Aujourd’hui en Suisse

Nous vivons dans un seul monde, chers abonnés,

Et c’est peut-être le vécu simultané de la pandémie sur l’ensemble du globe qui transforme cette appartenance commune à la Terre en expérience concrète, plus encore que le dérèglement climatique et la globalisation économique.

Un seul monde confiné qui voit s’exacerber les inégalités sociales consécutives à la contraction de l’activité économique, comme des ruptures de ses chaines internationales de production et de vente. Qu’ils soient riches ou pauvres, les pays ont vu surgir des foules qui ne trouvent plus de quoi manger.

Un seul monde où nombre d’États cherchent à contenir la maladie Covid-19 en misant notamment sur les technologies numériques de surveillance, au péril de nos libertés.      

Bonne lecture,

Keystone / Laurent Gillieron

Alain Berset l’a annoncé ce vendredi. L’application de traçage ne sera lancée le 13 mai prochain que pour une phase de test avec certains groupes, notamment au sein de l’armée. Le Conseil fédéral a aussi décidé que l’application qui doit permettre de retracer les contacts des personnes infectées par le coronavirus ne sera pas lancée sans base légale.

Une prudence bienvenue tant ces systèmes de traçage soulèvent de questions en Suisse comme ailleurs. Ma consœur Katy Romy présente les termes d’un débat difficile, puisque l’identification précise des personnes infectées devrait permettre d’éviter une explosion de nouveau cas lors de la phase de déconfinement qui débute.

Reste que les systèmes installés sur nos téléphones portables peinent à lever tous les doutes en matière de protection des données, même dans un Etat de droit comme la Suisse. En outre, ces applications ne remplaceront pas le travail d’investigation mené par des humains, comme l’a rappelé l’OMS. La précipitation n’est donc pas de mise.

• L’application de traçage: ami pour votre santé ou avatar de Big Brother? (swissinfo.ch)
• Heidi.news passe au crible l’application de traçage de l’EPFLLien externe (abonnés)
• A Singapour, le traçage par app dégénèreLien externe en surveillance de masse (Le Temps/abonnés)

Keystone / Martial Trezzini

Les sans-papiers et les travailleurs précaires qui contribuent à la richesse de la Suisse subissent plus directement que les autres la mise à l’arrêt de pans entiers de l’économie pour contenir l’épidémie de Covid-19.

Privés du filet social dont bénéficient les citoyens suisses, ces ouvriers et ces employés de l’économie grise plongent rapidement dans le plus grand dénuement. Ma consœur Patricia Islas raconte le sort de ces précaires, très souvent des femmes qui s’occupent du ménage ou des enfants des familles habituellement au travail.

Mais avec la hausse du chômage en cours, ce sont également des Suisses qui risquent désormais de tomber dans la pauvreté.

• En Suisse aussi, le coronavirus révèle la misère sociale (swissinfo.ch)
• Le reportage de la RTS sur la situation des plus démunis en Suisse romandeLien externe

Observatorio Petrolero Sur

Vaca Muerta est l’un des plus grands réservoirs de gaz et de pétrole de schiste au monde. Il se situe dans les grands espaces de Patagonie, en Argentine. Ma consœur Isolda Agazzi en revient pour nous raconter la mauvaise fortune d’investisseurs suisses dans cet eldorado plombé par la chute abyssale des cours du pétrole.  

Le potentiel de ce gisement de 30’000 km2, où l’on fore seulement depuis une dizaine d’années, est énorme. Plusieurs groupes pétroliers y sont implantés, dont Phoenix Global Resources, qui a comme actionnaire majoritaire le trader suisse Mercuria, et le groupe Trafigura, également basé en Suisse.

Isolda Agazzi raconte également les fortes oppositions que suscite cette activité industrielle très polluante. En première ligne, les Indiens Mapuche qui voient leurs terres ancestrales dévastées par les entreprises extractrices.

• Le reportage d’Isolda Agazzi en Patagonie (swissinfo.ch)
• Le Nigeria en récessionLien externe après avoir perdu 80% de ses revenus pétroliers (Heidi.news/abonnés)

Keystone / Walter Scheiwiller

Ce 8 mai marque le 75^e anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie et la fin, en Europe, de la Deuxième Guerre Mondiale. Ce fut aussi un jour de liesse dans les villes d’une Suisse épargnée par ce conflit terriblement meurtrier.

Mais l’exultation n’était pas forcément de mise dans les hautes sphères du pouvoir. Dans Le Temps, l’historien Georg Kreis, ancien membre de la Commission Bergier, revient sur l’allocution du président de la Confédération d’alors, Eduard von Steiger, prononcée trois jours plus tard: «L’évidence que la Suisse dut sa libération aux efforts militaires des Alliés n’a pas non plus été mentionnée, il ne leur a pas été rendu hommage.»

Ayant vu sa neutralité pencher dangereusement du côté des pays de l’Axe qui l’encerclaient, la diplomatie suisse eut fort à faire pour ne pas être sanctionnée par les vainqueurs, à commencer par les Etats-Unis.

• Le 8 mai 1945 en SuisseLien externe, raconté par Georg Kreis (Le Temps/abonnés)
• L’historien Christophe Vuilleumier raconte le parcours mouvementé des prisonniers de guerre allemands en Suisse (swissinfo.ch)