Aujourd’hui en Suisse
Bonjour à vous,
C’est Pauline à Neuchâtel. Nous sommes le 11 septembre et cela fait six mois, jour pour jour, que la Covid-19 a été déclarée «pandémie». Un semestre plus tard, on ne peut pas vraiment dire que l’affaire soit classée...
Une nouvelle décision prise aujourd’hui par le Conseil fédéral en témoigne: à partir de lundi, neuf régions françaises seront considérées comme des zones rouges, impliquant une quarantaine obligatoire au retour. Aucune région frontalière n’est concernée pour le moment, mais les personnes qui résident en Suisse devront réfléchir à deux fois avant un séjour à Paris ou sur la Côte d'Azur.
Également dans cette newsletter: la mobilisation qui s’organise pour les réfugiés du camp incendié de Moria, et l’histoire de mafieux présumés qui ont réussi à se jouer de la police fédérale.
Excellente lecture et bon week-end!
La décision était dans l’air depuis un petit moment, elle est désormais actée. Une partie de la France a été ajoutée ce vendredi sur la liste suisse des zones à risque pour le coronavirus. À partir de lundi, le 14 septembre, une quarantaine de dix jours devra être respectée au retour de neuf régions métropolitaines.
L’Île de France et la Côte d’Azur sont concernées. Mais aussi les régions Centre-Val de Loire, Corse, Hauts-de-France, Normandie, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Pays de la Loire. Les territoires d’outre-mer figurent également sur la liste actualisée.
Le Conseil fédéral a choisi une solution différenciée pour les pays frontaliers. Parce qu’elle dépasse les 60 nouvelles infections pour 100’000 personnes depuis plus de deux semaines, toute la France aurait dû être considérée zone rouge. Il a cependant été décidé que, pour les pays partageant une frontière terrestre avec la Suisse, seules des régions seraient placées sur la liste.
Des exceptions pourront aussi être prévues pour les régions frontalières même si, pour l’heure, aucune n’est considérée comme une zone rouge. À ce stade, la France classe la plupart des départements frontaliers «en situation de vulnérabilité modérée».
- La liste des régions nécessitant une quarantaine obligatoire au retour en SuisseLien externe
- Le suivi des annonces du jourLien externe par nos confrères de RTSinfo.ch
- Coronavirus, la situation en Suisse – Notre article avec les derniers développements
- Des régions de France seront-elles placées sur liste rouge? Les explications de 24 HeuresLien externe (réservé aux abonnés)
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Covid-19 encore, avec un zoom sur les tests de dépistage. La Suisse en effectue peu en comparaison internationale, d’après une analyse de la RTS. Le travail de nos confrères montre que, durant l’été, 5,3 personnes sur 1000 en moyenne se sont vu administrer le fameux frottis chaque semaine en Suisse. En France et en Allemagne, ce nombre s’élevait à 8 et, aux États-Unis, il atteignait même 17,6.
Selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), ce n’est pas une question de moyens puisque «les capacités maximales ne sont pas atteintes». Le plafond oscille, selon l’office, entre 20’000 et 25’000 prélèvements par jour, tandis que 16’000 à 17’000 examens sont effectués actuellement. L’OFSP dit toutefois travailler «pour assurer un volume encore plus grand».
En Suisse, contrairement à d’autres pays, les tests se déroulent essentiellement dans les structures médicales traditionnelles. Pour l’OFSP, la responsabilité des opérations de dépistages revient aux cantons. Il leur est recommandé d’assurer «un accès facile aux tests, entre autres par des centres de tests tels que des drive-in.»
Les personnes asymptomatiques et les enfants sont en outre très peu testés. Certains spécialistes estiment que cette approche devrait être revue. La faiblesse de la Suisse en la matière a d’ailleurs suscité un coup de gueule du désormais célèbre professeur Didier Pittet. «La Suisse doit se réveiller», a-t-il exhorté le 8 septembre dans un entretien à la RTS.
- La Suisse effectue peu de tests Covid-19 en comparaison internationaleLien externe – l’article de nos confrères de RTSinfo.ch
- «Aujourd’hui, la Suisse ne teste pas assez. Elle doit se réveiller»Lien externe – l’interview de Didier Pittet
- Les tests salivaires vont-ils faciliter le dépistage du Covid-19?Lien externe – l’article de nos confrères du Temps (réservé aux abonnés)
Dix pays européens, dont la Suisse, vont prendre en charge 400 migrants mineurs du camp incendié de Moria. L’annonce a été faite ce vendredi par le ministre de l’Intérieur allemand Horst Seehofer, deux jours après le gigantesque incendie qui a ravagé le camp de réfugiés situé sur l’île grecque de Lesbos.
La majorité des enfants seront pris en charge par l’Allemagne et la France. Le ministre a indiqué que chacun des deux pays allait accueillir 100 à 150 de ces mineurs non accompagnés, qui ont déjà été transférés en Grèce continentale. La Suisse, pour sa part, envisage d’en accueillir une vingtaine.
La Confédération a par ailleurs proposé une aide humanitaire sur place. De premiers contacts ont eu lieu avec les autorités grecques dès mercredi matin, a indiqué le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Un avion chargé de près d’une tonne de matériel d’aide devait s’envoler ce vendredi pour la Grèce.
Les villes suisses se mobilisent aussi. Après Zurich, Berne, Lucerne et plusieurs autres municipalités, Genève et Lausanne ont annoncé dans un communiqué conjoint qu’elles étaient prêtes à accueillir des personnes du camp. Elles s’associent à l’appel demandant au Conseil fédéral d’organiser «sans délai» une conférence nationale afin d’accueillir «au plus vite» des réfugiés de Lesbos.
- Le communiqué conjointLien externe de Lausanne et Genève
- Dix pays européens, dont la Suisse, vont prendre en charge 400 migrants mineurs du camp incendié de MoriaLien externe – l’article du Temps
- Des villes suisses se mobilisent pour accueillir des migrants de Lesbos – l’article de RTSinfo.chLien externe
- «Il faut une action européenne coordonnée pour aider les réfugiés de Lesbos» – l’article de mon collègue Giannis Mavris
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Pour finir, une histoire qui vient contrarier les ambitions du Plan national d’action antimafia. L’expulsion de deux hommes, considérés comme proches de la ‘Ndrangheta calabraise et installés au Tessin, a été annulée pour vice de procédure. Elle devait pourtant permettre de créer une jurisprudence.
La police fédérale suisse Fedpol avait notifié aux deux Calabrais, un père et un fils, leur expulsion en juillet 2019 en raison de leurdangerosité potentielle. L’évaluation de cette dangerosité se basait sur divers éléments, exposés dans des documents officiels italiens et des documents fournis par Fedpol. C’était la première fois que la police fédérale adoptait une telle mesure pour ce motif.
Expulsés le 1er octobre 2019, les deux hommes niaient toutes les accusations de participation à une organisation criminelle. Leur avocat a fait recours auprès du Tribunal administratif fédéral (TAF) pour faire annuler l’expulsion. Et il y est parvenu, en exploitant un vice de procédure.
En résumé, les juges du TAF ont estimé que Fedpol n’avait pas indiqué clairement en quoi consistait concrètement la menace représentée par les deux hommes. Et qu’en ne motivant pas précisément sa décision, Fedpol avait violé le droit des recourants à être entendus. Un rebondissement judiciaire qui rappelle que le diable se cache dans les détails, note ma consoeur.
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