

Aujourd’hui en Suisse
Bonjour à vous, chers expatriés,
C’est Pauline qui vous écrit de Berne.
Contrairement à leurs homologues américaines, les grandes entreprises suisses n’ont aucun compte à rendre sur la diversité de leurs employés. Et cela se voit (ou plutôt pas), notamment dans le secteur bancaire, où les postes à responsabilités restent majoritairement occupés par des hommes blancs.
On vous parle aussi un peu d’Europe dans cette newsletter: qui pour mener les négociations de l’accord-cadre entre la Suisse et l’UE? Comment répartir les demandeurs d’asile?
Pour en savoir plus, c’est ici.

La démission de l’Ivoirien Tidjane Thiam de son poste à la tête de Credit Suisse a-t-elle aussi à voir avec des motifs racistes? C’est en tout cas ce que laissait entendre, en creux, un article paru début octobre dans le New York Times. Selon le quotidien américain, la couleur de peau de l’ancien patron aurait joué un rôle dans son départ.
Mon collègue Mischa Stünzi s’est demandé comment le monde bancaire aborde la question de la diversité. Et le constat est le suivant: bien que la plupart des grandes banques affirment prendre le sujet très au sérieux, elles ont encore beaucoup à faire.
En fait, en matière de diversité, les banques se sont surtout concentrées jusqu’ici sur la question de l’égalité hommes-femmes. Et c’est logiquement dans ce domaine que le plus de progrès ont été accomplis, jusqu’à parvenir à la proportion actuelle – bien modeste- de 20% de femmes aux postes de direction.
Promouvoir l’égalité des sexes, c’est évidemment très bien, mais la question de l’ethnicité s’en trouverait éclipsée. Selon un sondage, moins de la moitié des entreprises suisses incluent la problématique ethnique dans leur gestion de la diversité, alors que la quasi-totalité ont des dispositifs spécifiques pour les femmes.
- Dans le domaine de la diversité, les banques ont encore beaucoup à faire
- Le «New York Times» accuse la Suisse de racisme dans l’affaire Thiam – l’article du TempsLien externe
- La Banque nationale a-t-elle un problème avec les femmes?

Comment répartir équitablement la charge de l’asile entre les pays européens? Cette question, loin d’être nouvelle, se repose avec vigueur depuis que l’UE a présenté, fin septembre, son projet de réforme de la politique migratoire européenne. Les négociations entre les Etats membres, qui ne font que commencer, s’annoncent déjà ardues.
L’Institut de géographie de l’Université de Neuchâtel livre toutefois des éléments de réflexion. Les équipes du professeur Etienne Piguet, spécialiste des questions de migration, ont cartographié ce que serait une répartition «juste» des réfugiés à l’échelle européenne, d’un point de vue quantitatif.
L’outil montre de manière indiscutable le déséquilibre entre les pays en première ligne pour l’accueil et les plus réfractaires, Europe de l’Est en tête. Mais sa spécificité tient surtout au fait qu’il permet d’estimer, et de relativiser, le poids de différents critères de répartition. Usuellement, on regarde combien de demandeurs d’asile un Etat accueille par rapport à sa population.
Mais que se passerait-il si l’on tenait compte d’autres paramètres, par exemple de la richesse? Dans le cas de la Suisse, petit pays à la conjoncture très favorable, la différence serait tout sauf anecdotique: elle fait plus que sa part selon le seul critère démographique mais, compte tenu de son PIB, elle pourrait accueillir bien davantage.
- Pacte migratoire européen: comment répartir «équitablement» la solidarité? – Mon échange avec Etienne Piguet
- La politique migratoire suisse, une recette pour l’Europe?
- L’UE veut être «plus efficace» en matière de migration et d’asile – l’analyse du nouveau pacte migratoire par la RTSLien externe
- Etienne Piguet: «Avec ce pacte migratoire, l’Europe éviterait le naufrage» – l’article du TempsLien externe (réservé aux abonnés)
Plus

Le secrétaire d’Etat Roberto Balzaretti, négociateur en chef pour la signature d’un accord-cadre entre la Suisse et l’UE, va perdre son poste. Cette information du Tages-Anzeiger a été confirmée aujourd’hui à la RTS par plusieurs sources de l’administration fédérale.
Le Tessinois sert de fusible dans un dossier qui a déjà épuisé trois secrétaires d’État avant lui. La décision du conseiller fédéral Ignazio Cassis de sacrifier son secrétaire d’État ne survient que deux semaines après le «oui» des Suisses à la libre circulation des personnes, le 27 septembre.
Ce vote a ouvert la voie à la reprise des discussions avec Bruxelles, mais plus personne ne veut de l’accord qui avait été négocié en 2018 par Roberto Balzaretti. Le Conseil fédéral devrait entériner cette stratégie mercredi.
Selon le Tages Anzeiger, Roberto Balzaretti reprendrait le poste d’ambassadeur à Paris à la place de Livia Leu, qui deviendrait la nouvelle secrétaire d’État du Département des Affaires étrangères.
- Le négociateur en chef avec l’UE Roberto Balzaretti perd son poste – l’article de RTSinfo.chLien externe
- Cenni Najy: «Je ne vois ni la Suisse ni l’UE quitter la table des négociations»
- «Si la Suisse ne se met pas d’accord, je ne vais pas m’envoler pour Bruxelles» – interview de Roberto Balzaretti à swissinfo.ch en août 2018
- Un nouveau «Monsieur Europe» pour régler les différends (janvier 2018)

Le canton de Vaud a massivement surveillé les téléphones portables de ses citoyens l’année dernière. Selon la Luzerner Zeitung, près de 1000 surveillances d’antennes téléphoniques, soit plus de la moitié du total suisse, ont été menées dans le canton en 2019. Cela pourrait concerner des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes.
L’idée du Ministère public était d’enquêter sur des attaques à répétition de fourgons de convoyage de fonds qui ont secoué le canton l’an passé. «C’est comme si l’on déployait un énorme filet dans tout le lac Léman pour attraper le seul poisson que l’on cherche», estime Le Temps.
Le Ministère public vaudois défend sa pratique. Il affirme que la technique utilisée, à savoir la surveillance par champ d’antennes, ne fournit qu’un listing de données brutes, et que seules les données pouvant correspondre à un potentiel auteur sont exploitées.
Mais l’avocat alémanique Martin Steiger, porte-parole de la Société numérique, est critique. Dans la Luzerner Zeitung, il affirme qu’«s’agit d’une forme de surveillance massive, qui vise des personnes innocentes sans raison». Il dénonce aussi le manque de transparence: «Toutes les personnes qui se sont retrouvées dans le viseur des enquêteurs n’en sauront jamais rien.»
- Vaud a surveillé des milliers de portables pour pister les braqueurs de fourgons – le traitement de la RTSLien externe
- Vaud a massivement surveillé les téléphones de ses citoyens en 2019 – l’article du TempsLien externe
- Pourquoi fouiner autant dans les téléphones des Vaudois? – l’article de 24 HeuresLien externe (réservé aux abonnés)

En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative