du Liban à l’ouest au Bangladesh à l’est.

«Les Suisses qui vivent dans le monde arabe sont souvent des hommes d’affaires, alors qu’en Asie ce sont plus souvent des personnes retraitées. Leurs besoins ne sont pas du tout identiques», estime Hermes Murrat, délégué pour le Liban et la Syrie au CSE. Le Libano-Suisse se questionne sur la faisabilité de couvrir des zones aussi grandes.

«Je comprends, dit Ariane Rustichelli, mais je m’étonne tout de même que ces délégués semblent découvrir une décision qui a été prise lors du CSE de juillet 2024. En outre, la répartition des circonscriptions électorales est revue lors de chaque nouvelle législature, il n’y a rien de nouveau à cela.»

Une courroie de transmission

Pour Rolf Blaser, l’actuel délégué de la région qui va intégrer le Liban et la Syrie, les pays de la zone ont des besoins si différents qu’il est difficile pour une seule personne de les représenter. «Je comprends qu’il soit difficile de faire une répartition juste, mais plus on est éloigné de la Suisse, plus les problèmes sont importants».

Rolf Blaser
Rolf Blaser, délégué pour le Sri Lanka. SwissCommunity

«Si demain un ou une Suisse du Sri Lanka m’appelle, que puis-je faire, hormis lui dire de contacter le consulat? Et dans ce cas, quel est mon rôle, sinon celui d’une courroie de transmission?», s’interroge Hermes Murrat.

Rolf Blaser trouve qu’il est dommage d’agrandir encore une zone qui couvrait déjà 24 pays: «Cela ne simplifie pas le travail de délégué».

Tout n’est pas perdu

Lors des élections au CSE, certains sièges restent vacants. Dans ce cas, le comité de l’OSE peut proposer qu’ils soient attribués aux suppléantes et suppléants des personnes élues. Ainsi, un pays qui aurait perdu un siège pourrait finalement se retrouver représenté au Conseil.

Le CSE renouvelle cette année la totalité de ses 140 membres. Les élections se poursuivent jusqu’en juin 2025.

Texte relu et vérifié par Samuel Jaberg

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