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Simonetta Sommaruga et Alain Berset

Aujourd’hui en Suisse

Bonjour à vous chers abonnés,

Ce mercredi est le jour où plusieurs gouvernements serrent la vis dans l’espoir d’endiguer la deuxième vague de Covid-19. Quelques heures avant la France et l’Allemagne, la Suisse a elle aussi annoncé un renforcement des mesures sanitaires. Ici pas de confinement, mais des restrictions de la vie sociale valables dans tout le pays dès jeudi. 

L’autre grande annonce du jour, inattendue celle-là, concerne Pierre Maudet. Le conseiller d’Etat genevois perd temporairement son département, mais rien à voir avec le voyage controversé à Abu Dhabi qui lui vaut d’être visé par une enquête pénale.

Très bonne lecture,

Simonetta Sommaruga et Alain Berset
La présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga et le conseiller fédéral en charge de la Santé Alain Berset. Keystone / Peter Klaunzer

Le Conseil fédéral annonce un durcissement des mesures sanitaires. A partir de jeudi, et pour une durée indéterminée, les discothèques de tout le pays sont fermées, tandis que les bars et les restaurants doivent fermer à 23h00. Les tablées sont désormais limitées à quatre personnes, sauf s’il s’agit de familles. Les réunions dans le cercle privé sont limitées à 10 personnes.

L’obligation de porter un masque est étendue, notamment dans les zones piétonnes très fréquentées, mais aussi à l’école (à partir du degré secondaire II) et au travail. Toutes les manifestations de plus de 50 personnes, et les activités sportives/culturelles non professionnelles de plus de 15 personnes sont interdites. Les hautes écoles devront quant à elles renoncer à l’enseignement présentiel à partir du 2 novembre.

Le Conseil fédéral a également décidé d’introduire les tests rapides, et a adapté les règles relatives aux pays considérés comme à risque pour les voyages. Seuls les pays où l’incidence dépasse de plus de 60 celle de la Suisse seront placés sur la liste rouge des zones au retour desquelles une quarantaine est obligatoire.  

Dix jours après l’annonce des précédentes mesures fédérales, l’épidémie n’a fait qu’empirer. C’est ce que montre une analyse de la RTS. Le 18 octobre dernier, le Conseil fédéral avait notamment décidé que le masque serait obligatoire dans tous les espaces publics clos et que les réunions publiques seraient limitées à 15 personnes. A l’heure du bilan intermédiaire, force est de constater que tous les indicateurs sont au rouge.

La Suisse vient de franchir la barre des 8000 nouveaux cas quotidiens. Les chiffres du jour de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) font aussi état de 24 nouveaux décès et de 149 nouvelles hospitalisations en 24 heures. Le taux de positivité s’élève à 28%. A ce jour, plus de 135’000 cas de Covid-19 ont été confirmés en Suisse et le virus a coûté la vie à plus de 2000 personnes.

Le conseiller d Etat genevois Pierre Maudet
Le conseiller d’Etat genevois Pierre Maudet perd provisoirement son Département du développement économique (DDE). Keystone / Salvatore Di Nolfi

Le conseiller d’Etat genevois Pierre Maudet perd provisoirement son Département du développement économique (DDE). Cette décision fait suite aux conclusions intermédiaires d’un audit le mettant en cause dans des problèmes organisationnels, managériaux et relationnels. Une enquête de la RTS a révélé l’existence de cet audit, lancé au début du mois.

L’absentéisme explose dans le département. Sa charge de travail a fortement augmenté avec le coronavirus, ce qui peut en partie l’expliquer mais, relève la RTS, d’autres facteurs seraient aussi à l’œuvre: «Les collaborateurs de ce service (…) se plaignent d’une perte de sens». «Ils ne savent plus très bien s’ils œuvrent pour le bien du canton ou dans le seul intérêt de (…) Pierre Maudet.»

Le rapport final est en principe attendu d’ici le mois prochain. «Au vu de la gravité des faits constatés», le Conseil d’Etat genevois a toutefois souhaité prendre une mesure d’urgence. Le DDE est provisoirement transféré à la conseillère d’Etat Nathalie Fontanet, en charge du Département des finances.

Pour Pierre Maudet, «cette décision semble injustifiée et prématurée». «Elle peut apparaître comme une cabale», a fait savoir le magistrat, qui déplore de ne pas avoir été entendu par l’experte. Pour rappel, le conseiller d’Etat est par ailleurs toujours sous enquête du Ministère public genevois. Il est soupçonné d’acceptation d’avantages, en raison d’un voyage à Abu Dhabi tous frais payés effectué avec sa famille en 2015.

Une image prise après l explosion de 1947, qui avait fait 9 victimes.
Une image prise après l’explosion de 1947, qui avait fait 9 victimes. Keystone / Walter Studer

Difficile de s’imaginer vivre avec la menace permanente d’une déflagration. C’est pourtant la réalité des 170 habitants de Mitholz, un petit village du canton de Berne, qui abrite un ancien dépôt de munitions de l’armée, niché dans la roche. En 1947, une partie du stock avait explosé, coûtant la vie à 9 habitants et marquant au fer rouge l’histoire du hameau.


Après le drame, tout le monde pensait que le dépôt de munitions ne présentait plus de danger. C’était une erreur. Depuis 2018, le Département fédéral de la défense (DDPS) sait que le risque d’explosion est toujours bien présent, et estime qu’il est suffisamment sérieux pour justifier l’assainissement du site.

L’opération est de grande envergure. La population devra évacuer le village en 2030, pour une durée minimale de dix ans. Le DDPS se dit prêt à acheter les maisons, mais de nombreuses questions pratiques restent ouvertes. Quel sera le montant de la compensation? Où les habitants pourront-ils s’offrir un nouveau logement?

Les habitants de Mitholz sont à la fois rattrapés par leur passé et contraints de se projeter dans l’avenir à moyen terme – sans en connaître les conditions. Certaines personnes auraient préféré ne rien savoir, d’autres ne parlent que de ça, d’autres encore attendent pour faire des plans. SWI swissinfo.ch a recueilli les témoignages de plusieurs habitants assis sur un tas de bombes.

Le Shah d Iran et sa famille à St Moritz, en Suisse, en 1970.
Le Shah d’Iran et sa famille à St Moritz, en Suisse, en 1970. Keystone / Str

Pour finir, petite plongée dans les archives de la diplomatie suisse. Mon collègue Andrea Tognina vous livre le récit d’une affaire qui, dans les années 1970, a mis à rude épreuve les relations entre la Suisse et l’Iran, alors gouverné par le Shah Mohammad Reza Pahlavi. Le monarque, grand amoureux de la Suisse où il passait régulièrement ses vacances, était aussi connu pour ne pas être tendre avec ses opposants.

A partir des années 1970, un mouvement d’opinion hostile au régime iranien se forme en Suisse. Les autorités, soucieuses de profiter de la croissance économique de l’Iran tout en ménageant les sensibilités de l’opinion publique, optent pour un équilibre prudent. Mais un événement va venir perturber cette politique.

En 1976, un groupe d’étudiants iraniens occupent le consulat général d’Iran à Genève. Ils y dérobent des milliers de documents de la Savak, la police secrète du Shah. Et dans les semaines suivantes, des extraits de ces documents sont publiés dans la presse. L’occupation du consulat marque l’apogée des actions perturbatrices de l’opposition iranienne en Suisse.

Crise diplomatique: l’Iran s’indigne et révoque le traitement favorable jusqu’alors accordé aux entreprises suisses. Après quelques mois et beaucoup d’effort des autorités et des milieux économiques, la crise finira par s’apaiser. Car «au-delà des gestes de réconciliation, les intérêts économiques finissent par prévaloir sur les frictions politiques».


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