Aujourd’hui en Suisse
Bonjour à vous, amies lectrices, amis lecteurs, de Suisse et du monde,
C’est Marc-André qui vous parle de Fribourg où, comme ailleurs en Suisse, les terrasses sont restées fermées ce lundi et le resteront encore… jusqu’à nouvel ordre. Pour certains, c’est la goutte qui fait déborder le vase, et la grogne s’est exprimée ce week-end avec une ampleur inhabituelle.
L’Histoire nous enseigne pourtant qu’il est des révoltes bien plus dramatiques que celle des anti-masques, des anti-vaccins et des pro-bistrots. C’est notamment le cas de la Syrie, qui saigne maintenant depuis dix ans d’avoir voulu renverser un dictateur – un vrai. Ou plus loin de nous, de la Commune de Paris, dont l’écrasement il y a 150 ans a jeté son lot de réfugiés sur des routes dont certaines ont abouti en Suisse.
Bonne lecture,
8000 personnes ont manifesté ce week-end à Liestal contre les mesures anti-coronavirus. Le ras-le-bol qui s’exprime depuis des semaines a pris une ampleur nouvelle avec l’annonce vendredi du report de la réouverture des terrasses et des restaurants.
Dans la semaine écoulée, il y avait eu les provocations de certains élus UDC, de l’appel à la désobéissance à la dénonciation d’un glissement vers la «dictature». Dimanche soir, dans le journal télévisé de la RTS, le président du parti de la droite nationaliste Marco Chiesa s’est montré plus mesuré que ses collègues, tout en restant critique envers le Conseil fédéral.
Sur le front sanitaire, la Suisse a enregistré plus de 3600 nouveaux cas depuis vendredi. La courbe remonte donc lentement et les autorités sont inquiètes à l’approche des vacances de Pâques. Au Tessin, plusieurs villes ont décidé d’imposer le port du masque à l’extérieur.
- Coronavirus: la situation en Suisse – notre suivi régulièrement mis à jour de la pandémie
- L’interview de Marco ChiesaLien externe – dans le 19.30 de la RTS
- Les mouvements sectaires profitent de la criseLien externe – chronique du nouveau printemps des thèses complotistes, par nos confrères de RTS Info
Ce n’est pas une campagne de tests qui va stopper à elle seule le virus. Évident à première vue, l’avertissement vaut d’être répété. C’est ce que fait la virologue Isabella Eckerle, des Hôpitaux universitaires de Genève.
La Suisse a décidé de mettre le paquet sur les tests, alors que le pays attend toujours ses livraisons de vaccins. Des tests rapides et gratuits sont disponibles depuis quelques jours pour l’ensemble de la population, avec ou sans symptômes. Et dès qu’ils seront arrivés, chacun pourra recevoir cinq autotests gratuits par mois.
«Mais il n’y a pas de solution miracle», avertit Isabella Eckerle. «Toute la panoplie des moyens doit être déployée: mesures de protection, tests, vaccins. Et il n’est pas possible d’échanger une mesure contre une autre. C’est l’ensemble qui est important.»
- L’interview d’Isabella Eckerle, par ma collègue Jessica Davis Plüss
- Pourquoi la vaccination à grande échelle n’est pas pour demain – publiée en décembre 2020, l’analyse de Jessica Davis Plüss et Pauline Turuban a gardé toute son actualité
Plus
Pour l’ONU, la crise syrienne est l’une des plus grandes catastrophes humanitaires depuis la Seconde Guerre mondiale. En une décennie, le conflit a fait près de 400’000 morts et 200’000 disparus, d’après les chiffres de l’Observatoire syrien des droits de l’homme.
Les réfugiés syriens sont aujourd’hui les plus nombreux au monde – 6,6 millions de personnes en fuite sur une population de 21 millions. La plupart sont accueillis dans les pays voisins: Turquie, Liban, Jordanie, Irak et Egypte, dans des conditions précaires. La Suisse abrite environ 20’000 réfugiés syriens.
Autre triste record du monde, celui des déplacés internes: 6,7 millions. Le CICR estime que plus de 13 millions de personnes ont aujourd’hui besoin d’une assistance humanitaire en Syrie. Moins de 60% des hôpitaux publics du pays sont fonctionnels et une école sur trois a été endommagée ou détruite, alors que les armes ne se sont toujours pas tues.
- Les chiffres de la tragédie syrienne – par mes collègues Abdelhafidh Abdeleli et Pauline Turuban
- La paix syrienne introuvable – l’analyse géopolitique de Souhail Belhadj, chercheur à l’Institut de Hautes études internationales et du développement à Genève.
La Commune de Paris occupe une place de choix dans l’imaginaire collectif des mouvements libertaires. Ce que l’on sait moins, c’est qu’après l’écrasement de l’utopie en mars 1871, près de 800 révolutionnaires ont trouvé refuge en Suisse.
Démocratie directe, enseignement laïc, armée citoyenne et mesures sociales inédites: la Commune, c’est un vrai ballon d’oxygène dans le très conservateur Second Empire. Mais l’épopée sera brève. Quelques semaines à peine après la proclamation de cette république populaire, les troupes gouvernementales matent les Parisiens rebelles dans un bain de sang qui fait entre 10’000 et 20’000 morts.
Pour échapper à la répression, de nombreux communards s’exilent, en Belgique, à Londres, mais aussi en Suisse. Près de 800 d’entre eux y commencent une nouvelle vie, dans les ateliers d’un pays en plein boom industriel. Malgré les pressions, Berne refusera de les livrer à la France. L’historien genevois Marc Vuilleumier, récemment décédé, avait suivi leur trace.
- L’article de mon collègue Mathieu van Berchem
- La Commune de ParisLien externe – le blog historique de l’écrivains française Michèle Audin
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative