
Aujourd’hui en Suisse
Suisses du monde, bonjour,
Je vous propose une sélection aussi éclectique que le temps de ce mois de mai est capricieux. Nous parlerons du Hamas palestinien, de la junte birmane et de ses financements peu reluisants par des banques suisses, des crises traversées au fil des siècles par l’horlogerie, et enfin d’un photographe suisse à la renommée mondiale dont l’ancêtre a fondé une ville aux États-Unis.
Et si vous êtes arrivé au bout de cette phrase sans fin, c’est qu’il vous reste assez d’énergie pour lire ce résumé de l’actualité avant de prendre votre week-end bien mérité.
Bonne lecture!

La récente escalade de la violence entre Israël et Palestine a réveillé les velléités des organisations juives de Suisse de classer le Hamas parmi les organisations terroristes. Pour l’instant, la Confédération botte en touche.
Dans une déclaration commune, la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) et la Plateforme des juifs libéraux de Suisse (PJLS) présentent le Hamas comme «clairement extrémiste, terroriste et antisémite». Les deux organisations, soutenues par l’ambassade d’Israël en Suisse, demandent à la Confédération de considérer officiellement le Hamas comme organisation terroriste.
Seulement, déclarer le Hamas comme tel rendrait impossible toute discussion directe entre lui et le gouvernement helvétique. Or, afin de pouvoir continuer à assurer ses bons offices et dans le cadre de sa politique de paix dans la région, la Confédération doit pouvoir dialoguer avec toutes les parties, même si elle condamne les agissements du Hamas.
En outre, plusieurs analystes considèrent que l’organisation est devenue une force politique majeure en Palestine. La classer comme terroriste pourrait donc finalement s’avérer contre-productif.
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Jeudi, une étude publiée par deux ONG accuse neuf banques internationales d’investir des milliards dans des entreprises contrôlées par la junte birmane. UBS et Credit Suisse figurent sur la liste.
Depuis la levée des embargos américain et européen en 2012, les investisseurs étrangers ont vu dans cette jeune démocratie (2015) une opportunité énorme de générer de l’argent. Certains l’ont fait de manière durable et sociale, d’autres ont été moins regardants et se sont associés avec l’armée.
Pour les ONG, ces investisseurs «se rendent complices des crimes de l’armée birmane», puisque les intérêts commerciaux de la junte lui permettent de se financer. Les deux banques suisses financeraient 18 entreprises ayant des liens commerciaux avec l’armée birmane. Pour UBS, le montant s’élèverait à 2’633 millions de dollars et pour Credit Suisse à 2’108 millions.
Mais les sanctions américaines pourraient bientôt obliger les deux établissements suisses à désinvestir. Washington a accordé à ses citoyens jusqu’au 22 juin pour mettre fin à leurs relations avec la junte birmane. Les banques suisses sont normalement tenues de respecter ces sanctions.
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En deux siècles et demi, l’horlogerie suisse a connu trois crises structurelles majeures. Elles avaient toutes en commun la menace d’une concurrence étrangère novatrice et compétitive.
La première remonte à 1870, lorsque les États-Unis mettent en place la production standardisée, ce qui leur permet de proposer des montres bon marché. La Suisse réagit et modernise sa production. Dès lors, la production de montres en série de milieu et bas de gamme côtoie les centres d’horlogerie de luxe.
La seconde crise date des années 1920. En cause, le chablonnage. Cette pratique consiste à vendre des mouvements de montres en pièces détachées et à les remonter ensuite à l’étranger pour réduire les coûts de main-d’œuvre et contourner les droits de douane. Pour y faire face, la Suisse soumet la production horlogère à des conventions protectionnistes.
Dernière crise, celle du quartz, dans les années 1975-1985. Selon Pierre-Yves Donzé, spécialiste de l’histoire horlogère, il s’agirait toutefois d’un mythe, même si la révolution du quartz a effectivement renforcé les effets de la crise. Le problème venait en fait du modèle dual montres de luxe d’un côté et production bas de gamme de l’autre.
Comment s’est faite la reconquête et comment l’horlogerie fait face à la crise sanitaire actuelle? Découvrez-le en lisant notre passionnant article:
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L’histoire du photographe bernois internationalement reconnu Micheal von Graffenried est singulière. Pendant quinze ans, il a documenté le quotidien d’une ville des États-Unis fondée par l’un de ces ancêtres.
«New Bern» est une petite bourgade de 35’000 habitants en Caroline du Nord. Ce qui la rend particulière, c’est qu’elle a été fondée en 1710 par un émigré suisse, le bernois Christoph von Graffenried. Plus de trois siècles plus tard, l’un de ses descendants a décidé d’y consacrer une œuvre photographique.
Pendant quinze ans, Michael von Graffenried a figé sur «pellicule» l’Amérique profonde, des banlieues pavillonnaires proprettes aux quartiers pauvres, avec leurs trafics. Il a mis en exergue la dichotomie qui existe toujours entre les Blancs et les Afro-Américains. Et celle-ci ne se résume pas à la couleur de peau, selon lui.
Le Bernois n’en est pas à son coup d’essai. Depuis de nombreuses années, il met un point d’honneur à documenter l’autre, et à se confronter ainsi à l’étranger, au différent. Sur le plateau du 19h30 de la RTS, il dit: «Quand on va chez les drogués, chez les nudistes, chez les Noirs, on a peur car on a un cliché dans la tête. Alors il faut affronter cela et en parler pour comprendre que la différence n’est pas si grave».
- Lire l’article de la RTS sur Michael von GraffenriedLien externe
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